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La file du Colisée

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

C’est toujours pénible d’aller se chercher de la bière lors d’un concert au Colisée. Au début avril, durant le spectacle du groupe Black Sabbath, j’ai encore perdu un temps fou dans une file digne des meilleurs moments de l’économie soviétique.

En tout, une bonne demi-heure pour acheter de la bière et, comme le concert durait deux heures, j’en ai manqué une bonne partie. Je conviens qu’il y a des choses pires que ça dans la vie. Reste que ça n’a aucun sens d’attendre aussi longtemps pour cotiser à une taxe volontaire, comme de la boisson lors d’un événement. Pour avoir voyagé un peu et avoir fréquenté d’autres amphithéâtres aux États-Unis et en Amérique du Sud, le service est particulièrement mauvais ici. Ça a pour effet d’en décourager plusieurs de dépenser leur argent. Il me semble que la Ville, qui cherche des revenus, y perd beaucoup. Pourquoi est-ce si difficile de bien servir ces gens qui sont prêts à payer cher pour une consommation?

Pour faire enquête ça me prenait des sources. J’ai donc parlé à un ex-employé d’Expocité qui blâme ses patrons. «Ils sont toujours réfractaires à nos idées. Ils sont soucieux de préserver leur image plutôt que d’accepter les suggestions et prennent des décisions déconnectées de la réalité», tempête-t-il. Il m’a cité en exemple un cas épique, où la direction avait fait appel à une trentaine de barmans pour un spectacle familial de patin artistique, alors qu’on en avait délégué quatre le lendemain pour un concert de heavy métal qui avait attiré 3000 personnes. Difficile de faire pire en effet.

La partie patronale rejette une partie du blâme, il ne faut pas s’en surprendre, sur les employés. «C’est difficile de gérer le personnel avec toutes les contraintes qui nous sont imposées, m’exposait une responsable d’ExpoCité. «Nos employés sont souvent des gens qui pratiquent ce travail sur une base occasionnelle, alors il est difficile d’obtenir le rendement que fournissent des employés comme ceux des bars d’étudiants», s’excusait-elle.

Mais il y a une lumière au bout du tunnel pour la population qui a soif lors des concerts. Roulement de tambour! ExpoCité s’apprêterait à autoriser les vendeurs itinérants et les kiosques de corridors lors des événements, d’après mes sources. Bravo!

«Le problème actuel n’est toutefois rien en comparaison avec ce qui s’en vient, me faisait remarquer mon employé anonyme. Bientôt Revenu Québec nous obligera à fournir une facture pour chaque vente de bière». Et vlan!

Ça en est tellement épeurant que je crois que la prochaine fois que j’irai au Colisée, j’amènerai mes propres canettes comme dans le bon vieux temps.

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