Je me répète, mais j’adore le Vieux-Québec. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je pars de chez moi et je monte à pied sur la rue Saint-Jean. Souvent, j’en profite pour m’acheter une revue ou un livre à la Librairie Pantoute, mais je n’ai pas forcément besoin d’une raison pour y aller. Ça m’apaise de m’y promener.
À défaut de pouvoir m’y payer une demeure et d’y vivre, parce que je n’en ai pas les moyens, je me l’approprie en y marchant. J’affectionne particulièrement le printemps et l’automne, parce qu’il y a moins de monde, mais j’aime bien aussi y aller en hiver ou en été, quand c’est plus vivant. J’aime la compagnie des vieilles pierres, mais au-delà de ça, en fait, il y a autre chose. Ce que j’aime, c’est qu’il s’agit pratiquement du seul coin de Québec où l’on entend parler l’anglais bien sûr, mais aussi parfois le portugais, l’espagnol, ou encore le mandarin; enfin je crois.
Dans une ville monolithique comme la nôtre, où tout le monde est blanc, parle français et s’habille chez Simons, je trouve que ça fait du bien de prendre un petit bain de culture étrangère. Évidemment, voyager procure le même effet, me diront certains, mais ça coûte aussi plus cher. Alors, chaque fois que j’y vais, je me dis que je suis chanceux de pouvoir y croiser des gens qui ont des têtes et des façons de penser différentes des miennes.
Plusieurs disent habiter Québec parce que c’est une belle ville, mais en réalité, ils n’y vont pas très souvent où c’est beau justement! Ils préfèrent passer leurs samedis à magasiner chez Costco ou Walmart et stationnent leur 4×4 sur les bancs de neige quand le parking déborde.
Ce qui fait notre distinction par rapport aux autres villes, c’est le Vieux-Québec et ce côté européen. Ce ne sont pas les «power center» de Lebourgneuf ou du boulevard de l’Aéroport. Ils ressemblent en tout point à ceux qu’on retrouve en Virginie ou dans le New Jersey. Entre une banlieue de Baltimore et le haut de Charlesbourg, à part la neige en hiver, il n’y a pas de grandes différences.
Quand je nous observe, contrairement à ce qu’on dit de nous-mêmes, je pense que la majorité d’entre nous est bien plus des Américains que des Européens. De l’Europe, hormis les vieilles pierres, nous n’avons conservé que les mauvais côtés, comme se payer un état tentaculaire. Pour le reste, nous sommes Américains. Nous aimons aller partout en voiture, nous voulons des parkings faciles et des routes plus larges, pour nous rendre n’importe où en moins de 20 minutes. Nous rageons quand le gaz augmente de 12 cents, mais faisons la file en silence pour acheter le dernier iPhone.
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