Zoé Zebra est cette actrice porno qui a accepté de coucher avec 25 gars dans la même soirée en échange d’une augmentation mammaire. Dès que les articles sont sortis, le net s’est rempli de réactions des défenseurs de la «dignité de la femme», accusant cette fille de se piler dessus, de ne pas se respecter, de scraper l’image de la femme, etc. Si on répond que cette fille a bien le droit de faire ce dont elle a envie, on nous répond qu’elle se laisse exploiter par une industrie dégueulasse (c’est vrai que l’industrie de la porno est dégueulasse, bien des ex-actrices porno devenues militantes nous ont parlé de la misogynie et des abus qui y règnent.)
La femme est ainsi brimée des deux côtés : les exploiteurs de la sexualité féminine d’un côté et, de l’autre, les protecteurs de sa vertu. Aucun des deux groupes ne se soucie de ce que Zoé Zebra a envie de faire de son libre arbitre. Les deux l’accusent avec pitié, si elle écoute l’autre groupe, d’être manipulée. Ça ne vous passerait pas par la tête qu’elle ait fait un choix éclairé? Encore une fois infantilisée, encore une fois jugée comme une mineure, la femme.
Moi, je rêve du jour où la femme pourra faire absolument ce qu’elle veut de son corps sans que ça ne fasse un pli sur la poche de personne. Les hommes font ce qu’ils veulent avec leur pénis depuis toujours. Personne n’écrit d’article pour dire qu’ils sont indignes de se faire des dizaines de femmes et de se gonfler des gros pecs laids juste pour en pogner plus dans les bars. On n’en fait pas un enjeu de moeurs, de société, de morale. Ça les regarde.
Zoé Zebra est peut-être une pauvre victime, mais nous n’en avons aucune maudite idée. Elle est peut-être juste une fille portée sur le sexe, plus game que les autres, qui a envie de sensations fortes. Ou elle se situe peut-être quelque part entre la fille qui veut vivre intensément et qui suit ses pulsions, et celle qui se fait manipuler. Comme nous toutes, finalement. Il faut la féliciter pour s’être écoutée. Quant à se faire manipuler, elle fera comme nous, elle apprendra. Ou elle se pétera la gueule solide et la société sera là pour elle – si elle la sonne.
Cessez de me dire qu’une fille qui use de son corps comme elle l’entend, aussi détraquée ou marginale soit-elle, se ridiculise, se méprise, est indigne, massacre l’image de la femme. On ne dit jamais d’un jeune cubain qui marie une grosse canadienne juste pour le passeport qu’il se méprise, qu’il massacre l’image de l’homme. Il ne se méprise pas, il cherche son chemin hors des difficultés, c’est un petit finfinaud. Pourquoi lui est un p’tit coquin alors qu’elle se dégrade?? Ça, c’est du sexisme. Ça, c’est du machisme. Et il n’est pas pratiqué que par des hommes.
Si vous n’aimez pas cette image de la femme qui est devenue le modèle des filles et que Zoé ne fait que reproduire comme un tas de filles, attaquez ceux qui répandent partout cette image pour faire du cash : les magazines, les téléréalités poches, la pub, etc. Pas les petites filles qui font des moves de danseuses nues devant un clip de Britney Spears. Non mais, avez-vous vu ce qui passe à la télé, ce qui passe partout? À quoi vous attendiez-vous?
Je peux proposer une réponse?
La question est mal posée. La question n’est pas si elle est digne ou pas de faire ce qu’elle veut avec son corps.
Le problème est ailleurs. Le problème est que tout ça carbure sur le désir sexuel des gars. Et vous savez, le désir sexuel des gars, c’est laid. Dégueu. Pas beau. Caca. Une grosse matante qui se paie un beau Cubain, eh bien elle profite de la vie. Un gros mononcle qui se paie une belle Cubaine, eh bien il mériterait de se faire lapider au prochain party de Noël.
Pensez à votre réaction : A. Roger avoue s’être tapé une Cubaine de 19 ans. B. Louise avoue s’être tapé un Cubain de 19 ans. La réaction envers Roger sera tellement, tellement plus viscérale… En d’autres termes, la matante, ici, est automatiquement dotée de qualités humaines qu’on refuse automatiquement au mononcle.
Il y a un mot dans le dictionnaire pour ça : sexisme. Mais le sexisme envers les hommes est aussi répandu que le racisme chez certains chroniqueurs de Fox News, qui sont tellement racistes qu’ils en sont devenus aveugle au racisme le plus évident. (Je ne dis pas que le sexisme envers les femmes n’existe pas, ni même qu’il serait moins grave. On discute entre adultes raisonnables, lintelligents et sains d’esprit, ok?)
Quand on dit que Zoé Zébra est exploitée, on dit aussi (surtout en fait je crois) que tous ses clients sont des exploiteurs. C’est ça qui choque : elle est complice du désir sexuel de l’homme, désir qui par définition est laid caca beurk.
Elle a le droit de faire se qu’elle veut de son corps, sauf quand elle est complice d’un crime grave. Quitte, au passage, à devoir l’infantiliser pour que ce raisonnement garde l’apparence d’un minimum de cohésion.