Québec — Pour Renaud Philippe, la photographie est avant tout un lien. Il s’emploie à créer ce contact un peu partout dans le monde depuis la fin de ses études en journalisme. Son métier lui permet de parler de l’humain dans ses joies, sa souffrance et son quotidien. Voici une idée du travail du photojournaliste de Québec.
Par Katia Lavoie
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce métier?
Le contact humain. La photographie est avant tout un lien, un contact à développer, une relation. Il y a aussi la possibilité d’être témoin de moments qu’autrement, sans appareil photo et volonté d’informer, ma présence ne serait pas justifiée.
Qu’est-ce que la photo vous permet d’exprimer?
Pour moi, la photographie est un acte humaniste. J’ai envie de parler de l’humain, dans ses joies, ses souffrances, dans son quotidien. Je suis sensible aux inégalités, à l’injustice.
Prenez-vous des photos d’autres évènements outre le Festival d’été?
Je m’occupe de Où tu vas quand tu dors en marchant…? et de la Coupe du monde de Snowboard. Mais ce qui m’habite, ce sont les projets personnels. Je travaille sur une série depuis trois ans avec une communauté de réfugiés bhoutanais, des camps au Népal jusqu’à leur intégration au Québec. Le projet qui tire à sa fin vivra sous la forme d’un livre sur lequel je travaille en ce moment. Plus près de nous, j’ai commencé un travail sur la réserve Cri et Inuit de Kuujjuarapik/Whapmagoostui. Je débuterai aussi en mai un nouveau projet autour de la thématique de l’errance, un travail introspectif qui me mènera à Tokyo et Bangkok dans les prochains mois.
Où avez-vous pris des photos dans le monde?
En Inde, au Népal, en Turquie, en Équateur, à Haïti, en Tunisie, au Kenya, au Vietnam, dans des Réserves au Canada : Attawapiskat, Kuujjuarapik / Whapmagoostui.
Quel lieu avez-vous préféré et pourquoi?
Ce n’est pas tant les lieux que le contact avec les gens, les histoires, rencontrées dans ces lieux. Mais je suis tombé en amour avec l’Inde et le Népal. Je suis revenu en octobre dernier de mon sixième aller-retour dans ces deux pays. Et c’est certain qu’il y en aura d’autres.
Dans quel contexte avez-vous trouvé le plus difficile de prendre des photos?
En Haïti, au lendemain du tremblement de terre, pour des raisons évidentes. Il y a également les bidonvilles de Calcutta, en Inde, car il s’agissait d’un premier contact avec la pauvreté extrême. J’ajouterais le camp de réfugiés de Dadaab au Kenya à la frontière somalienne, qui a été une prise de conscience de l’ampleur des inégalités sur la planète. Finalement, Attawapiskat, au nord de l’Ontario, a été une autre prise de conscience des conditions de vie dans les réserves, d’autant plus choquant que ce sont nos voisins, que l’Histoire est la cause de ces conditions de vie, de ce déracinement. Mais ces moments plus difficiles sont aussi ceux les plus marquants, humainement parlant. Les plus beaux exemples d’humanité dans des lieux des moments sombres.
Pour suivre les photoreportages de Renaud Philippe, consultez son site Web personnel et d’entreprise.
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