Vieux-Limoilou — Depuis un an, Lis-moi tout Limoilou a axé ses services sur la francisation des immigrants analphabètes. Si l’organisme dresse un bilan positif, il espère surtout que le gouvernement leur accordera du financement au même titre que ceux spécialisés en francisation.
Par Marie-Claude Boileau
Les services de francisation existent et sont bien en place. Mais pas pour les immigrants analphabètes. «C’est un gros défi d’apprendre une nouvelle langue surtout que la majorité n’est jamais allée à l’école. Pour 2014-2015, on a choisi de se consacrer aux personnes immigrantes analphabètes, explique NICOLE LANDRY, fondatrice et coordonnatrice de Lis-moi tout Limoilou. Parce qu’il y a un besoin et parce que le gouvernement ne fait pas la distinction avec les autres», ajoute-t-elle.
Tout au long de l’année, Boutanais, Birmanais et Sénégalais ont suivi des cours dans les locaux situés sur la 12e Rue. «Ceux-ci sont référés par le Centre multiethnique et les intervenants du CSSS. Ils commencent à zéro. Ils ne connaissent pas les chiffres, ni la valeur des nombres. Ces gens ne peuvent pas aller à la caisse pour ouvrir un compte bancaire», illustre Mme Landry.
L’organisme propose donc une approche multifonctionnelle, c’est-à-dire qu’on leur apprend les rudiments de la vie quotidienne. Les élèves de Lis-moi tout Limoilou se sont dits heureux de pouvoir aller au magasin, à l’épicerie et chez le médecin seuls maintenant qu’ils connaissent des mots en français.
Hommage à Rosa Luxembourg
Pour les aider dans leur apprentissage, l’organisme en alphabétisation a mis sur pied un atelier de création artistique. «Les arts deviennent ainsi une langue commune. Ça leur permet de se retrouver ensemble, d’améliorer l’apprentissage de notions connexes et d’augmenter la confiance en soi», explique GUILLAUME DEMERS, formateur. «Tous les adultes ont vécu un deuil de quitter leur pays. Ils ont un passé à raconter, mais ils éprouvent de la difficulté à l’exprimer», ajoute la formatrice SUZANNE LAROCHE. Les immigrants ont reproduit l’Hommage à Rosa Luxemburg de Jean-Paul Riopelle. Comme les oiseaux migrateurs, ils se sont déplacés pour émigrer dans un nouveau pays. Par ailleurs, le groupe a accès à des lots du jardin communautaire Sacré-Cœur. Certains adultes les plus difficiles sont devenus des leaders du projet.
Financement
Mme Landry demande au gouvernement d’accepter de les financer afin qu’ils puissent poursuivre la formation. Elle croit qu’ils ont les mêmes droits et que cette façon de faire permet de mieux les intégrer à la société québécoise. À travers les autres, les immigrants analphabètes se perdent. Selon la présidente du conseil d’administration, le ministre veut utiliser ses formateurs ce qu’a refusé l’organisme qui désire garder ses formateurs du milieu.
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