J’écoute les gens autour de moi et je perçois un fossé qui grandit entre ceux qui vivent au centre-ville et ceux qui choisissent la banlieue. La ville se polarise entre deux visions de la vie. D’un côté, la banlieue qui s’étend à qui mieux et qui veut continuer à le faire et de l’autre, la ville centre qui a besoin de repères pour renaître. Tout le monde tire la couverture de son bord et au milieu, prise entre ces deux solitudes, une administration qui doit faire fonctionner tout ça.
Oh! Il y a plusieurs points de divergences, mais dans mes conversations avec les gens qui vivent en ville, la plupart s’entendent sur la nécessité d’un système de transport en commun plus performant et l’on semble prêt à faire des sacrifices pour que ça se fasse.
Dans les discussions que j’ai avec mes amis qui habitent la banlieue, personne ne rejette le transport en commun, mais on ne s’en sert pas et on ne veut pas trop qu’il nuise dans leurs nombreux déplacements en voiture. Si je résume un paquet d’autres positions, disons que les gens de la ville veulent que leurs rues soient plaisantes pour eux et leurs enfants alors que ceux de la banlieue veulent pouvoir y passer vite et sans entraves pour se rendre du point A au point B. Les gens de la banlieue veulent aussi que LEURS rues soient tranquilles et ils ne veulent pas de trafic non plus près de chez eux… Alors, on n’en sort pas et le bonheur des uns portera éternellement ombrage à celui des autres.
Québec est une ville profondément conservatrice et on constate que, à contre-courant de toutes les tendances mondiales, qui condamnent la banlieue, à plus ou moins brèves échéances, la nôtre est loin d’agoniser. En fait, quand on s’y promène, on constate qu’elle est plutôt vivante, cette banlieue. Peut-être à terme, est-elle condamnée à muter en petits centres-ville, mais ce n’est pas clair, quand on voit pousser d’énormes bâtisses carrées en tôle gaufrée, comme cette cathédrale du bon goût que sera notre nouveau IKEA.
Le maire Labeaume est un peu mal pris avec ça. Il est conscient des deux réalités et il hésite à prendre parti pour une. Il n’est pas stupide et, manifestement, il est au courant des tendances urbaines mondiales. Alors il gagne du temps, car il veut être réélu et ne pas perdre trop de conseillers, pour affecter sa majorité et faire avancer ses projets. Il navigue donc entre les deux et ça donne de drôle de positions comme ce projet de SRB mort-vivant, qui risque de changer de nom, sitôt les élections gagnées. Le nouveau parti Québec 21 l’attend au détour avec ses phrases faciles et sa coupe à blanc sur la rue Maguire pour avoir plus de stationnements. La prochaine élection sera à coup sûr intéressante et la partie risque d’être corsée, mais à terme on risque de voir s’agrandir le clivage entre la ville et la banlieue.
Commentez sur "Un maire et son péché"