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Quoi qu’on dise : Les écureuils

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Ça fait un moment que ça me fatigue, mais je croise dorénavant plus d’écureuils que de chats dans mon quartier. Je vois surtout des écureuils noirs et ceux-ci m’apparaissent de plus en plus gros. Ils ne craignent pas de côtoyer les humains et s’accommodent plutôt bien de nos rebuts. Ils sont aussi nourris par des voisins qui les gavent d’arachides dont je retrouve les écailles sur le côté de ma maison.

Considérés comme indésirables par le site Internet de la Ville, les écureuils peuvent s’introduire jusque dans les greniers et causer des dommages importants aux maisons. En soi, bien qu’esthétiquement plus favorisés par la nature que les rats, les écureuils n’en sont pas moins des rongeurs qui parasitent nos quartiers et qui se multiplient exponentiellement.

Je ne suis pas un spécialiste de la faune, mais ils me semblent même en voie de supplanter les écureuils gris que je vois de moins en moins. Les rats sont sales et pullulent dans nos égouts, mais au moins, ils sont discrets. Les écureuils sont envahissants et ils sont aidés dans leur progression par ce que j’appellerai ici : un mouvement de sympathie profonde de toutes les formes de présence de la nature en ville. Cette espèce de mouvance culpabilisante qui nous conduit parfois à des situations insensées, comme lorsqu’on voit 168 voitures bloquées sur le boulevard des Capucins à l’heure de pointe, pour laisser passer un porc-épic qui n’a pas d’affaire là…

À l’école secondaire, on nous apprenait en biologie que les rats étaient parmi les seules espèces qui pourraient survivre à une attaque nucléaire parce qu’ils se reproduisent assez rapidement. Maintenant, peut-être devrait-on ajouter l’écureuil à cette courte liste de survivants potentiels postapocalypse.

Mon père me racontait que dans les années 40, lorsqu’il vivait dans un Montréal insalubre et surpeuplé, il lui arrivait souvent de croiser des rats qui étaient plus gros que des chats et que souvent les matous mourraient des suites de furieux combats avec ces mêmes rats.

À voir la grosseur des écureuils noirs que je côtoie en ville, j’ai presque peur et je me demande où cela va s’arrêter. En viendra-t-on à en croiser qui auront la taille de ratons laveurs? Est-on à la veille d’un renversement du balancier de l’évolution en faveur des écureuils noirs?

Film d’horreur

Tiens! Ça me donne une idée. Pour sensibiliser la population au problème, je me mets à la rédaction d’un scénario de film d’horreur dans lequel des résidents Limoilou seraient envahis, puis dévorés par des écureuils noirs et sanguinaires devenus aussi gros que des ours. Sur l’affiche, on verrait du sang sur la statue du loup en métal avec une queue touffue et des griffes en arrière-plan. Bien sûr, les habitants seraient secourus à la fin par l’apparition soudaine d’un système de transport structurant qui les amènerait vivre en Haute-Ville là où l’air et les gens sont frais.

En attendant que Téléfilm Canada me subventionne pour ce succès assuré, les écureuils devraient peut-être remplacer les chats et le loup comme symbole de Limoilou, car ils sont maintenant plus nombreux.

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