Québec — Depuis le début de l’année, Accès transports viables fait la promotion pour transformer l’autoroute Laurentienne en un boulevard urbain. Cette modification qui s’échelonnerait entre Soumande et Prince-Édouard améliorerait la qualité de vie du secteur en plus de potentiellement ajouter 6000 logements.
Par Marie-Claude Boileau
À l’automne dernier, la Ville de Québec a montré une ouverture pour le projet après certaines hésitations. Avec le nouveau réseau structurant, ÉTIENNE GRANDMONT, directeur général d’Accès transports viables (ATV), croit que les circonstances sont favorables. D’ailleurs, il a effectué une tournée dans les conseils de quartier limitrophes pour parler du projet. «On veut que les gens réfléchissent à ce qu’ils aimeraient avoir dans ce secteur afin que lorsque les consultations de la Ville vont se déployer, il y ait déjà une réflexion d’amorcée. Aussi, puisque les élections provinciales approchent, on veut que les candidats sentent un appétit des citoyens pour une requalification complète», fait-il savoir.
Enjeux
Plusieurs raisons poussent l’organisme à militer pour sa transformation. D’abord, il y a un enjeu de santé. Les autoroutes sont le principal générateur de polluants atmosphériques. Une étude de la santé publique, publiée en 2003, révélait que la pollution par le transport causait annuellement 325 décès. Elles génèrent également du bruit qui peut causer des problèmes de concentration, de fatigue et de santé mentale.
Opter pour un boulevard urbain améliorerait la mobilité. M. Grandmont fait remarquer que les autoroutes coupent les quartiers entre eux. «C’est au sud de Soumande où l’on retrouve les plus fortes proportions de ceux qui utilisent la marche et le vélo. Si l’on veut continuer à améliorer leur part modale, il faut enlever ces barrières-là», indique-t-il en ajoutant que la Ville fait bien son travail avec des passerelles cyclopiétonnes.
Enfin, il y a des raisons d’aménagement du territoire et de financement public. M. Grandmont explique qu’il est plus avantageux de développer des projets près des services que de dézoner par exemple les terres des Sœurs de la Charité. «Plus il y a de monde desservi par une ligne d’aqueduc, d’égout, d’un service de collecte de matière résiduelle, de déneigement, etc. en pied linéaire, moins ça coûte cher sur le long terme parce que tu as plus de contribuables pour payer un kilomètre en infrastructure», mentionne-t-il. Le projet du Groupe Dallaire sur le site des Sœurs de Charité totalise 6500 unités. Selon des calculs d’étudiants en aménagement du territoire de l’Université Laval, le réaménagement de Laurentienne en boulevard urbain permettrait d’accueillir 6000 unités.
Plus de trafic?
Un boulevard urbain créera-t-il davantage de trafic? Pas du tout, selon le directeur général d’ATV. «Le maximum de circulation qu’on peut obtenir en termes de débit, c’est lorsque les voitures roulent à 50-60 km/h, et non à 100 km/h, et ce, à cause de la distance entre les autos», souligne-t-il. D’ailleurs, le ministère des Transports utilise des panneaux à vitesse variable pour cette raison sur Robert-Bourassa. Il abaisse la vitesse aux heures de pointe pour augmenter la quantité de voitures.
En réfléchissant à l’avance au projet, M. Grandmont souhaite éviter un développement comme celui de Robert-Bourassa qui est selon lui un très mauvais exemple d’un boulevard urbain. Les immeubles sont éloignés des rues, les secteurs entrecoupés, le vélo et la marche sont peu favorisés et au final, c’est l’auto qui règne. Le directeur général d’ATV croit plutôt qu’on devrait permettre une certaine hauteur principalement près des axes de transport en commun, mais diminuer le minimum de stationnement et offrir la flexibilité grâce à des initiatives comme Communauto. M. Grandmont reste optimiste, mais sait que c’est un travail de longue haleine.
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