Depuis longtemps, je fréquente le magasin La Vie Sportive de la rue Bouvier. J’ai toujours aimé ce magasin local plus grand que nature. Son offre et sa mise en marché me plaisaient, car je suis amateur de ski, de vélo et parfois même de sports nautiques. Je m’y suis procuré des dizaines d’articles au fil des années et j’adorais m’y promener.
L’an dernier, coup de théâtre, le commerce passait à l’ouest et il était vendu au détaillant la Cordée de Montréal.
Pour avoir souvent visité cette chaîne, j’étais perplexe. En tant que skieur, je dois dire que La Cordée n’a jamais été reconnue pour sa spécialité dans ce domaine, mais donnons la chance au coureur, me suis-je dit. Les dirigeants de La Cordée ont voulu rassurer tout le monde, en soutenant que cette transaction représenterait une bonne chose pour les consommateurs, mais je me doutais bien de ce qui s’en venait…
La Vie Sportive maintenait tout un rayon d’articles de ski à longueur d’année, pour les malades comme moi, qui trouvent le moyen de s’acheter des tuques en juillet. Signe des temps, cet été, mon rayon de ski perpétuel est disparu pour la première fois depuis bien longtemps. Les gens du magasin ont tenté de rassurer mon angoisse de ne pas retrouver mon rayon préféré en me disant qu’il reviendrait en automne dans une formule améliorée. Effectivement, le département de ski est réapparu. Il s’agit d’une pâle copie de ce qu’il était jadis. En fait, on nous a présenté une version -2.0. La variété des produits disponibles a été charcutée au profit des plus gros vendeurs uniquement. Je parle ici du département de ski, mais ça vaut pour tous les départements. Il y a là une implacable logique commerciale, me direz-vous. Les nouveaux propriétaires ont évidemment le droit de réorganiser le magasin à leur goût pour le rendre plus profitable. Tout ce que je vois à date me confirme cependant la standardisation de celui-ci et la perte de son identité locale.
Habituellement, quand une «business» locale est vendue à une chaîne, s’ensuivent des changements. Plusieurs employés de longue date en profitent pour partir. Désireux de mettre son pied-à-terre, le nouveau propriétaire déplace les rayons. Les marques disponibles changent. C’est présentement ce qui se passe avec La Vie Sportive. Par contre, à trop bousculer des clients fidèles qui vous fréquentent depuis longtemps, vous risquez de les faire partir. Après cinq visites, je dois le dire : je n’aime plus la Vie Sportive.
Outre mon réflexe de skieur déçu, je suis toujours triste, quand des commerces locaux comme celui-là passent à des intérêts étrangers. Bien sûr, la Cordée est un détaillant de chez nous, mais ses réflexes sont les mêmes que ceux de n’importe quelle grande chaîne et ils ont les mêmes pratiques.
Je sais que le commerce au détail n’est pas facile et qu’Internet lui complique la vie. Je sais que la région possède encore d’autres commerces locaux forts, comme Latulippe, mais ils ne vendent pas de skis, malheureusement pour moi. Je vais donc continuer à les encourager en espérant que leurs propriétaires ne décident pas de passer à l’ouest.
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