Faut-il choisir un arbre au détriment d’un stationnement? En fait, quand on prend la question, même sous l’angle préféré de ceux qui, souvent, se positionnent en faveur de l’asphalte et du stationnement, à savoir l’économie, la réponse vaut le détour.
…à pieds, bien sûr.
L’arbre n’est pas un obstacle, mais un allié très précieux des villes. Ses vertus se comptent par dizaines. Notamment : amélioration de la qualité de l’air, captation du carbone qui contribue à l’effet de serre, protection contre la chaleur, réduction du ruissellement des eaux pluviales et de l’érosion du sol.
Sur le plan économique, l’arbre a pour bienfaits (notamment) : augmentation de la valeur foncière des résidences et commerces (donc des revenus fonciers), attraction de touristes et nouveaux résidents, augmentation du taux d’occupation des appartements et bureaux et augmentation de la fréquentation des commerces.
Rien que ça.
En plus, lorsqu’on le trouve dans un parc ou un espace vert accessible aux citoyens, il a d’importantes vertus sociales : il améliore la santé des populations, réduit le stress, la consommation de médicaments, les problèmes d’obésité et de diabète, en plus de favoriser les interactions sociales, la pratique d’activités et l’accroissement du sentiment d’appartenance à la communauté.
Bienfaits environnementaux, esthétiques, économiques, sociaux et psychologiques, à peu près tout ce qu’on vient d’énumérer a un coût économique bien réel. Autrement dit : on économise énormément en favorisant la présence des arbres. Et c’est très payant, collectivement.
Quelques chiffres (pas trop) : les travaux du chercheur François Des Rosiers et son équipe ont démontré que la présence d’arbres matures dans un quartier est l’un des facteurs qui font gonfler le prix de la maison jusqu’à 7 %. Des chercheurs ont démontré qu’en augmentant le taux de végétalisation de 30 % de l’espace, ce qui équivaut à environ trois arbres par bâtiment, on dégage des économies globales en énergie de 10 % l’hiver en diminution du chauffage et de 35 % l’été par la réduction du recours à la climatisation. Et puis, la visite d’un espace vert pendant 30 minutes par semaine peut réduire de 7 % la prévalence de la dépression dans la population, ce qui permettrait d’économiser 2,3 milliards $ annuellement au Canada.
Pour l’urbaniste, l’arbre améliore l’aspect esthétique — donc l’attrait d’un secteur — de même que le confort et la qualité de vie des citoyens. Et puis, les aménagements incluant des arbres en bordure créent un effet de corridor dans une rue qui incite l’automobiliste à ralentir. Ainsi, à sa façon, l’arbre améliore même la sécurité routière!
Bref, en ces temps où l’on déploie un réseau structurant de transport en commun, où on prend conscience des changements climatiques, on peut aménager des stationnements pour déployer des navettes incluses dans la stratégie de transport collectif. Mais, de l’asphalte pour faire plaisir à quelques «chars»? Ce n’est même pas payant ni brillant.
«Auprès de mon arbre, je vivais heureux», chantait Brassens. Et il avait bien raison.
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