Assister au lancement de «The Beauty We’ve Found» en octobre dernier au Bar Le Détour du Grand Théâtre m’a profondément émue. Je me souviens encore de la dizaine de jeunes enfants assis au pied de la scène et qui écoutaient Pascale Picard avec attention. L’endroit était bondé et les gens présents accueillaient les nouvelles créations avec amour et recueillement. Cordes soyeuses, piano délicat, voix envoûtante, tout concordait pour installer ce qu’on peut qualifier de moment parfait. De «Waltzing Disappointments» jusqu’à «Whole» qui clôt l’album, nous sommes conviés à une traversée entre deux pôles magnifiques : la mélancolie et la douceur.
Par Susy Turcotte
Une pièce comme «La tempête» deviendra sûrement une chanson phare dans ton répertoire.
Pascale Picard : J’ai dédié cette chanson à ma belle-mère, Sylvie, emportée par un cancer fulgurant. Je désirais exprimer la colère, la rage vécue face à un décès inattendu, la révolte qui nous habite face à l’injustice de la situation. «J’en veux pas des années qu’il me reste/À quoi bon si c’est sans toi?» a surgi comme phrase squelette de la chanson puis tout s’est enchaîné. On attend que la tempête passe, on sait que le temps va adoucir la peine, mais quand on est submergé, dans n’importe quel deuil, cette issue semble insurmontable. Sur les démos, je pleurais en chantant.
Tu as porté longtemps «In Town» avant de lui trouver ses habits.
P.P. : J’aime écrire des histoires. Celle-là est un peu cinématographique. Elle réfère à des difficultés de couple qu’un proche vivait lorsque nous étions en tournée il y a dix ans. Le débit de la chanson est symbolique de la vitesse à laquelle nos vies roulaient et l’effervescence dans laquelle on baignait.
«THERE’S A LIFE BEYOND THIS ONE» est écrit en lettres capitales dans la chanson «Witch Hunt».
P.P. : Cette phrase résonne à plusieurs niveaux. Pour moi, la vie est une période. Oui, il y a une vie après la mort probablement. Je pense aussi qu’on vit plusieurs vies dans une vie. Après une période éprouvante, il y a toujours autre chose qui nous attend.
Antoine Gratton, en plus de signer la réalisation, est aussi le magicien qui a créé les arrangements de cordes d’une grande délicatesse.
P.P. : Je suis tellement chanceuse de travailler avec des êtres exceptionnels. Antoine parvient à un mélange parfait de virtuosité et d’émotion avec aisance. Il est super connecté avec la musique. J’exagère à peine en disant qu’il écrit une partition de violon en trois secondes sur le coin d’une table.
Je me suis rappelé que le prénom Pascale Picard vient de l’hébreu (pessakh) qui signifie «passage». La nouvelle maman est visiblement dans un passage heureux de son existence qui la fait irradier. Et toute cette beauté trouvée, elle l’offrira sur scène le 12 avril au Grand Théâtre de Québec, en formation trio, alors qu’elle sera accompagnée de deux multi-instrumentistes, Marie-Pierre Bellefeuille et Marie-Pierre Gagné.
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