Voilà qui fait un bien fou. Une émission de radio consacrée « aux communautés noires d’ici et d’ailleurs », lit-on à propos de Dignité Noire, diffusée sur les ondes de CKIA. Ce n’est pas la seule émission du genre dans l’histoire de la radio de Québec, mais c’est une des rares, pour sûr.
Un bien fou qui me rappelle ces efforts modestes que nous faisions, à Vox à l’époque de Voix publique, il y a plus de 10 ans, pour parler d’un « nous » inclusif, large, multiple. J’évoquais alors l’ignorance qui existait entre Québécois aux origines diverses, idem pour les Premières Nations qui, pourtant, occupent un territoire connu et défini en plein cœur de Québec. On se connaît malgré tout si peu. Pourquoi? C’est tout bête. Et ça n’a pas beaucoup changé. Un peu, oui. Peut-être. Mais, pas beaucoup. Sinon, pourquoi faire une émission de radio du genre?
Ainsi, Mbaï-Hadji Mbaïrewaye et sa bande occupent, quant à eux, les ondes pour parler, diffuser, expliquer, démystifier. Bravo. Et cela force la réflexion, nous pousse dans nos retranchements. Qu’en est-il de moi?
Certains ne feront qu’y conforter leurs opinions, d’autres réaliseront la nécessité de changer, d’agir, d’évoluer. Pour certains, ce sera comme mordre dans un citron. On grimace un peu, puis on fait semblant de rien. Parce que tout va bien, non?
Sur la planète déni, sans doute. Sur la planète réelle, moins. Il y a pire, bien sûr. Mais, le racisme existe néanmoins, quoi qu’on en dise. À intensité variable. Quand on demande à une personne à la peau noire « d’où viens-tu? » et qu’elle répond « de Québec »… on réalise qu’il y a encore du chemin à faire.
L’idée n’est pas de créer des remous ou d’accuser, mais simplement de se permettre de penser notre société, en ces temps où tout va trop vite, où on favorise le « manger mou intellectuel ». Ici, on est invité à réfléchir, à penser le monde, à se regarder dans le miroir. À dialoguer.
« Ne pas être raciste, ce n’est pas assez », a dit la chroniqueuse Emma Desmeules Mikasi. Il faut aussi le dire, agir, donner l’exemple. Le prouver. Pas dans l’optique de culpabilisation sociale, mais de bottines qui suivent les babines, comme on dit.
Les deux pieds sur le sofa, c’est plus confortable. On peut encore se dire : « moi, ça ne me concerne pas ». Pendant ce temps, le monde change et la réalité nous rattrape.
« On ne peut plus rien dire! » lanceront certains. Non, on ne peut plus dire n’importe quoi. Réfléchir avant de parler, c’est un exercice sain que l’ère de la réaction instantanée du web et des réseaux sociaux n’encourage pas tellement. Certes.
Or, l’humain retrouve, me semble-t-il, toute sa dignité lorsqu’il fait pour le mieux, lorsqu’il pense avant d’agir, lorsqu’il se préoccupe de son prochain. Une dignité noire ou blanche, quelle qu’elle soit.
Et c’est bon pour Québec. Bon pour n’importe où.
Commentez sur "Dignité noire et blanche"