Limoilou — Il a de fortes chances que vous voyez Marie-Renée Lavoie un peu partout au cours des prochaines. Le dernier roman de l’auteure, Les chars meurent aussi, a été choisi pour le projet Une ville, un livre. Elle sera l’invitée d’honneur du Salon du livre de Québec qui se tient du 10 au 14 avril. Pourtant l’écriture est un passe-temps pour la Limouloise qui est professeure au Cépep Garneau.
Par Marie-Claude Boileau
Qu’est-ce que ça vous a fait d’être choisi pour le projet Une ville, Un livre?
Marie-Renée Lavoie : C’est extrêmement flatteur. Évidemment, c’est la première édition. C’est nouveau que la Ville soit une ville de littérature. Ce qui me fait aussi plaisir, c’est le côté accessible, d’être lu par beaucoup de monde, par différents lecteurs.
Quel est le point de départ de l’histoire de Les chars meurent aussi?
À la base, c’était très différent comme projet. J’ai travaillé avec Josée Bonneville, mon éditrice chez XYZ. Il y avait cette idée d’élévation sociale, d’exploration où le personnage se promenait avec des voitures. On changeait souvent d’auto. Son détachement de la basse-ville se faisait au fur et à mesure qu’elle s’achetait des autos. Il y avait tout un système bien compliqué. Je me suis un peu perdue. Mon éditrice m’a dit que ce qu’il y avait de meilleur était quand on était en basse-ville, avec mes personnages. On ne peut jamais sortir la fille de Limoilou tout à fait. Je suis repartie de là pour construire quelque chose avec le même propos, mais qui se perdait moins. Les chars sont restés là, mais en arrière-fond.
Est-ce qu’il y a des éléments un peu autobiographiques dans le récit?
Il y a des référents. Tous mes livres se passent à Limoilou. Oui, j’ai travaillé dans des restaurants, j’ai eu une Poney 1984 qui était rouille aussi. Pour la petite Cindy, par exemple, j’ai déjà vu mille fois des petites filles qui se promènent avec des souliers à talons pas de bas en plein hiver et l’on se demande d’où elles sortent et où elles vont. Souvent, les personnages sont des amalgames de ce que l’on connaît. Ce n’est pas moi, mais il y a une part de moi. C’est très ancré dans un milieu que je connais.
Qu’est-ce qui vous a donné le goût d’écrire?
Je ne sais pas d’où ça part. Très jeune, j’avais un lien très physique avec les livres et les crayons. L’œuf ou la poule. Est-ce parce que j’avais envie d’écrire? Quand je n’avais pas de cahier, je prenais des feuilles, je les découpais, puis faisais du reliage. J’avais physiquement besoin de l’objet livre. J’écrivais des signes, mais pour moi, c’était des histoires. Le goût de conter vient de là, puis le support physique est venu à l’école.
À quoi aspiriez-vous lorsque vous étiez adolescente?
Je voulais faire mille affaires. J’étais très artistique. Écrire a toujours été un projet, mais j’avais dans l’idée qu’on ne pouvait pas vivre de ça. Quand je suis arrivé au Cégep, j’ai fait mes sciences pures pour être certaine de pouvoir faire mille affaires. À ma sortie, j’ai fait une demande en médecine vétérinaire, en technique policière… j’ai été acceptée partout. Je suis finalement entrée en chimie à l’Université Laval. J’ai fait un petit bout, mais les lettres m’ont rattrapé.
Vous enseignez depuis 10 ans. Qu’est-ce que vous aimez de votre travail?
C’est espèce de pouvoir d’éveil. Je suis très passionnée. J’essaie de prendre des livres et d’essayer de les faire découvrir. On ne veut pas en faire des littérateurs, mais des lecteurs. Quand tu en as qui n’aime pas lire, c’est les plus satisfaisants à aller chercher. On est des catalyseurs. Si ce n’était pas de la correction, ça serait la plus belle job du monde. (rires)
Travaillez-vous sur votre prochain livre?
Je me fais toujours un devoir d’avoir quelque chose sur les planches. J’ai écrit une suite à Autopsie d’une femme plate que j’ai remise à mon éditrice Myriam. C’est difficile à gérer, car ce n’est pas toujours dithyrambique. Je suis très sensible à la critique, ça m’atteint beaucoup. Il faut que j’aie un projet sur les rails solides dans lequel je crois. Depuis les dernières années, j’alterne entre le jeunesse et l’adulte. C’est le fun, car d’un côté, tu es dans la réalité, t’es contraint de respecter les ressemblances alors qu’avec le jeunesse, tu peux faire un livre sur un chat qui parle, qui ne grandit pas, qui mange des vers de terre, bref tu peux décider de l’univers, car il n’y a pas de règle. C’est très libérateur.
Dans le cadre du projet Une ville, Un livre, Marie-Renée Lavoie participera à des clubs de lecture dans les bibliothèques. Elle sera présente à Monique-Corriveau le 25 mars à 13h30, Romain-Langlois le 25 mars à 19h, Étienne-Parent le 26 mars à 13h30, à Paul-Aimé-Paiement le 27 mars à 18h, à la Maison de la littérature le 27 mars à 19h, à Saint-André le 28 mars à 19h et Gabrielle-Roy le 29 mars à 18h30. Un long entretien aura également lieu le 31 mars à 14h à la Maison de la littérature.
Pour connaître tous les livres de Marie-Renée Lavoie, consultez le site Web de son éditeur.
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