Je suis automobiliste, cycliste et piéton, tout ça à la fois. Je me situe à la croisée de tous les carrefours (jeu de mot ici). Je suis également plein de contradictions. J’aime les transports actifs, mais je suis également paresseux. Par exemple, quand je roule en vélo, je confesse que je fais très mal mes arrêts obligatoires. J’agis ainsi pour conserver mon inertie et m’épargner l’effort de pédaler plus fort en redémarrant. Il s’agit d’une petite paresse bien sûr, mais c’en est quand même. Plusieurs de ceux qui circulent à vélo font comme moi. Nous sommes donc collectivement tous paresseux et ma foi, très nombreux.
Mon péché de paresse est encore plus important, car je ne roule pas tout le temps à deux roues. Lorsque je suis en voiture, il est fréquent que je peste contre ces cyclistes qui arrivent après moi sur les coins de rue. Je m’enrage quand je les vois, comme moi, passer outre un arrêt obligatoire. Il s’agit pourtant de mon propre comportement lorsque je circule sur un vélo, mais ça me choque quand même. Ce qui est, entendons-nous, plutôt contradictoire.
Lorsqu’un cycliste fait cela, il ne respecte pas le Code de la route. Il ne respecte pas la priorité d’arrivée à une intersection ce qui constitue un principe de courtoisie élémentaire en matière de circulation. Ça doit être une des premières choses que j’ai apprises dans mon cours de conduite quand j’avais 16 ans à Loretteville.
En auto, le comportement des cyclistes me choque et quand je circule en vélo, je rage contre les automobilistes qui ne me laissent pas passer. Alors finalement, je suis tout le temps pas content. Je ne m’en sors pas.
Pourtant, je ne suis qu’une seule et même personne. Selon le point de vue où je me situe, la perception que j’ai de cette même situation change. Elle est même diamétralement opposée.
Le mieux que je peux faire demeure d’être gentil. Dans la vie comme dans la rue, quand quelqu’un est courtois avec moi, j’ai le réflexe de vouloir l’être avec lui. Je suis souvent tenté de ne pas laisser passer les cyclistes qui s’imposent sur un coin de rue, quand je suis dans ma voiture. Mieux vaut toutefois me retenir de le faire et vivre ma dissonance. Après tout, le seul moment où je suis vraiment en paix dans la circulation, c’est quand je marche. Je devrais peut-être le faire encore plus finalement.
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