On a vu passer les appels à l’unification de la gauche avec, pour l’instant, des résultats bien modestes. Il faut dire que le contexte y est pour beaucoup : ça ne sent pas encore le pouvoir et on ne sait pas ce que fera Labeaume…
Car, s’il reste, ce sera sans doute pour mettre le projet du réseau structurant sur les rails, craignant qu’en son absence, un leadership hésitant ou inexpérimenté ne conduise le projet dans le mur. Tandis que s’il part, on aura droit à une course comptant d’innombrables candidatures engagées dans un long et imprévisible périple.
Et la gauche, dans tout ça?
L’heure est venue pour les progressistes de se demander ce qu’ils veulent : l’opposition ou le pouvoir?
Si c’est le pouvoir, il faut alors changer quelques habitudes et commencer (pour vrai) à travailler ensemble. Cela veut dire : cesser les querelles et les divisions improductives pour bâtir à partir de ce qui unit les gens au lieu de ce qui les distingue (d’ailleurs, fort subtilement, bien souvent).
Oui, le concours de celui qui est le plus ou moins à gauche ne mènera nulle part, sauf à l’échec électoral complet. Dans ces occasions, système électoral oblige, c’est souvent un laissez-passer pour une candidature plus à droite, la division du vote servant alors les intérêts de celle-ci.
Or, pour gouverner, il faut entrer dans son vocabulaire quotidien le mot : compromis.
Pas sur les grandes valeurs et principes. Mais, c’est un mot qui peut être constructif et qui sert bien les intérêts de la démocratie. Le compromis, c’est l’ouverture à revoir l’ordre des priorités, le classement de ce qui est urgent, important, puis non urgent, moins important. C’est s’ouvrir à l’autre, accepter les points de vue divergents pour alimenter la réflexion et nous pousser, tous, collectivement, à opter pour les meilleures solutions, les meilleures idées.
Surtout que gouverner Québec n’est plus tant une question de droite ou de gauche, mais l’occasion de mesurer l’importance des choix qui seront faits. Il n’est plus possible de miser uniquement sur l’automobile. L’heure est au changement d’habitudes. Ce qu’il faut, c’est de la communication, du dialogue, pour accompagner les gens dans le changement. Le plus important chantier depuis des décennies est à nos portes : celui du réseau structurant, qu’il faudra mener à terme, dans les meilleures conditions possible, pour le bien du plus grand nombre. C’est un défi extrêmement emballant et stimulant.
Il n’est plus possible de densifier sans réfléchir : l’heure est à la densification intelligente, cohérente, consciente de l’ensemble de l’œuvre, y compris du vieillissement de la population. Il n’est plus possible de négliger l’environnement. Il en va de notre survie comme espèce et aucune économie ne peut se permettre le luxe de produire sans réfléchir. Cette époque est révolue.
Le moment est venu de prendre les bonnes décisions pour notre avenir à tous. À commencer par éviter la division des progressistes qui fait passer ceux qui conçoivent l’avenir de Québec comme si nous étions en 1953…
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