Tranquillement, Québec ajoute des rues piétonnes à son menu estival : l’avenue Cartier, la rue Saint-Jean, les rues Saint-Joseph et Saint-Vallier Ouest. On parle aussi de terrasses commerciales plus larges, pour faciliter la distanciation sociale, oui, mais aussi parce que c’est un moyen d’utiliser à plein le potentiel de nos rues.
Je ne crois pas que l’on puisse parler d’opposition entre piétons et automobilistes, vous savez pourquoi? Parce que ce sont les mêmes. Un automobiliste est un piéton dès qu’il descend de son véhicule et bien des piétons possèdent ou se déplacent en voiture.
Donc, ce n’est pas l’histoire d’une chicane, mais plutôt de l’amélioration de nos milieux de vie, en tendant vers un meilleur équilibre. On ne peut pas sérieusement prétendre qu’on s’attaque « encore » aux autos, alors que nos villes ont essentiellement été conçues autour de l’unique voiture pendant des décennies. Désormais (et c’est sain), on se demande : peut-on faire mieux?
Oui, on peut, dirait Bob Le Bricoleur.
En choisissant avec soin quelle rue, quel segment doit-on fermer aux voitures, à quel moment et en regardant quelles sont les options de contournement, les impacts sur la circulation, les transits, etc. Qu’il y ait un impact sur les automobilistes? Oui. Dans la vie, les choses sont rarement à effet nul. Souvent, il s’agira de changer quelques habitudes pour un temps réduit, en tournant à gauche plutôt qu’à droite, en passant par cette rue plutôt que celle-là, en rallongeant un peu le parcours. Voilà. Dans certains cas, c’est plus complexe (les parcours de bus, la livraison dans les commerces, etc.), alors il faut analyser le dossier avec intelligence.
Mais ces rues qu’on choisit de fermer changent souvent légèrement la vie des automobilistes pour transformer la vie d’un quartier du tout au tout. Soudain, on redynamise un secteur, on rend la rue plus conviviale, on favorise le commerce local, on y met de la vie. Tout simplement. Et c’est important.
Certains commerces y perdront? Peut-être ceux qui sont des commerces de destination, c’est-à-dire ceux où on se rend en voiture au terme d’un trajet qui peut être assez long pour en repartir aussitôt. Mais, pour l’essentiel, les commerces en profiteront largement, de même que les citoyens dont la vie de quartier prendra un virage fort attrayant.
Parce que quand on déambule, qu’on butine de boutique en boutique, qu’on prend la peine d’essayer ce café, de goûter ce sandwich, on n’a pas seulement utilisé un débarcadère pour aller et venir, mais on aura passé une heure, deux ou plus, à contribuer à la vie sociale et économique d’un secteur.
Et c’est fort bon.
Des citoyens lèvent la main pour dire que les gens devraient être consultés, parce que plusieurs souhaitent justement voir leur rue consacrée aux piétons et aux cyclistes (des rues cyclo-piétonnes). Pourquoi pas? La réflexion collective est fort capable d’offrir des solutions, alternatives et idées fort pertinentes.
Et le principe n’est pas exclusif aux quartiers centraux.
Des piétons, il y en a partout…
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