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Luce Dufault : Feu et frissons

Luce DufaultPhoto : Courtoisie

En nous offrant « Dire combien je t’aime », Luce Dufault renoue avec cette sensation grisante qu’elle éprouve quand elle entre dans des œuvres inédites, des chansons façonnées pour elle. 

Par Susy Turcotte

Se sentir saisie de l’intérieur par des auteurs doit être bouleversant, troublant.

Luce Dufault : C’est un cadeau. Quand Moran m’a envoyé « Les salines » qu’il interprétait sur un démo, je me suis sentie transportée ailleurs par ce texte. Dès que je l’ai chanté, accompagnée par mon guitariste Jean Garneau, je savais que j’arriverais à m’abandonner complètement. Il m’a ensuite acheminé « Marseille » qui est directement inspirée de ce qu’il connaît de ma rencontre avec mon amoureux, Jean-Marie. J’espérais qu’il signe une autre chanson. Je lui ai raconté des moments de grâce inattendus, vécus en famille : les dernières vacances avec les deux enfants. Le lendemain, je recevais « Pauvre terrienne », mis en musique par Catherine Major.

« Débrise-nous » s’est créée dans l’effervescence. Qu’est-ce qui te percutait dans cette expression?

L.D. : La beauté de la poésie de David Goudreault. Richard Séguin nous a présentés lors des répétitions pour le spectacle de la Fête Nationale sur les plaines d’Abraham. David a écrit « Débrise-nous » durant la nuit. Ce texte ne ressemblait à rien d’autre que j’avais reçu. On ne sait pas s’il s’agit d’un couple qui bat de l’aile, ou qui désire se reconstruire, ou qui évolue. À chaque fois que je la chante, je plonge dans un espace de fragilité.

Le terme « débriser » est touchant comme trouvaille poétique, ce « Débrise-nous » plutôt que « Défais la brisure ».

L.D. : Même quand David écrit « Colle-moi / Recolle-moi » ça peut signifier « Colle-toi sur moi puis reviens me calmer », ou encore « Recolle les morceaux de moi car je suis brisée ». « Répare-nous de nous » est aussi un vers qui me chavire.

Luc de Larochelière et Andrea Lindsay ont signé « Dire combien je t’aime » et « Bleu ». Qu’évoque le bleu pour toi?

L.D. : Le bleu, c’est l’eau, la mer, le fleuve, la rivière. Les points d’eau m’apaisent. Je me ressource depuis toujours dans la majesté du bleu.

Récemment, j’écoutais des pièces qui invitent au recueillement : « L’Arbre en paix » par Marie-Claire Séguin sur un Prélude de Bach et « Histoires sans paroles » d’Harmonium dans laquelle se déploie la voix de Judi Richards. Je t’imaginais ainsi dans un tel contexte où nous serions concentrés seulement sur l’intensité de ta voix.

L.D. : C’est étrange que tu me dises cela. Une de mes chansons préférées d’Etta James est « Feeling Uneasy ». Il s’agit d’une mélodie complètement déchirante, une infinie détresse qui se déroule, puis elle se clôt avec ces seules paroles : « Feeling uneasy »…


Je me plais à espérer que Luce Dufault explore une telle avenue. En attendant, on pourra l’entendre conjuguer feu et frissons le 4 avril 2021 à la Salle Albert-Rousseau. 

Pour les billets, visitez le site Web de la Salle Albert-Rousseau.

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