Québec — La plus récente pandémie a particulièrement touché les aînés et ces répercussions se font encore ressentir. En entrevue, Judith Gagnon, présidente de la Table de concertation des aînés de la Capitale-Nationale, parle des enjeux auxquels doivent faire face les aînés.
Par Chloé Lemon
Durant la pandémie, ma grand-mère, qui est dans une résidence privée, m’expliquait que lorsqu’elle sortait marcher, elle devait le faire en groupe. Ils étaient alors tous placés en file indienne avec deux préposés qui ouvraient et fermaient la marche, comme à la garderie. Disons que cette situation nous permet de nous demander : quelle place occupent les aînés dans notre société? La Table de concertation des aînés de la Capitale-Nationale a chargé un groupe de personnes à observer les principales préoccupations des aînés dans la région de Québec et ainsi trouver les différents enjeux.
Une politique de vieillissement
Une politique de vieillissement désignerait d’adapter des endroits pour les gens qui sont plus fragiles, soit par exemple, en rendant les lieux plus sécuritaires. C’est également d’adapter les services en fonction de la santé des personnes. Les CHSLD sont un bon exemple. « Les CHSLD sont restés dans l’ancienne mode alors que leur clientèle s’alourdissait. Avant, les gens y allaient en auto. Aujourd’hui, ils ne sont vraiment pas en forme, donc ce n’est plus comme ça. Mais, les établissements n’ont pas été adaptés en fonction du changement de clientèle. En fait, on ne s’est jamais adapté, on a patché des trous, c’est pourquoi ça l’a été l’hécatombe au printemps dernier », se désole JUDITH GAGNON. Un autre exemple dans les CHSLD est l’absence des airs conditionnés dans les chambres.
« C’est important le vieillissement de la population, nous sommes presque à 21 % dans la région de la Capitale-Nationale d’aînés de 65 ans et plus et il n’y a pas de projet intégrateur là-dessus », mentionne Mme Gagnon.
Le soutien à domicile
Les soins à domicile ont posé un problème durant la dernière pandémie. « Si vous saviez le nombre de personnes qui nous ont appelés durant la COVID, car ils n’avaient pas de soin », s’attriste la présidente. Le salaire du personnel de soutien à domicile n’est pas concurrentiel aux salaires des préposés en CHLSD. Le choix est facile, mais le résultat reste le même : il en manque énormément.
L’isolement social
Il n’y a toujours pas de plan d’action pour les gens de 70 ans et plus qui veulent retourner travailler ou faire du bénévolat. « Beaucoup de ces gens-là allaient à la popote porter des menus, faisaient du transport à domicile ; ils étaient le cœur même du bénévolat. Ils se sentaient vivants. Une dame est venue nous voir et elle disait : « je ne vois plus personne. Tous mes groupes sont arrêtés. Nous parlons de l’isolement social, mais là je suis en train d’en crever », et ça, ça n’a pas de sens », mentionne Judith Gagnon.
De plus, beaucoup d’aînés ont vécu dans la peur. Certains avaient peur d’aller faire leur épicerie (on se souvient même qu’au début du confinement, ils se faisaient crier de rester chez eux), d’autres d’aller à l’hôpital pour des problèmes de santé. « On dirait que la COVID a tellement pris de place (même si c’est très important) que tout le reste a arrêté. Donc, ceux qui avaient le cancer et qui devaient être soignés rigoureusement pour leurs problématiques n’ont pas été vus », explique Mme Gagnon.
Outre ces enjeux précis, il y a l’enjeu du numérique. Tous les services tombent de plus en plus en ligne, mais personne ne prend la peine d’aider les personnes âgées. D’ailleurs, la Table de concertation travaille avec la Dre Michelle Morin, qui donnera des webinaires pour conseiller les proches aidants.
D’autres enjeux sont également disponibles dans un document en ligne.
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