J’ai été interpellé cette semaine par l’entrée en scène d’un nouveau joueur dans l’arène politique municipale à Québec. Parmi les cinq idées phares de Bruno Marchand et de son équipe Québec Forte et fière, on retrouve cette idée de la relance post-COVID. Cette idée, bien que peu détaillée par le nouveau parti à ce stade, m’interpelle.
Collaboration spéciale, Erick Rivard, Monquartier
Les prochaines élections municipales se tiendront le 7 novembre 2021. Alors que le taux de vaccination sera certainement très élevé à la fin de l’été, cette date pourrait très bien correspondre à une sortie de crise pandémique que nous espérons tous. Or il serait dommage de « gaspiller » cette élection autour de débats stériles sur les décisions que Québec aurait dû prendre il y a 10 ans (je pense ici, par exemple, au Réseau structurant).
Et si le thème central de la prochaine campagne électorale municipale consistait à définir la ville de l’après-pandémie?
Les chercheurs qui s’intéressent à la ville, à l’aménagement du territoire, aux dynamiques municipales, ne s’entendent pas à ce stade-ci sur tous les changements à long terme qu’entrainera une telle crise, mais tous conviennent qu’elle aura un effet accélérateur sur des changements et tendances qui étaient déjà en cours. Parmi ceux-ci, l’omniprésence de la présence en ligne, une mutation des pratiques de consommation, une valorisation des espaces publics collectifs, une demande accrue pour ceux-ci et une mise de l’avant de la ville de la proximité.
Pour l’architecte Ellen Dunham-Jones, directrice du programme de maitrise en design urbain à l’école d’architecture de Georgia Tech, l’augmentation de notre présence « en ligne » et devant des écrans signifie par ailleurs que nous serons en quête de lieux extraordinaires pour les moments où nous ne serons pas connectés. Donc, en quête d’espaces publics et extérieurs de grande qualité. Si vous n’êtes pas encore convaincus de cette affirmation, faites un détour par le parc Victoria ou par le parc Cartier-Brébeuf et son voisin, le parc de l’Anse-à-Cartier, en fin d’après-midi : vous n’aurez probablement jamais vu une telle densité d’occupation de ces lieux!
Des mutations et des opportunités
Pour Mme Dunham-Jones, la ville hyperconnectée est aussi une ville où les iniquités pourraient s’accélérer dans la population; il s’agit d’un écueil non négligeable. Ainsi, pour elle, il y a un risque à opposer la ville dense et la banlieue : il n’y aurait rien à gagner de cette constante mise en opposition. Il s’agit donc de transformer en opportunités les mutations profondes qu’exerce la numérisation de notre monde.
Ainsi, cette ville de l’après-pandémie sera, par exemple, nécessairement celle de la reconquête des centres commerciaux traditionnels entourés de marées de stationnement. Cette reconquête pourra bénéficier à la collectivité pour fournir une accessibilité au logement de qualité près des services, tout en transformant ces environnements avec de nouveaux espaces verts. Ces espaces remplis de potentiel sont présents dans tous les quartiers de la ville de Québec.
Étonnement, même si nous avons tous été profondément isolés pendant la dernière année, nous n’avons jamais été autant collectivement interreliés, tous dans le même bateau. Cette nouvelle version de « l’individuel versus le collectif » m’amène à penser que faire la ville de l’après-pandémie sera nécessairement une affaire de groupe, qu’elle passera par des projets collectifs de quartier, et aussi qu’il devra y avoir une profonde adhésion aux changements de la part des citoyens.
Définir la ville de Québec de l’après-pandémie : il semble qu’il y a là une discussion collective que nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas avoir. L’élection municipale de 2021 sera, à mon avis, le meilleur forum pour en débattre!
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