On est en 1967, le premier ministre se prépare à couper le ruban pour annoncer un beau grand tunnel flambant, qui devrait régler les problèmes de circulation pour les 100 prochaines années à Montréal.
On connait la suite.
Le premier ministre Legault pense que l’histoire ne se répètera pas. En fait, il fait semblant qu’elle ne se répètera pas. Il s’en fiche : il fait un placement publicitaire de 10 milliards en vue des prochaines élections. Voilà tout.
L’annonce avait effectivement des allures des années 60. Un propos dépassé, un enthousiasme inexplicable, une solution inadéquate et sous performante. Seule la facture est très moderne : à 10 milliards $ (si tout va bien), minimum, c’est un coût énorme que l’on paiera longtemps. Très longtemps. Ce sera notre Stade olympique…
Souvenez-vous, dans les journaux en 2016, on parlait d’un troisième lien de 4 milliards. On en est déjà à 10 et y’a pas un coup de pelle de donné. Pour rappel, le Big Dig de Boston (l’équivalent américain du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine) a dépassé plus de 6 fois le budget initial et a été livré avec 10 ans de retard…
C’est fascinant parce que le gouvernement n’a pas été capable de le justifier autrement que par sa foi obstinée envers le char. Le monde y veut ça, c’est indispensable.
En fait, non.
Ce qu’on sait, c’est que la population active de Chaudière-Appalaches va fondre de 10% d’ici 2041. Ce qu’on sait, c’est que l’arrondissement de Sainte-Foy–Sillery-Cap-Rouge est le secteur qui produit et attire quotidiennement le plus grand nombre de déplacements (230 000 voitures par jour) et la grande majorité de tous les déplacements se font à l’intérieur du territoire de la ville de Québec. C’est pour ça que le réseau structurant est nécessaire et que le troisième lien est inutile.
Bref, c’est un projet qui va favoriser l’étalement urbain et faire pression sur les terres agricoles. Qui plus est, avec le trafic induit, on peut prévoir que les bouchons seront revenus 3 ou 4 ans après l’inauguration du tunnel. Et ils seront PIRES puisque les chars seront plus nombreux, pognés dedans.
On va détruire le centre-ville de Québec pour ça?
Le maire de Lévis est même allé dire que ça va propulser Québec « au rang des grandes capitales du monde entier ».
Ou bien il est inculte, ou bien il joue la comédie.
Les capitales modernes essaient de sortir les voitures du centre-ville. Elles optent pour les transports collectifs et alternatifs, elles ferment des rues aux voitures pour les offrir aux piétons, elles imposent des péages et ferment même leur accès aux voitures, selon les périodes.
Autrement dit : la solution, c’est d’arrêter de faire tourner notre univers urbanistique autour de l’auto en solo.
Donc, contrairement à ce que disent les gouvernements du Québec et de Lévis, c’est pas un projet pour 100 ans. Même pas pour 50. C’est un projet pour 3 ans.
C’est pas ce qui s’appelle de la saine gestion des finances publiques…
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