Le contexte pandémique empêchant les représentations théâtrales devant un public, les finissants du Conservatoire d’art dramatique de Québec ont scénarisé et produit une websérie de 11 épisodes, « Ce qui reste passé minuit ».
Des thèmes touchants et universels
Sous la supervision d’Isabelle Hubert, la websérie devait d’abord avoir comme thème les opinions. « On avait le désir de faire voir la complexité de certaines situations et de certaines personnes. », affirme Pierre-Olivier Roussel, interprète du personnage d’Émile.
Le tournage se déroule dans un bar durant une soirée de karaoké, témoignant de l’attrait de leur cohorte pour le thème de la déchéance et une certaine fascination pour le huis clos, ajoute-t-il.
Chaque finissant devait écrire son scénario, sa soirée. Il s’agissait ensuite d’assembler « les pièces du casse-tête pour que tout fonctionne », renchérit l’interprète d’Émile.
Les enjeux qui se dégagent du scénario sont entre autres l’amour, l’ivresse, le sexe et la violence. Le thème vedette rassembleur est la solitude qui était d’ailleurs l’élément commun à tous les finissants lors du partage de leurs idées, se rappelle avec un sourire Thomas Royer, interprète d’Olivier.
Le premier épisode présente le personnage isolé de Tania, aspirante chanteuse qui attend son moment de gloire. Le dernier épisode nous fait découvrir Max, jeune femme dépressive, qui voile sa solitude sous le masque d’une joie sociale.
La boucle est complète; la violence cathartique de la scène finale annonce une libération possible pour les personnages. Les finissants explorent avec intelligence et finesse l’isolement en faisant osciller la banalité quotidienne des jeunes tourmentés et le drame exceptionnel qui se dévoile au fil des épisodes.
La légèreté et le pesanteur vacillent, pour nous laisser avec une impression d’achèvement et de beauté.
Le jeu devant caméra : une difficulté avantageuse
Pierre-Olivier soulève d’entrée de jeu que l’idée de la websérie comme projet final n’est pas pour les finissants une solution de rechange. « Ça nous a permis de mettre en application nos cours de jeu devant caméra et de se faire remarquer davantage. », constate-t-il.
Le tournage s’est effectué dans un environnement contrôlé, ce qui a rendu le processus moins contraignant. « Pouvoir jouer avec des mesures de santé publique plus souples représentait un grand avantage », affirme Pierre-Olivier.
Thomas avoue qu’il ne considérait jamais s’intéresser au jeu devant caméra avant cette expérience. « J’ai été impressionné par la difficulté », soutient-il. Au contraire du jeu théâtral qui impose d’exagérer les mouvements et les expressions, les émotions du comédien doivent être manifestées avec subtilité.
L’interprète d’Olivier remarque d’ailleurs deux forces contraires qui se révèlent lors du jeu devant caméra. L’exigence de rester très concentré, par exemple en respectant le marquage au sol, s’oppose au besoin de paraître naturel en faisant fi de l’environnement.
« Le jeu devant caméra contraint certaines libertés, mais il est en même temps plus près de nous », remarque le diplômé.
Un résultat professionnel
Les difficultés liées à la pandémie et aux ressources limités ont été palliées par un travail passionné et acharné, de l’écriture au montage. Le scénario a été écrit en à peine un mois et demi, le décor a été réalisé en deux semaines de même que le tournage, explique Thomas.
« Le professionnalisme du résultat est impressionnant même pour nous les finissants. », ajoute-t-il. La série a notamment suscité l’intérêt de certains professeurs du secondaire qui envisagent de la présenter à leurs élèves.
La websérie « Ce qui reste passé minuit » est diffusée sur la chaîne Youtube du Conservatoire de musique et d’art dramatique de Québec jusqu’au 25 septembre 2021.
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