La vaccination sera obligatoire pour les 5000 employés de la Ville advenant l’élection de Jean-François Gosselin ou de Jean Rousseau au poste de maire le 7 novembre prochain. De son côté, Bruno Marchand juge la prise de position de ses adversaires hâtive, électoraliste et irresponsable.
Par Gabriel Côté
À quelques heures d’intervalles jeudi matin, le chef de Québec 21 et celui de Démocratie Québec se sont avancés sur un terrain glissant en manifestant leur accord à la vaccination obligatoire et mur à mur des employés municipaux.
Une même volonté, des motifs différents
Pour se justifier, Jean-François Gosselin a insisté sur le fait que la Ville a besoin de ses employés. «Je suis pour la vaccination. Il faut se sortir de cette crise-là. On a besoin de tout le monde à la Ville de Québec. Il y a 5000 employés, 7000 si on prend les occasionnels. On ne peut se permettre de perdre des gens qui sont trop malades de la COVID », explique-t-il.
Pour sa part, Jean Rousseau a plutôt fait valoir que le taux de propagation du variant Delta est préoccupante. « L’augmentation du nombre d’infections est inquiétante. Le variant delta se transmet actuellement comme la varicelle. On voit que le volontariat ne marche tout simplement pas, et je propose en conséquence de rendre la vaccination obligatoire pour les employés de la Ville. Il faut que nous atteignions un taux de couverture vaccinale de 95% chez nos employés si nous voulons que tout le monde puisse travailler sécuritairement sur son lieu de travail », plaide-t-il.
Marchand dénonce un manque de nuance
En début d’après-midi, Bruno Marchand avait convoqué les journalistes pour faire une annonce concernant le rapport entre l’administration municipale et les différents quartiers. Il a plutôt été pressé de questions à propos de la vaccination.
À ce sujet, le chef de Québec Forte et Fière a préféré ne pas imiter ses adversaires, et il s’est abstenu de formuler une position catégorique. « Il y a une commission parlementaire dans les prochaines semaines, où des experts iront exposer leur point de vue. Je préfère attendre d’entendre ce qu’ils ont à dire avant de prendre position », explique-t-il.
Puis Bruno Marchand est passé à l’attaque. « C’est facile d’avoir une ligne sans nuance, un clip de 20 secondes devant les journalistes. Mais mes longues années d’expérience en gestion m’invitent plutôt à la prudence. Qu’adviendra-t-il dans quelques années, si l’on a empêché certaines personnes de travailler et qu’il se trouve que nous les ayons brimées dans leur droit. Cela pourrait coûter cher à la Ville, et entendez-moi bien : aux contribuables. Il y a trop d’enjeux sérieux avec une telle mesure pour se prononcer si hâtivement » martèle-t-il, en rappelant au passage qu’il appuie la campagne de vaccination et que l’ensemble des membres de son équipe, lui y compris, sont vaccinés.
La réaction de Jean-François Gosselin
Le chef de Québec 21 a réagi aux propos de son adversaire, en soulignant le caractère parfois trop modéré des interventions de M. Marchand.
« Depuis l’annonce de sa candidature, M. Marchand souffle le chaud et le froid, dit-il au téléphone. À propos du tramway, il dit qu’il va apporter des améliorations au projet, mais il est impossible de savoir de quelles améliorations il s’agit. À propos du tunnel Québec-Lévis, il ne dit pas s’il est pour ou s’il est contre. Pour la vaccination, c’est la même chose. Nous sommes actuellement à un mois du déclenchement des élections municipales, c’est le temps de se positionner, c’est ça que les leaders font. S’il n’est pas prêt à le faire, moi je dis qu’il n’est pas prêt à gérer la Ville de Québec. »
Une mesure difficile à instaurer
Rien n’indique d’ailleurs que la mise en place de l’obligation pour les quelques 5000 employés de la Ville de se faire vacciner soit une pointe de tarte. Du côté de la Ville, on dit encourager les employés à faire le choix de la vaccination, mais on reconnaît que la situation est délicate.
« La Ville de Québec a fait une importante campagne de promotion interne pour inciter ses employés à se faire vacciner. Par ailleurs, elle considère que la vaccination appartient à chaque individu, tout comme le gouvernement du Québec l’a fait pour les fonctionnaires (sauf pour l’annonce récente concernant le secteur de la santé et des services sociaux). Les règles émises par la CNESST et appliquées par la Ville, permettent d’offrir un environnement de travail sécuritaire pour l’ensemble des employés. Toutefois, la Ville suivra avec attention la Commission parlementaire à venir sur la vaccination des employés du secteur de la santé au gouvernement du Québec, et les recommandations adoptées qui pourraient avoir un impact sur le secteur public en général », explique par courriel David O’Brien, porte-parole de la Ville de Québec.
De plus, on voit difficilement la forme que pourrait prendre cette mesure. Comment la Ville vérifierait-elle que ses employés sont bel et bien vaccinés, sans avoir accès à leur dossier médical, qui est confidentiel? À cette question, Jean Rousseau a répondu simplement : « Qu’ils présentent leur preuve de vaccination! »
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