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Je buvais mon café en lisant Claude Villeneuve

Claude VilleneuveLe chef de l'opposition officielle de la Ville de Québec, Claude Villeneuve, dresse un bilan de ses premiers mois. (Photo : Courtoisie)

Je ne connais pas personnellement Claude Villeneuve. Nous ne nous sommes jamais parlé ni même croisés, et il se pourrait bien que nous demeurions à jamais de parfaits étrangers l’un pour l’autre. 

Par Georges-Albert Beaudry

Malgré tout, j’ai le sentiment de le connaître un petit peu, parce que je le lisais plusieurs fois par semaine, la plupart du temps avec un grand plaisir.

J’ai toujours trouvé qu’il a le talent qui fait précisément les bons chroniqueurs, c’est-à-dire une sensibilité particulière aux préoccupations du grand nombre. En effet, en lisant Claude Villeneuve, on n’a jamais l’impression de se trouver face aux réflexions bizarres d’un individu déconnecté de la réalité. 

Mais si j’avais à donner sans gêne mon opinion de lecteur, je devrais dire que le chroniqueur Claude Villeneuve avait aussi selon moi « le défaut de sa qualité » : il m’a toujours semblé qu’il ne se distanciait pas suffisamment des opinions et des sentiments qu’il faisait si bien résonner, et qu’en conséquence, ses textes permettaient certes d’observer les opinions et les sentiments largement partagés par nos concitoyens, mais pas toujours de bien en comprendre les ressorts.

Toujours est-il que mes petits rendez-vous solitaires avec Claude Villeneuve faisaient partie de mes habitudes, au même titre que mon café du matin et que ma promenade du soir.

Et comme je n’aime pas trop être bouleversé dans ma routine, mon café a pris un goût plus amer qu’à l’habitude ce matin quand j’ai appris en feuilletant le Journal de Québec que « l’un de mes chroniqueurs » se lançait en politique. Municipale en plus. 

Puis mon café est devenu carrément imbuvable en avançant dans la lecture de cette petite nouvelle. 

En entrevue avec Dominique Lelièvre, Claude Villeneuve expliquait avoir envie de « laisser des traces ». Il se trouvait « chanceux », pendant plusieurs années, de se trouver dans un rôle d’observateur pendant que les élus « prenaient des décisions difficiles ». 

« J’ai vraiment envie d’agir puis d’avoir un impact dans la vie des gens, et pas seulement de commenter ce que les politiciens font », expliquait-il. 

L’idée d’une distinction claire et nette entre ce qui est de l’ordre de la réflexion et ce qui est de l’ordre de l’action ne m’a pas trop plu. Pour tout dire, elle m’a semblé trop commune, et même fausse à certains égards.

C’est un peu comme de dire qu’il y a, dans la vie, deux types de personnes : les acteurs d’un côté, et les spectateurs de l’autre. Ceux qui agissent ont un impact sur la vie de tout le monde ; ceux qui regardent profitent des gestes des autres, ou encore ils les subissent tout dépendamment de la situation. 

Du moins, s’engager en politique, ce serait « faire plus » que de rester en position d’observateur.

Peut-être que bien des gens se trouvent dans cet état de relative passivité, je n’en sais rien. Toutefois, il me semble clair que le chroniqueur ne peut pas l’être. Celui-ci ne se contente pas de regarder les choses aller et de commenter ce que font les autres – il doit faire, il me semble, quelque chose de plus : s’efforcer d’apprendre quelque chose des évènements dont il est témoin, et d’amener avec lui son lecteur à ajuster, sinon sa conduite, au moins sa façon de voir.  

Voilà bien des mots finalement pour dire une toute petite affaire. Si vraiment Claude Villeneuve veut avoir un « impact dans la vie des gens », je ne suis pas certain qu’il a fait le bon pari. 

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