L’an dernier, l’illustratrice Geneviève Boivin, résidente du quartier Saint-Sauveur, s’était mise à faire des dessins sur le thème du confinement empreints de légèreté et de positivisme. Ses créations se retrouvent maintenant dans un livre baptisé Bye Bye Confinement!?, qui est le fruit d’une collaboration entre le Musée de la civilisation et Septembre Éditeur.
Au début de la pandémie, en mars 2020, Geneviève Boivin, qui habite Saint-Sauveur depuis une dizaine d’années, a temporairement perdu son emploi de graphiste dans un boîte vouée aux objets promotionnels.
« Pour dédramatiser et essayer de garder contact, une de mes collègues a proposé de faire un dessin par jour en pigeant un thème au hasard. On faisait notre petit dessin et on le publiait sur les réseaux sociaux. On s’était créé une page de bureau privée et on y publiait nos dessins. Tout le monde était mis à contribution. Il n’y avait pas juste les graphistes. C’est ça qui était le fun : il y avait les enfants, les collègues, les collègues pas graphistes. Tout le monde participait. On voulait un peu garder l’esprit de gang », raconte l’illustratrice, en entrevue, le 28 septembre.
Comme elle était « tout le temps sur l’ordinateur » et qu’elle n’avait pas sorti « ses vrais crayons » depuis un bail, Geneviève a réalisé ses créations à la main, sur papier. « J’ai carrément sorti des crayons de couleur que j’avais quand j’étais jeune », lance-t-elle!
« À un moment donné, j’étais la seule à jouer », dit-elle au sujet du défi lancé entre collègues. Toutefois, elle avait pris goût à cette activité quotidienne qui lui permettait « de réfléchir et penser à autre chose » en cette période difficile.
Popularité
Même si les collègues avaient cessé leurs dessins quotidiens, Geneviève a donc continué et s’est mise à publier ses œuvres sur ses propres réseaux sociaux. Ses dessins ont alors suscité de nombreuses réactions et partages. Elle a même reçu des messages de France.
« Quand j’ai vu l’ampleur que ça prenait, ça me faisait du bien, car j’interagissais avec le monde. Je l’avais, mon social! Ça me donnait beaucoup d’énergie et l’envie de continuer, évidemment. Ça me faisait du bien au mental. Ça me faisait du bien au social. »
« La réponse était très positive parce que mes dessins étaient quand même rigolos et positifs. Je n’étais jamais dans la critique. Je n’étais jamais dans l’amertume ou la colère. Moi, c’était toujours très léger, très bon enfant , enchaîne-t-elle. Je me servais de mon vécu, de mes observations, mais en même temps, plus c’est personnel, plus ça touche du monde, je pense. Tout le monde en même temps vivait la même chose. »
Production
Durant la première vague, elle a dessiné pendant 100 jours consécutifs. Une fois cette vague terminée, vers la fin juin 2020, l’illustratrice a pris une pause. À la deuxième vague, à la fin de l’été, elle a repris ses crayons. Comme elle avait recommencé le boulot, elle avait toutefois moins de temps. Elle a donc cessé de faire des dessins en couleur, plus longs à réaliser, pour se consacrer au noir et blanc. « Les gens étaient contents de me revoir », lance-t-elle!
À la deuxième vague, sans créer tous les jours, elle a réalisé une autre centaine de dessins. En tout, elle a créé un peu plus de 200 illustrations. À la troisième vague, la situation était devenue redondante. Geneviève a donc cessé ses dessins pandémiques. « Je trouvais que mon énergie créative était moins là », dit-elle.
Collaboration
Vers le milieu de la première vague, Geneviève Boivin a été approchée par le président de Septembre Éditeur, Carl Frédéric De Celles, qu’elle connaissait. « À un moment donné, je reçois un message dans ma boîte Instagram et il me dit: « Qu’est-ce que tu dirais de faire un livre avec tes dessins? » ». L’illustratrice fut emballée par l’idée.
Par contre, Geneviève ne voulait pas faire un livre qui comprendrait seulement des dessins. Elle souhaitait offrir un contenu bonifié, parce que ses illustrations avaient déjà été présentées au public. Elle a eu l’idée d’y greffer des témoignages au contact d’un ami préposé aux bénéficiaires « qui arrivait toujours avec des histoires très lumineuses » à raconter, alors qu’il œuvrait dans un milieu difficile.
Elle a donc proposé l’idée de faire un livre alliant illustrations et témoignages à Septembre, qui a trouvé l’idée très intéressante. L’éditeur a ensuite pris connaissance de l’initiative Documentez la pandémie du Musée de la Civilisation (MCQ).
Lancée en mars 2020, Documentez la pandémie se voulait « un appel aux citoyens visant à engager une véritable conversation sur leurs façons de faire face à la situation exceptionnelle et historique que vit la planète entière (…) et, ultimement, à nourrir la mémoire collective sur ce phénomène sans précédent », selon le site du Musée. Pour ce faire, l’institution a notamment recueilli des témoignages et des photos auprès de nombreuses personnes.
Alors que Geneviève, accompagnée de sa maison d’édition, et le MCQ avaient travaillé chacun de leur côté, sans le savoir, sur des projets aux buts communs, elle et Septembre ont finalement approché le Musée avec leur idée de livre. « On est allés les voir, puis le Musée a trouvé ça super trippant comme projet. Ils ont tout de suite dit oui », raconte-t-elle.
Bye Bye Confinement!? allait donc voir le jour. La préparation du livre a commencé en janvier dernier.
Réconfort
« Je me suis amusée à faire des liens et créé des collages avec les dessins, les témoignages, les photos », explique illustratrice, qui souhaitait faire une sorte de « petit Bouillon de poulet pour l’âme, quelque chose de réconfortant, de rassembleur et de positif ».
« Je n’avais pas la prétention d’en faire un document historique. Je ne survole pas toute la pandémie. C’était une vision très personnelle. Puis, on a assez de négatif autour! On est capable d’aller chercher du négatif partout sur la pandémie. Je voulais que ce petit livre-là soit une petite bulle de positif. »
Les dessins et témoignages y sont présentés par thèmes et non par ordre chronologique.
Le lancement officiel de Bye Bye Confinement!? a eu lieu au MCQ le 28 septembre. Pour l’occasion, Geneviève Boivin a offert des dessins qui furent vendus lors d’un encan silencieux au profit de la Fondation du Musée de la civilisation.
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