La Ville de Québec a déposé le 15 septembre le bilan du plan d’action amorcé en 2017 pour améliorer le fonctionnement de l’incinérateur afin de le rendre conforme aux normes environnementales du gouvernement du Québec. Elle dit confirmer « la réalisation des derniers objectifs qu’elle s’était fixée ». Pour le Conseil de quartier de Maizerets, il s’agit d’une victoire, mais la bataille n’est pas encore gagnée.
« Grâce à des investissements stratégiques, éclairés et efficaces, nous avons complété notre plan d’amélioration de l’incinérateur. Alors que tous les autres objectifs étaient atteints depuis quelques années, il restait à nous assurer de la qualité de la combustion. C’est maintenant chose faite. Nous sommes fiers des résultats que nous dévoilons aujourd’hui. En persévérant pour améliorer le fonctionnement de l’incinérateur, nous avons mis un terme aux dépassements occasionnels des normes environnementales pour les émissions atmosphériques connues ces dernières années », a déclaré le maire Régis Labeaume par voie de communiqué mercredi.
En 2015, la Ville de Québec a repris la gestion de l’incinérateur. L’équipement nécessitait alors certaines mises à niveau pour améliorer son fonctionnement et le rendre conforme aux nouvelles normes. Jusqu’en 2020, près de 43 millions $ ont été investis pour assurer la conformité de l’incinérateur et la fiabilité de son exploitation, a indiqué la municipalité.
La firme indépendante mandatée par la Ville, Consulair, a procédé au dernier échantillonnage en juin 2021 dans les fours 1, 2 et 3, le four 4 étant à l’arrêt pour une réparation. « Tous les résultats des émissions des fours échantillonnés sont, de loin, inférieurs à la norme du gouvernement du Québec, affirme notamment l’administration municipale. Les résultats de la campagne en cours permettront de confirmer cet automne que l’échantillonnage est conforme pour le four 4, ajoute-t-elle.
Réactions du Conseil de quartier
Pour Marcel Paré du Conseil de quartier de Maizerets, la Ville a tout simplement annoncé qu’elle respectait les normes gouvernementales. « C’est comme dire qu’on respecte enfin la limite de vitesse. Bravo! », lance-t-il en entrevue téléphonique le 15 septembre. « Nous, (au Conseil de quartier), ça fait dix ans qu’on demande qu’elle respecte les normes », ajoute-t-il.
Malgré l’annonce de la municipalité, l’incinérateur reste problématique, selon M. Paré. À son avis, quelque 90% des matières qui y sont envoyées pourraient être récupérées et réutilisées. Le spectre de la pollution de basse intensité est également toujours présent.
Pour le Conseil de quartier de Maizerets, « les dangers liés à l’incinération ne doivent pas être traités en aval, ce qui semble être la stratégie éco-industrielle actuelle de la Ville de Québec. Les défauts ou les erreurs techniques d’opérer un incinérateur (malgré tous les efforts et le sérieux portés à ces enjeux) sont à risques continus », indiquait d’ailleurs l’organisme dans un mémoire déposé en mai dernier devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur l’état des lieux et la gestion des résidus ultimes.
« Nous soutenons que cette façon de procéder est plus coûteuse financièrement, humainement et écologiquement et que des méthodes alternatives sont possibles, accessibles et applicables. Les solutions durables et efficaces sont en amont, elles passent par une politique plus holistique d’utilisation des ressources et doivent viser une gestion à long terme de ces matières », enchaînait l’organisme dans son mémoire.
«L’évitement des dépassements par le respect des normes technologiques n’est pas et ne sera pas une garantie d’innocuité. Ce qui sort des cheminées de l’incinérateur ne témoigne pas du respect de l’innocuité à la santé mais du respect de normes techno-industrielles. La pollution de basse intensité s’avérant à long terme plus nocive que les pics de pollution », pouvait-on également lire dans le document du Conseil de quartier de Maizerets.
Actions
Le plan d’action de la Ville de Québec prévoyait quatre mesures principales pour améliorer le fonctionnement de l’incinérateur et augmenter la productivité globale de l’équipement :
1. Métallisation d’une portion des fours
- Évite l’accumulation de dépôts sur les parois;
- Favorise une meilleure combustion en limitant les écarts de température;
- Diminue la nécessité d’arrêts et de départs fréquents des fours.
2. Installation de brûleurs au gaz naturel
- Représente la plus grande amélioration;
- Maintient la température des fours à un degré optimal ce qui élimine les dépassements aux normes de monoxyde de carbone (CO) et autres contaminants.
- Maintient la température des fours à un degré optimal ce qui élimine les dépassements aux normes de monoxyde de carbone (CO) et autres contaminants.
3. Ajout d’unités individuelles d’addition de charbon activé
- Fournit une unité individuelle de charbon activé à chaque four;
- Permet de maximiser l’effet du charbon activé afin de mieux contrôler les besoins selon l’état des fumées souvent tributaires des matières reçues à l’incinérateur.
4. Valorisation des boues municipales
- Donne une deuxième vie à 15 000 tonnes de boues municipales en les valorisant en compost afin d’éviter de les acheminer au site d’enfouissement lors des périodes d’entretien de l’incinérateur.
Selon le municipalité, les améliorations réalisées à l’incinérateur ont permis de rendre cette installation plus efficace et plus rentable.
« L’étude de la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi, dirigée par M. Claude Villeneuve, a comparé trois scénarios possibles pour la gestion des matières résiduelles à la Ville de Québec. Cette étude conclut que l’incinérateur amélioré, jumelé aux projets de biométhanisation des résidus alimentaires et à la valorisation de la vapeur à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, permet de réduire de manière importante l’empreinte carbone de la Ville de Québec », a rappelé la Ville de Québec.
« Elle produira ainsi 10 fois moins de gaz à effet de serre qu’elle en produisait en 2017 avant la mise en œuvre du plan d’amélioration et 100 fois moins que si elle envoyait ses déchets à l’enfouissement. Dans un avenir rapproché, l’incinérateur sera en adéquation avec la Stratégie de développement durable de la Ville de Québec », conclut la municipalité.
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