« Je suis désolé pour vous si vous êtes incapables de rêver, et si vous ne croyez pas aux miracles », disait Lance Armstrong aux « cyniques » qui l’accusaient, bien injustement comme on le sait, de se doper.
Par Gabriel Côté
Mon rêve à moi, le petit miracle que je crois à ma portée, est beaucoup plus modeste que celui que cultivait le sextuple vainqueur déchu du Tour de France. Mais, quand même, je me suis mis dans l’idée de réaliser un exploit peu commun, à savoir : couvrir la campagne électorale municipale à vélo.
J’espère me rendre tant bien que mal sur ma bicyclette aux annonces des différents partis, dans tous les districts de la ville. Sauf qu’en plus de m’acquitter normalement de mes tâches de journaliste, je documenterai au passage l’état du réseau cyclable de Québec, et je prendrai en note mes sentiments sur la selle.
Chaque semaine, j’écrirai donc une ou deux chroniques relatant mes impressions en tant que cycliste observateur de la politique municipale.
Les chefs réagissent
Au moment de me lancer dans cette folle aventure, j’ai senti que j’avais besoin d’encouragements, et surtout de conseils. Alors j’ai fait ce que je fais toujours dans les moments de doute et de remise en question : j’ai téléphoné aux chefs des partis municipaux. Je voulais leur parler un peu, dans l’espoir de recevoir de leur part un mot rassurant ou encore des suggestions pour mener mon projet à terme. « Ils n’ont probablement rien d’autre mieux à faire anyway, ils seront contents de jaser », que je me suis dit.
C’est Jean Rousseau que j’ai réussi à rejoindre en premier.
« Félicitations, c’est une belle initiative. D’autant plus que notre réseau cyclable, c’est une courtepointe. Vous allez probablement découvrir que des endroits sont très fréquentés, alors que d’autres le sont moins, non sans raison. À Démocratie Québec, on propose de connecter les quartiers et les parcs industriels, et aussi de faire en sorte que ce soit sécuritaire pour tous de se déplacer à vélo à Québec. Je vous invite à garder l’œil ouvert et à découvrir tous nos problèmes, pour mesurer l’ampleur de ce qu’il faut accomplir à Québec », m’a-t-il dit.
Quelques minutes plus tard, j’avais la ligne du chef de Québec Forte et Fière, Bruno Marchand. En sa qualité de cycliste expérimenté, je m’attendais à recevoir de précieux conseils de sa part.
« Je trouve ça génial. J’ai d’ailleurs l’idée de faire tous les districts à vélo, en une journée. J’espère que vous prendrez le plaisir de rouler, de trouver les chemins qui permettent de découvrir la ville. Rappelez-vous aussi qu’à vélo, le chemin le plus rapide n’est pas toujours le plus court. »
Puis, je n’eus pas même le temps de déposer le combiné après ma conversation avec M. Marchand, que je vis que Marie-Josée Savard m’avait envoyé un mot d’encouragement par courriel.
« Le réseau cyclable à Québec prend de l’ampleur à chaque année, il est de mieux en mieux connecté et plus sécuritaire. J’ai hâte de lire les comptes rendus de votre reporter à deux roues au fil de la campagne pour connaître son appréciation et les aspects qu’il perçoit à améliorer. C’est une excellente initiative du Carrefour et je vous souhaite de la belle température. »
Je parlai ensuite à Jean-François Gosselin, qui après une bonne tape dans le dos consciencieusement m’invita à demeurer prudent.
« Je dois dire que je suis très impressionné, car Québec n’est pas une petite ville. Il y aura de bonnes distances à franchir. En plus, ce n’est pas toujours évident de circuler à vélo, particulièrement en dehors des pistes cyclables. J’ai en tête quelques nids de poule en bordure de route qui me semblent être là spécialement pour les cyclistes. Alors je vous encourage à être prudent »
Un instant plus tard, Jackie Smith de Transition Québec a repris la balle au bond, elle qui justement venait tout juste de faire un accident de vélo.
« Bravo pour cette initiative. La couverture de la campagne par le Carrefour sera donc 100% carbo-neutre, c’est très bien ! Mais on voudrait que votre initiative n’ait rien d’exceptionnel, et que ce soit plutôt la norme : bref, que tout le monde soit en mesure de faire ça. Assurez-vous aussi d’avoir une assurance vie et accident, car ça peut être extrêmement dangereux de faire du vélo à Québec.
Effrayé, j’ai appelé tout de suite ma compagnie d’assurance. Comme vous pouvez l’imaginer, je suis en attente pour avoir la ligne depuis.
Le conseil d’un collègue
En partant du bureau vendredi, j’ai croisé mon collègue Georges-Albert Beaudry, qui avait eu vent de mon petit projet. Lui-même cycliste expérimenté, il me donna un conseil si commun et si général que j’en fus tout surpris.
– Tu vas avoir besoin d’endurance, me dit-il.
– Oui, évidemment. Le vélo est un sport d’endurance, je sais.
– Pas pour le vélo, tata, pour la campagne électorale. Ça ne sera pas facile pour le moral de passer ton temps à écouter des politiciens. Mon conseil, c’est de trainer un flacon avec toi, en plus de ta bouteille d’eau, si tu vois ce que je veux dire. Tu vas pédaler moins vite, mais au moins tu vas tougher toute la campagne.
Mon collègue est un bien drôle de gars. Moi, les politiciens, je les aime beaucoup.
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