Marie-Josée Savard s’est engagée jeudi matin à ce que la Ville fasse l’acquisition de l’église Saint-Jean-Baptiste, advenant sa victoire aux élections du 7 novembre.
Par Gabriel Côté
C’est en 2015 que l’église Saint-Jean Baptiste a cessé de servir de lieu de culte. Depuis, l’incertitude règne au sujet de l’avenir de ce bâtiment, auquel on n’a pas encore trouvé de nouvelle vocation.
La question de la protection et de la reconversion de cette église était déjà un enjeu à l’élection de 2017. Depuis, la Ville a alloué une somme de 15 millions sur dix ans pour la protection et la rénovation de huit églises, dont l’église Saint-Jean-Baptiste. Un groupe de travail voué à la protection du patrimoine religieux a aussi vu le jour peu après le dernier scrutin municipal. Puis, en 2019, un projet de reconversion de l’église a été proposé par l’école Saint-Jean-Baptiste, ce qui a donné lieu à d’autres rencontres travail.
« En tant que citoyens, c’est certain que nous sommes insatisfaits. Ça fait plus de six ans qu’un bâtiment comme ça est en danger de toutes parts. À la base, il y a un problème de propriété de l’édifice. Un organisme, Espace solidaire, a travaillé de 2008 à 2018 pour trouver une vocation à l’église. Ce groupe a fait tout son possible pour répondre à toutes les demandes. Il a même fait deux propositions documentés pour des usages possibles du bâtiment. Mais Espace solidaire n’avait pas le pouvoir de faire en sorte que les autorités municipales, provinciales et diocésaines s’entendent, et cela fait que les choses sont demeurées relativement bloquées », souligne Louis Dumoulin, ancien président du conseil de quartier de Saint-Jean-Baptiste.
Malgré tous ces développements, plusieurs considèrent que les choses ne vont pas assez vite, et que l’administration municipale n’et pas suffisamment proactive dans ce dossier.
« La ville s’est trainé les pieds depuis plusieurs années à ce propos. Il y a de gros projets pour cette église, et ceux-ci sont prêts à aller de l’avant. Ce n’est pas normal que ça ait pris autant de temps, et je ne suis pas surpris de voir Mme Savard faire une annonce à ce sujet ce matin », a soufflé le chef de Démocratie Québec et candidat à la mairie, Jean Rousseau.
Acquérir l’église pour faire débloquer le dossier
Interrogée à ce sujet, Marie-Josée Savard a fait valoir que si les choses n’avançaient pas assez rapidement, c’était en raison de la question de la propriété du bâtiment.
« C’est certain que la question de la propriété est un enjeu. Nous on s’engage aujourd’hui à ce que la Ville devienne propriétaire de l’église, et c’est de cette manière qu’on compte faire avancer le dossier », a-t-elle expliqué.
En outre, Équipe Marie-Josée Savard propose de convertir l’église en centre culturel et communautaire.
« La reconversion d’un édifice de cette taille et de cette architecture est en soi un défi et le manque de de lieux communautaires dans le quartier est pour nous une occasion de relever ce défi et de reconvertir le bâtiment religieux patrimonial. C’est par le fait même un geste concret pour le développement durable », a souligné l’aspirante mairesse en point de presse.
Selon Louis Dumoulin, cet engagement est « une bonne nouvelle » : « c’est le signe, dit-il, d’un intérêt renouvelé de la part de la ville et de l’administration en place pour l’église Saint-Jean-Baptiste. Mais ce sont des promesses, et il y a d’autres acteurs en jeu là-dedans », nuance-t-il.
Manque de crédibilité?
De son côté, le chef de Québec Forte et Fière, Bruno Marchand, a dit que son parti, une fois au pouvoir, ferait tout ce qui est possible pour sauver l’église Saint-Jean-Baptiste. Il en a par ailleurs profité pour glisser une pointe à l’endroit de Mme Savard. « On a du mal à accorder de la crédibilité à celle qui portait le dossier dans les dernières années. Ça fait quatre ans qu’elle est là, elle aurait dû faire quelque chose », a-t-il dit.
La candidate du parti de M. Marchand dans le district de Cap-aux-diamants, Mélissa Coulombe-Leduc, a quant à elle remarqué que le cynisme s’est installé chez plusieurs des citoyens du quartier, eu égard au dossier de l’église Saint-Jean-Baptiste.
« En soi, c’est une bonne nouvelle que la ville renouvelle son intérêt pour cette église. Mais ce qui est surprenant, c’est qu’aucune partie prenante communautaire n’était au courant de l’annonce de ce matin. La dernière fois qu’on en a entendu parler, c’était en décembre 2019, quand M. Labeaume demandait de l’argent pour ce projet pendant la campagne fédérale », souligne celle qui était jusqu’à tout récemment la présidente du conseil de quartier de Saint-Jean-Baptiste.
« L’argent était là dans le cadre de programmes fédéraux, gérés par le gouvernement provincial. La dernière date de tombée pour ce financement était le 6 juillet dernier, et l’administration actuelle est passée à côté, sous prétexte que le projet de l’ICQ n’était pas prêt. On nous a dit qu’on allait attendre la prochaine ouverture. Ça ne date pas d’hier, cet enjeu de la propriété, alors on est déçu. Nous, on va commencer par acquérir l’église. Puis, c’est le projet de reconversion va se faire par et pour la communauté. Tous les facteurs sont déjà réunis, il ne reste qu’à passer à l’action », a ajouté Mme Coulombe-Leduc.
Jean-François Gosselin maintient que « la ville n’est pas là pour acheter des églises »
En entrevue, le chef de Québec 21 s’est montré étonné de la promesse d’Équipe Marie-Josée Savard.
« Il y a déjà une fiducie dans laquelle 15 M $ de l’argent des citoyens à été placée, avec en plus un autre 15 M $ qui provient du gouvernement provincial. Cet argent devait servir à rénover huit églises. Selon ce qui était planifié, la prochaine étape devait être de s’entendre avec le diocèse. Ça, précisément, c’est un dossier que Mme Savard aurait dû régler, alors qu’elle était vice-présidente de l’exécutif et responsable du patrimoine. Le vérificateur général de la Ville a d’ailleurs dit qu’elle avait manqué de leadership dans ce dossier. Ce matin, elle lance un engagement sans le chiffrer précisément. Pour moi, ce n’est pas digne d’une VP de l’exécutif, et encore moins d’une aspirante à la mairie de Québec », a dit le chef de Québec 21.
Le candidat à la mairie en a profité pour rappeler que le maire Labeaume a déjà dit par le passé que « la ville n’est pas là pour acheter des églises ». « Moi, je suis d’accord avec ça », a conclu Jean-François Gosselin.
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