Elle tient des points de presse dans un calme absolu. Elle donne des détails, montre qu’elle a une bonne maitrise des dossiers. Elle est souriante, peut envoyer des pointes venimeuses, mais sans aucune mesure avec celui qui a été son patron jusqu’ici, à la mairie. Visiblement, Marie-Josée Savard fait son petit bonhomme de chemin et pourrait étonner, au final.
Par David Lemelin
C’est ce sur quoi je miserais, d’ailleurs, si j’étais dans son camp : la maîtrise du contenu. Ça fait du bien d’entendre autre chose que des slogans et des coups de griffe. À l’époque, contre Labeaume, j’avais passé 44 jours de campagne à diffuser du contenu que je noyais de coups de gueule et je l’ai amèrement regretté. On retient la forme, le négatif, au lieu du fond, le positif. J’ai donc donné l’impression d’avoir fait une campagne négative, d’un bout à l’autre, même si ce n’était objectivement pas le cas. En réalité, on s’en fout de votre indignation, au final. On veut savoir : que ferez-vous de la ville, si on vous en donne les clés?
En commençant sa campagne par 120 engagements répartis dans tous les districts, le ton était un peu donné. On dira : oui, mais la plupart sont déjà prévus et ne sont que du « réchauffé ». J’avoue, sur le coup, c’est ce que je me suis dit. Mais, de fait, un élu n’arrive jamais à la tête d’une ville avec une page blanche dans les mains. Jamais. Dès le premier jour, il rencontre les directions de l’appareil municipal qui l’informent des projets en cours, des montants prévus, des calendriers estimés, de manière à ce que le travail puisse se poursuivre.
Oui, se poursuive.
Y’a pas un maire ou une mairesse qui écrit seul(e) le budget sur son portable. Y’a pas un élu qui vient donner l’ordre précis des choses qui seront réalisées au cours de l’année. L’élu fait part de ses priorités, de sa vision… l’appareil s’arrange avec ça, c’est son boulot. Évidemment, il y a des choses qui changent, des priorités qui montent sur la pile, d’autres qui redescendent, des projets qui seront retirés de la liste. Mais, au final, la ville de Québec est un immense navire qui jongle avec des milliards et qui doit opérer avec cohérence sur un vaste territoire. On n’improvise pas ça.
Cette capacité à prendre le navire est main est sans doute la meilleure carte de Marie-Josée Savard. C’est du connu et du confortable, pour les citoyens. Son plus grand défi sera de surmonter l’indiscutable envie de changement qui revient, par cycle, auprès de l’électorat. Le « boulet Labeaume », comme je l’écrivais, est immensément lourd. Et défendre un bilan de fin de régime est, de loin, la position la plus difficile.
Mais, pour l’instant : c’est bien joué, Madame.
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