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Ce qui déterminera le gagnant le 7 novembre  

Hôtel de Ville de QuébecPhoto: Pierre-Olivier Fortin

Certes, bien des facteurs sont importants dans une campagne électorale. Les candidats vous parleront de « défi de notoriété », de la difficulté qu’il y a à faire passer son message dans le flux impétueux de l’actualité, ou encore de la nécessité dans chaque intervention de faire écho aux soucis des électeurs.   

Par Georges-Albert Beaudry 

Et l’on pourrait encore trouver mille autres choses qui peuvent s’avérer capitales quand vient le jour du scrutin. Que pensent les électeurs du projet de tramway ? Sont-ils satisfaits ou non par l’administration actuelle ? Ont-ils le sentiment de payer trop de taxes ? On dit même que certaines personnes voteront pour le candidat avec qui ils seraient le plus enclins à aller prendre un verre.  

Pourtant, c’est quelque chose de plus profond, qui tient au caractère même des gens de Québec, – et l’on pourrait dire : à « l’âme » de la ville – qui décidera de l’identité du prochain maire ou de la prochaine mairesse de la capitale. 

En un mot, nous avons besoin, à Québec, d’être assurés qu’aucun changement important ne vienne trop bouleverser l’ordre des choses, mais en même temps d’avoir l’impression que « les choses se passent », pour reprendre l’expression consacrée.  

Il suffit pour s’en convaincre de considérer ce qui a fait le succès de Régis Labeaume, et qui lui a permis de conserver son poste pendant une décennie et demie. 

En se présentant comme « l’homme des grands projets », le maire Labeaume satisfaisait le besoin des citoyens de sa ville de se faire croire que les choses bougent par chez eux. Mais comme ces « grands projets », tout bien considérés, n’étaient toujours que des bagatelles – l’organisation d’une fête, la construction d’un amphithéâtre, trouver un nouveau slogan pour la ville – tout le monde conservait l’assurance que rien n’allait se passer.  

Et de fait, que reste-t-il de tout cela ? Les plus généreux diront que nous avons « gardé un sentiment de fierté » après les célébrations du 400e, ce qui est fort douteux et qui n’est pas grand-chose de toute façon ; le stade n’est pas prêt à accueillir d’équipe de hockey ; personne, finalement, ne s’est approprié la nouvelle « image de marque » de la ville, qui ne sert tout au plus qu’à décorer quelques brochures, faites pour finir au recyclage.

Ainsi, par-delà les plateformes et les engagements, il se pourrait bien que ce soit le candidat qui arrive le mieux à incarner l’équilibre entre ce mouvement de surface et ce conservatisme de fond qui l’emportera le 7 novembre. 

Celle que l’on surnomme « la dauphine du maire », Marie-Josée Savard, a jusqu’ici fait le pari de la discrétion, ce qui est une autre façon de dire qu’elle compte (consciemment ou non) tirer profit l’indifférence relative des électeurs. Bien des gens à Québec sont en effet ou bien satisfaits de la façon dont vont les choses, ou bien parfaitement insensibles à la politique municipale. Ainsi ils pourraient être enclins à appuyer celle qui leur vante les mérites de la continuité. Sans oublier qu’un taux de participation bas – ce qui est la règle plutôt que l’exception aux élections municipales – favorise habituellement les administrations en place. 

Miser sur la prudence et la nuance, comme l’a fait Bruno Marchand dans les premières semaines de la campagne, paraît aussi une option viable. Lorsqu’on évalue, qu’on pèse le pour et le contre, qu’on attend de consulter les experts, on donne en effet l’impression que des choses se trament doucement, et cela répond bien aux besoins des électeurs. Les risque que court potentiellement M. Marchand, c’est de ne pas suffisamment donner le sentiment que les choses bougeront sous sa gouverne ; mais cela est contrebalancé par sa posture d’outsider et par la nouveauté de sa formation politique. 

Faire campagne pour défaire un gros projet en cours, comme a choisi de le faire Jean-François Gosselin, n’est pas non plus une mauvaise stratégie. Mais en promettant de mettre en chantier un autre gros projet – qui soit dit en passant ne semble pas soulever de grandes passions jusqu’à présent – le chef de Québec 21 se hasarde sur un terrain qui n’est peut-être pas du goût de l’électorat.   

Du côté de Démocratie Québec, on a décidé de mener une campagne honnête et de « miser sur les enjeux » et sur l’excellente maîtrise des dossiers que démontre jour après jour Jean Rousseau. C’est pourquoi sans doute M. Rousseau serait un très bon maire, mais ce n’est pas nécessairement de cette façon que se gagnent des élections municipales – ce qu’on peut déplorer, et qu’il faut en même temps reconnaître. 

Enfin, la volonté de « changer de cap » et de modifier radicalement nos habitudes qui est celle de Transition Québec, toute noble qu’elle soit par ailleurs, est manifestement décalée par rapport au sentiment général de l’électorat.

En mer, on dit que pour dominer la houle, il faut savoir deviner les courants de fond. En réalité, le naufrage attend le capitaine qui néglige l’une ou l’autre… à moins bien sûr qu’il ait de bonnes raisons de le faire ! 

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