C’est ce jeudi matin que le candidat Mbaï dans Saint-Roch-Saint-Sauveur a été prévenu d’un graffiti raciste réalisé sur une pancarte électorale, intersection chemin Arago est et Nazaire Fortier.
Le chef de Démocratie Québec, Jean Rousseau, tenait à dénoncer clairement le geste et à adresser le problème qui est selon lui un enjeu social et électoral. Il invite aussi les autres chefs à réagir et à prendre des engagements clairs et concrets pour lutter contre le racisme à Québec.
Une « connerie » fortement dénoncée
« C’est complètement inacceptable, c’est de l’imbécillité, lance Jean Rousseau, mais ça montre un problème plus profond. Ce n’est pas vrai qu’on peut permettre aux gens de dire ce qu’ils pensent quand c’est des conneries aussi insensibles que celle-là. »
« Dans cette campagne nous avons pris position contre le racisme, pour l’inclusion, poursuit-il, C’est un geste aujourd’hui qui nous meurtrit et qui nous fait mal à tous. »
Mbaï a tenu lui-même à prendre la parole pour dénoncer le racisme dont il est victime, en soulignant d’emblée que « le mot nègre signifie sous-humain ». « Certains pensent que c’est un geste égaré ou anecdotique, affirme-t-il, mais à Québec c’est récurrent. »
C’est la première pancarte du candidat à avoir été vandalisée, mais deux autres ont été retirée la semaine dernière.
Québec : une ville raciste ?
Mba¨ï rappelle qu’au parc Victoria, au mois de juin dernier, des gens incitaient à la haine contre les noirs. Au mois d’août, la fresque « Black Lives Matter » sur la rue Saint-Réal a été vandalisé avec l’inscription « sale nègre ».
« D’après statistique Canada, explique Mbaï, la ville de Québec est la quatrième ville des 35 plus grandes villes où il y a le plus d’actes haineux, des actes qui visent les personnes racisées, musulmanes ou LGBTQ. »
« La meilleure façon de préserver la réputation de la ville de Québec, poursuit le candidat dans St-Roch, St-Sauveur, c’est de ne pas pelleter le problème sous le tapis et de cesser de jouer à la politique d’autruche. »
« Le racisme est un système politique de répartition inégale des pouvoirs entre personnes blanches et personnes non-blanches », s’avance à définir Mbaï. « Qu’est-ce qu’ils disent les autres partis par rapport à cet enjeu ? C’est une question politique et collective. Dans quelle ville voulons-nous vivre ? », poursuit-il.
Le problème du profilage raciale
Mbaï affirme que la population de Québec « doit se sentir interpellée et doit exigée des candidats municipaux des réactions et des solutions claires pour que ça change ».
La commission sur la sécurité publique permanente à laquelle s’engage Jean Rousseau vise à discuter du profilage racial et du racisme dans notre communauté. Cette formule est déjà en place à Montréal. « Les citoyens pourraient interpellés le services de police de Québec pour que nous puissions avoir un véritable dialogue », suggère-t-il.
« On ne reconnaît pas qu’il y a un enjeu de profilage racial avec le service de police », poursuit-il. Il raconte l’histoire de son candidat Bertrand De Lépinay qui est noir et conduit une mercedes blanche. « C’est arrivé à plusieurs reprises que les policiers le vérifient, raconte-t-il, ce n’est pas un trafiquant de drogues, c’est un gestionnaire de restaurants réputé à Québec. »
Mbaï lui-même raconte qu’il a été interpellé par la police l’an dernier au sujet de l’usage d’un téléphone au volant, alors que ce n’était pas le cas.
« C’est un cas classique connu des personnes noires, assure-t-il, mais c’est le problème du profilage racial c’est que nous n’avons pas la preuve de ce que nous avançons. C’est la parole du policier contre la nôtre. La seule preuve c’est : est-ce qu’on ferait la même chose à un blanc ? Serait-il soumis au même traitement ? »
« Ça nous prend des données pour agir sur cet enjeu », admet-il.
La formation policière en cause
Mbaï clarifie qu’il ne s’attaque pas aux individus policiers, mais à « une culture organisationnelle ».
« Il y a beaucoup de policiers qui font du profilage raciale sans le savoir, car à la police, on leur enseigne que le jeune délinquant par excellence c’est un jeune noir dans une belle voiture, atteste-t-il , c’est ça la formation. Ce n’est pas la faute des policiers. »
« Le racisme ce n’est pas la méchanceté, ni l’ignorance des individus. C’est un système », conclut-il en ayant évité d’utiliser l’expression polémique « racisme systémique ».
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