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Ricardo : repenser l’éducation avec la cuisine

Lancement du Lab-École ce lundi. Ricardo Larrivée, Pierre Thibault et Pierre Lavoie. Crédit photo : Les Festifs.

Dans la cadre du lancement ce lundi de la nouvelle publication, Penser la cour de demain, nous avons discuté avec Ricardo Larrivée de la vision globale du Lab-École et de sa pertinence pour repenser l’éducation.

D’où vient l’impulsion du Lab-École ?

« Il y a quatre ans, Pierre Lavoie, Pierre Thibault et moi avons eu l’idée de dire :  » dans les années à venir, il y aura des milliards qui vont être dépensés pour réparer les écoles, est-ce qu’on ne devrait pas prendre ce moment là pour réfléchir à la façon dont les écoles sont construites ? ».

On a créé un organisme à but non lucratif. Plus d’une centaine de personnes, autant du milieu de l’éducation que du gouvernement sont impliqués. Nous sommes, je dirais, les batteries derrière tout ça parce qu’on avait la volonté de réunir des gens qui ne se parlent pas souvent pour faire autrement. »

Il explique que les projets des six écoles sont tous réglés et qu’il reste seulement des détails techniques, dont la partie du financement du gouvernement.

Quel est le rôle de la cour d’école dans l’éducation des enfants ?

« Quand on posait des questions aux jeunes, ils nous disaient que ce qu’ils préféraient à l’école est la cour. Ça n’avait pas de sens pour nous que la cour d’école ne soit pas un élément réfléchi autrement.

Avec ce document de 230 pages, nous nous sommes dit que pour toutes les écoles qui veulent réfléchir leur cour, ça leur fait un outil qui leur permettra de sauver beaucoup de temps et de réflexion parce que ça a déjà été fait. » 

Quel est le problème avec l’école et la cour d’école actuelles ?

« L’école n’était pas pensée. Elle était construite comme on le fait depuis 150 ans : un corridor, des classes chaque côté et des petits gymnases. Les écoles sont fermées le soir, la fin de semaine et l’été. On trouvait que ça n’avait pas de sens que ce bien collectif payé par tout le monde ne soit pas utilisé. Pourquoi on ne pourrait pas faire des jardins communautaires, donner des cours de cuisine ou organiser des cuisines collectives ?

L’école n’est pas conçue pour les enfants d’aujourd’hui. Tous les enfants mangeaient à la maison à l’époque et maintenant il mange à 96% à l’école où il n’y a pas de salle à manger. Ce n’est pas pour tirer la pierre à personne : c’est comme ça partout et pour la vaste majorité des écoles en occident !

Le gouvernement était très d’accord avec le fait de prendre le moment pour prendre de l’avance dans notre réflexion sur les écoles en se disant « effectivement, c’est le moment d’investir, nos enfants le méritent ».

Le projet avance toujours et influence les écoles que le gouvernement construit. Ce n’est pas pour rien que c’est un laboratoire. C’est là pour être un modèle pour les autres écoles et pour sauver du temps dans cette réflexion. » 

Pourquoi est-ce important que des gens de l’extérieur du milieu repensent et transforment l’éducation ?

« L’éducation ça touche tout le monde. C’est notre futur les enfants qui sont à l’école. Nous avons le privilège d’avoir des droits de parole, des plateformes. C’est notre rôle d’être des alliés de ceux qui veulent se faire entendre depuis des années. Nous avons réglé le problème de confiance du départ en disant : « Oui, on est connu, non on est pas des spécialistes, mais on peut être un beau levier. » On peut être vos partenaires.

On a motivé les gens qui ont les connaissances et l’énergie pour le faire. On a prouvé ce qu’on avait dit au départ : donnez-nous une chance, on a le goût de le faire. Pierre Lavoie (l’athlète) n’a plus de preuve à faire en sport. Il a augmenté le désir du bien-être par la littératie physique. Je l’ai fait en alimentation et Pierre Thibault (l’architecte) avait le désir de mettre son talent au service de l’État. »

Vous dites que l’école est un lieu scolaire, mais aussi un lieu émotif. Quelle est l’importance des émotions dans l’éducation ?

« On rêve tous que nos enfants aient une belle expérience à l’école. Malheureusement pour un certain nombre, ce sera leur première expérience d’intimidation. L’école nous met dans un contexte à 100% de compétitivité, même dans la cour, à chaque fois qu’il y a du sport.

Les cours d’école devraient être bienveillantes, pour répondre à un besoin de relaxation. Un enfant qui rentre de la récréation et qui se sent bien va être bien plus apte à étudier. C’était important de contribuer à un environnement qui contribue à mieux apprendre.

Ce qui est important c’est qu’il y a des études derrière tout ça. Il s’agit de prendre toutes les études et de les réunir. On en fait pas un dogme, c’est-à-dire qu’on essaie quelque chose et si ça ne fonctionne pas, on le change. Une école doit répondre à son milieu. Les besoins ne sont pas les mêmes partout et il faut en tenir compte.

Plus tard, ce sera même un avantage touristique et économique. Tu auras appris que dans ta région, il y a tel fromage et que dans la cour c’est plus facile de faire pousser tel légume. C’est de faire de l’école un lieu d’épanouissement. »

Vous dites que vous avez écoutés les souhaits et besoins des enfants pour repenser l’école et la cour. Comment faire un projet unifié qui plaira à chaque petit rêveur ?

« Il faut d’abord les écouter, car les enfants ne sont jamais consultés. C’était notre base, soit de commencer par leur demander quels sont leurs attentes et leurs besoins. C’est ça la priorité. À partir du moment où on les écoute, on va avoir des bonnes écoles, car ils savent ce qu’ils veulent.

Il n’y a pas un adulte qui accepterait que pendant son heure de diner, on lui dise ce qu’il va faire, combien de temps il va manger et à quoi il va jouer. C’est certain que ça ne marcherait pas ce régime totalitaire là, mais on l’exige des enfants.

Les enfants se ressemblent beaucoup par rapport à leur souhait. Si j’oublie le soccer et le basketball qui sont déjà présents, le numéro un c’est les arbres ou tout ce qui est biophilie. Ils veulent des lieux pour marcher, se regrouper. Ils veulent jouer avec la nature. Ce sont des trucs pas très complexes à faire. Il faut seulement être créatif et il y a plus d’avantages à faire les choses autrement. »

Étant reconnu comme chef cuisinier, vous vous êtes sûrement intéressés à l’impact de l’alimentation dans l’éducation. Qu’avez-vous découvert ?

« C’est probablement le plus grand impact qu’il peut y avoir avec le sport. La cuisine et le sport répondent au même besoin : travailler sur l’estime de soi. Il y a un manque de transmission de savoir du côté alimentaire. D’abord, on sait très bien qu’un enfant qui n’a pas faim va mieux apprendre. On sait très bien que manger ensemble diminue l’agressivité, inculque des valeurs démocratiques, parce qu’il faut que tu apprennes à prendre ta place. C’est un moment aussi pour ventiler. Des enfants qui cuisinent, c’est bénéfique pour l’ensemble de la famille. »

Enseigner par le biais de la cuisine

Ricardo Larrivée explique que le Lab-École Saguenay compte parmi l’équipe une nutritionniste à temps plein. Les élèves ont accès à un potager dans la cour qui leur permet d’amener des légumes dans leur classe avec d’autres aliments.

Par exemple, imagine Ricardo Larrivée, si un professeur d’histoire veut donner un cours sur le Chili, il pourra donner son cours dans l’atelier de la nutritionniste. Celle-ci trouvera une recette chilienne et les enfants achèteront leurs fruits et légumes fictivement dans une mini-épicerie. Ils vont savoir le coût des aliments et ils vont les cuisiner. Ils pourront ensuite organiser une boutique où ils vont vendre leurs recettes une fois par semaine aux parents et à la famille. Cet argent servira à continuer cette boucle.

« Tu encourages l’économie locale et tu développes la fierté, explique Ricardo Larrivée. Tout ça se tient ensemble. »

Il suggère aussi qu’un professeur de mathématique peut utiliser un atelier de cuisine où la recette est facile, mais doit par exemple être multipliée par deux.

« Tu peux faire de la science, de la chimie, de la religion, du vivre-ensemble ou un cours de lecture. Tout est possible. », conclut le chef cuisinier.

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