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Le client est un roi!?

Mardi. Je suis au resto, un fast-food dont je tairai le nom parce que j’aime que le monde croient que je fais attention à mon alimentation (même si en réalité, j’ai une diète moins équilibrée que celle de la plupart des ratons-laveurs). 

Je suis en train de savourer mon burger extra bacon, extra fromage en grains frits extra extra bacon, accompagné de son lit de frites bien grasses, extra bacon, lorsque des hurlements de rage retentissent, laissant transparaître une vive douleur existentielle.

“Voyons, es*** de cal** d’hos*** de tab***! J’avais dit PAS, DE, KETCHUP!!”

Je me retourne, et découvre un homme dans la cinquantaine. Un homme qui fait très “Môssieur”, avec sa bedaine, sa calvitie et sa face toute rouge de haute pression, comme si on avait remplacé son sang par du ketchup.

Mais du ketchup rouge, là. Pas du ketchup vert. Sinon, sa face serait verte. Et je n’ai pas de blagues sur Hulk. Ou le Géant Vert. Ou Schtroumpf malade. C’est pour cela que j’ai opté pour du ketchup rouge. Rouge comme le sang. Le sang de la haute pression du Môssieur en colère qui projette son burger au ketchup sur le mur derrière le comptoir.

Les employés et les clients se terrent à qui mieux mieux pour ne pas subir les foudres de cette force de la nature qu’est un Môssieur qui a accidentellement reçu du ketchup en plein burger!

Pas moi.

Je continue à manger mon burger tandis qu’il vocifère.

Entre deux bouchées, sans le regarder, et d’un calme légendaire dont on vantera encore les vertus dans 100 ans, je lui dis : “Dure journée?”

“Va chier!”

Je reste stoïque. Comme du marbre. Du marbre stoïque. “Je demande, parce que j’imagine que t’as dû avoir une solide journée de schnoutte pour en arriver à péter ta coche pour une histoire de ketchup non-sollicité!”

“Si je veux du keutchup, c’est parce que j’en veux pas, ok? Messemble que c’est facile à comprendre!”

Je trempe ma frite dans le marais de ketchup qui borde mon assiette. “Très facile. Mais c’est quand même pas une raison pour terroriser les gens, ou pour gaspiller de la super de bonne bouffe en la garrochant sur le mur comme un enfant de quatre ans qui pique une crise parce qu’en cadeau de fête, il a reçu un iPad mais qu’il n’est pas de la bonne couleur.”

Oh là, le ketchup lui monte au nez. “Hey, je suis un client, moué. Pis le client est Roi, ok? C’est mon droit fondamental de me faire traiter comme un roi. Mon. Droit!”

D’un habile et vigoureux coup de napkin, j’essuie le ketchup sur le bord de ma bouche. “Tu veux te faire traiter comme un roi? D’accord! On va te traiter comme tous les Rois qui terrorisaient le peuple et ne vivaient que pour leurs petits caprices capricieux. On va te passer… à la guillotine!”

Je claque des doigts.

Les employés l’agrippent.

Môssieur se débat. “Hey, wô menute, là! Vous avez pas le droit de faire ça. La peine de mort est interdite au Canada!”

La gérante s’immisce dans la conversation. “Y’a raison. En plus, on n’a pas de guillotine…”

Môssieur reprend du coeur au ventre. D’un ton baveux, il me lance : “Faque qu’est-ce que tu vas faire, han?”

Regard complice entre la gérante et moi-même. Puis elle le regarde dans les yeux. “On va te descendre au sous-sol… je veux dire, au cachot! Et on va te garder là à tout jamais. Et on va te nourrir strictement au pain sec… et au ketchup!”

Môssieur hurle de terreur pendant que les employés l’attachent avec les petites bandes de plastique intuables qui tiennent les boîtes de poulet ensemble.

Il disparaît derrière la porte “EMPLOYÉS SEULEMENT”, pendant que les clients scandent “À bas la monarchie restaurantaire!”

Je me rasseois pour finir mon burger.

Une dame âgée s’approche. “Mautadit que je comprends pas le monde qui se choquent dans un restaurant. On te prépare ta bouffe, on te la sert dans des temps records, et lui, il trouve le moyen de ne pas être content! Mautadit que je comprends pas ça.”

Moi non plus, madame. Moi non plus…

NB. Cette histoire est basée sur des faits réels, mais aurait potentiellement peut-être avoir pu être romancée pour la rendre plus attrayante que juste “J’étais au restaurant, quelqu’un s’est fâché contre les employés, et ça m’a tappé sur les nerfs”.

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