La sortie a surpris, un peu. Un curieux malaise se dégageait de la conférence de presse de Québec 21 au cours de laquelle le chef de cabinet du parti, Richard Côté, est passé à l’attaque. Et pas qu’un peu…
Il s’en est pris à la presse, au sort que les journalistes ont réservé au projet de métro léger. Il a eu des critiques « corrosives » à l’endroit de ses adversaires Bruno Marchand et Marie-Josée Savard : il a déploré l’inexpérience et le marketing de l’un, l’inaction et l’incompétence de l’autre.
Ce qu’il dit est dur, mais plutôt juste : je l’ai moi aussi souligné à maintes reprises.
Mais, ça m’a ramené à l’esprit la question que j’avais depuis des mois : pourquoi a-t-il choisi l’ombre, alors qu’il est lui-même 10 fois plus compétent que son chef? Richard Côté, souvenez-vous, était le bras droit (ou gauche) de Labeaume. Il a eu les deux mains dedans, pour dire les choses clairement. Il connait. Il sait. Il l’a fait.
Pourquoi a-t-il choisi de rester derrière quelqu’un qui a eu beaucoup de misère à essayer d’établir sa crédibilité politique?
La réponse réside peut-être dans le ton de la sortie : il n’a plus le goût d’user du tact obligatoire qui vient avec la fonction de chef. Pas que Labeaume avait un ton respectueux. Côté était dur, parfois, mais ça restait à l’intérieur des limites. Aujourd’hui, il n’a pas l’air de quelqu’un qui a envie de respecter les limites. Alors, il s’est peut-être dit qu’il valait mieux rester derrière, à conseiller et guider, sa mèche étant désormais plus courte.
En conférence de presse, ça avait l’air d’un « pétage de coche » en règle. La vapeur est sortie. Ça se comprend : il a l’impression que ses adversaires l’ont facile, alors qu’eux sont dans les câbles depuis le lancement de leur projet de rechange au tramway. Après des semaines de campagne, la fatigue, la répétition des misères, ça finit par user…
Je ne peux pas m’empêcher de me demander ce que l’on aurait dit du projet si Richard Côté l’avait porté lui-même, s’il avait été chef. Est-ce qu’on l’aurait écouté davantage? Les critiques diront que le projet n’aurait pas eu plus de qualités techniques. Certes. Mais, la capacité d’expliquer et la crédibilité du porteur auraient-elles eu un effet sur le public?
C’est fort possible.
À quelques jours du vote, la pression est à son maximum. En posture fragile, l’envie de jeter les gants est devenue très forte chez lui. J’avoue que je me pose aussi des questions sur la couverture médiatique. On se pose toujours des questions à ce propos, de fait…
Mais, feront-ils des gains avec une sortie du genre? J’en doute. Ceux qui sont du même avis ne feront que confirmer leurs impressions, alors que les autres se demanderont s’ils ne viennent pas de concéder la victoire.
Car, oui, malheureusement, l’image est très (trop) importante en politique. Et cette image défaitiste pourrait convaincre les indécis d’aller ailleurs, justement…
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