Le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS) a dénoncé l’inaction de la Ville pour sécuriser l’intersection du boulevard Charest et de la rue Marie-de-l’Incarnation lors d’un rassemblement tenu sur place, le 2 novembre. La veille, un jeune homme y a été sérieusement blessé après avoir été heurté par une voiture.
« Depuis plusieurs années, des résidents-es et le CCCQSS dénoncent le fait que cette intersection n’est pas sécuritaire et demande à ce que la Ville agisse. Force est de constater que les piétons-nes ne sont pas la priorité pour l’administration municipale. Cette intersection reste problématique et on attend toujours l’intervention de la Ville, l’accident d’hier nous le rappelle », a indiqué le CCCQSS.
Lors de la mobilisation tenue le 2 octobre, en fin d’après-midi, les militants et militantes ont notamment traversé les deux artères aux feux pour piéton, avec slogans et pancartes, question d’attirer l’attention sur la sécurité routière dans le secteur.
Agir
« On veut que la Ville prenne action sur les aménagements aux intersections pour que les voitures ralentissent, pour qu’on sente que c’est la fin d’une autoroute et qu’on arrive dans un quartier résidentiel. Lorsqu’on dit « aménager », c’est vraiment de rendre visible (le fait) qu’il y a beaucoup de piétons qui traversent à cette intersection, soit faire une avancée de trottoir, mettre une limite de vitesse et s’assurer que les gens respectent cette limite de vitesse », a soutenu Sarah-Jane Ouellet, animatrice-coordonnatrice au CCCQSS, lors de l’action de mardi.
« Présentement, c’est très dangereux. Ça fait longtemps que cette intersection est un enjeu que le Comité défend. On revendique que la Ville fasse action et pas seulement augmenter le temps de traverse, parce que ce n’est pas nécessairement ça, l’enjeu. Même si on a plus de temps de traverse, il faut attendre de 3 à 5 secondes avant de traverser juste pour être sûr que les autos s’arrêtent », ajoute Mme Ouellet en entrevue.
« Ça suffit! On le dit depuis des années que cet endroit-là est dangereux et inhospitalier pour les gens », lance de son côté la présidente du Conseil de quartier de Saint-Sauveur, Myriam Nickner-Hudon, rencontrée sur les lieux.
« La Ville de Québec a été sacrifiée pour la fluidité de la circulation automobile. En ce moment, ce n’est pas la mobilité des personnes qui est importante, c’est la fluidité de la circulation routière. Si on avait une Ville qui se souciait du monde, on aurait vraiment une mobilité sur le sens du monde. On aurait un aménagement qui serait bienveillant, qui viendrait mettre vraiment des bâtons dans les roues au niveau de la présence de la circulation qui est trop lourde. Elle est trop lourde! On est dans un quartier résidentiel! On est dans un quartier où il y a beaucoup de pauvreté, de clientèles vulnérables », enchaîne Mme Nickner-Hudon.
« Le (supermarché) Métro, ici, c’est l’épicerie de proximité pour tout le monde. Ça génère un stress immense de traverser (les multiples voies). Il n’y a aucun aménagement prévu pour nous donner une sécurité. Les lumières pour piétons ont beau être rallongées, l’aménagement n’est toujours pas plus intéressant », poursuit-elle.
« Ça va prendre énormément de volonté politique pour contre-plaire à une partie de la population qui aime beaucoup son char, pour nous laisser de la place pour vivre », lance la présidente du Conseil de quartier.
« Les gens se pensent encore sur l’autoroute », dit-elle au sujet du boulevard Charest.
Des candidats présents à l’action
Des candidats aux élections municipales du 7 novembre étaient présents lors de l’action de mardi, dont Pierre-Luc Lachance, conseiller municipal sortant de Saint-Roch-Saint-Sauveur et candidat de Québec Forte et Fière pour le même district.
Quel message a perçu M. Lachance de la part des citoyens lors de cette action et que compte-t-il faire s’il est réélu aux prochaines élections?
« J’ai perçu un écœurement. J’ai perçu un vase qui a débordé, j’aurais tendance à vous dire avec raison (…). Dans les dernières années, j’ai vraiment travaillé, particulièrement sur cette intersection, à essayer de faire changer les choses. Toujours, ç’a été compliqué. Toujours, on s’est buté à une culture organisationnelle qui laissait place à dire « Bah, c’est comme ça! Il faut assurer la fluidité des véhicules et tout »… Non! Il faut protéger nos plus vulnérables et dans ce cas-ci, c’est les piétons. Cet espèce d’immobilisme qui a été amené sur la fluidité automobile, c’est le changement de culture qu’il faut apporter. C’est ce qu’on veut apporter après le 7 novembre avec Québec Forte et Fière », répond le conseiller sortant, en entrevue.
Le prolongement du temps de traverse (notamment trop court pour les aînés à cet endroit), l’interdiction complète du virage à droite sur feu rouge et la mise en place d’un radar photo pour réduire la vitesse comptent parmi les enjeux et solutions soulevés par M. Lachance pour l’angle Charest Ouest et Marie-de-l’Incarnation.
Des préoccupations qui reviennent
À la mi-octobre, Myriam Nickner-Hudon avait d’ailleurs fait part de ses préoccupations à l’égard de cette intersection et d’une autre située non loin, à l’angle des rues Kirouac et Marie-de-l’Incarnation.
En mai dernier, rappelons qu’une femme dans la vingtaine a aussi été happée par une voiture sur le boulevard Charest, à l’angle de la rue Verdun, non loin de la rue Marie-de-l’Incarnation.
En septembre 2020, la Ville de Québec a adopté sa nouvelle Stratégie de sécurité routière 2020-2024. D’ici 2024, elle investira 60 millions $ dans cette stratégie, qui s’inspire des fondements de la Vision Zéro, qui part du principe qu’aucune mort ou collision grave sur la route n’est acceptable.
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