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Budget couleur Labeaume

Cet exercice fondamental du dépôt du budget pour une ville est une occasion de communication extraordinaire pour dire aux citoyens ce qu’il en est et, surtout, où est-ce que nous allons.

Le premier budget de la nouvelle administration est spécial pour plusieurs raisons, mais principalement pour un élément bien particulier : il n’est pas si spécial que ça.

Ce n’est pas la faute du conseil. En fait, nous voyons, devant nos yeux, ce à quoi sert un appareil municipal. Certes, les élus mettent la main au budget. Ils se réunissent, ils discutent, ils font valoir leurs priorités et c’est important : puisque le parti au pouvoir est minoritaire, il est obligé de négocier. Chaque point doit être voté. Il faut donc transiger, laisser tomber des éléments, insister sur d’autres… c’est le « carcan » positif et démocratique imposé par les électeurs. C’est merveilleux. 

En même temps, personne ne peut pondre un budget en 4 semaines. C’est plutôt le fruit d’un long et patient travail de fond de l’appareil municipal qui accompagne les élus et les aide à prendre les meilleures décisions budgétaires en fonction des grandes orientations et des contraintes qu’ils trouvent sur leur chemin. À cet égard, le travail du directeur général est extrêmement important. C’est lui qui fait en sorte qu’on présente des scénarios crédibles qui permettront aux élus de faire leurs choix. Et il était prêt, le dg : il a présenté des scénarios qui tenaient compte des promesses électorales. C’est même le dg qui a soumis à Marchand l’idée de réaliser tout de suite la promesse des crédits de taxes aux commerçants. 

C’est cet élément, et d’autres comme les mesures liées au développement durable, qui ont fait dire à plusieurs que ce budget avait une « couleur Marchand ». Pour être plus juste, il faut admettre une chose : c’est surtout un budget couleur Labeaume. C’est pas seulement parce que l’ancien maire est plus fin que les autres, c’est d’abord parce qu’une très large partie du budget est déjà « cannée » : les contrats signés seront respectés, les salaires seront versés, les dépenses inévitables seront faites, la plupart des investissements prévus seront réalisés, les paiements de la dette vont se poursuivre, sans oublier le fait (très important et qui conditionne énormément les choix) qu’une ville est obligée, par la loi, de déposer un budget équilibré. De fait, une Ville ne se vire pas sur un 10 cents, pour reprendre l’expression connue. Elle ne peut renier (du moins sans en souffrir) sa signature et changer d’avis, au gré du vent.

La « couleur Labeaume » (et de ceux qui l’ont accompagné, tant élus que fonctionnaires) est plutôt dans le cadre financier qui a été imposé, une stratégie budgétaire qui pavait le chemin sur 10 ans. Le cadre a été suivi à un point tel que des chroniqueurs comme François Bourque ont écrit que les budgets de la Ville de Québec étaient « ennuyeux et prévisibles ». Bien gérer, c’est pas sexy, en somme. Car, oui, le plan de match a été respecté, ce qui fait en sorte que le nouveau conseil trouve une « maison en ordre », contrairement à ce qu’on voit ailleurs, au provincial ou au fédéral. Souvent, on entend les nouveaux gouvernements se plaindre que la situation est « pire que ce à quoi ils s’attendaient ». Pour Marchand et le conseil, c’est exactement le contraire : Labeaume a laissé de la marge de manœuvre qui a permis aux nouveaux venus d’y mettre « leur couleur ». Et même là, plusieurs des mesures annoncées sont nées entre les mains de l’ancien conseil, incluant la hausse des investissements en développement durable.

C’est tout cela qui fait réaliser que, au fond, il n’y avait pas grand intérêt à faire une révolution budgétaire : le cadre était pertinent, le bilan était bon.

Est-ce que le budget est assez vert? Pas au goût de la conseillère Jackie Smith qui le déplore. En même temps, sur quelle base le conseil aurait pu se lancer tête baissée dans la transition écologique? J’ai beau personnellement souhaiter fort fort que le développement durable prenne plus de place, le résultat électoral ne va pas dans cette direction. Les partis QFF, ÉMJS et QC21 n’avaient pas de plateforme écologique très prononcée (timide serait plus juste), DQ était un peu plus vert, mais a été rayée de la carte. Reste TQ qui a bien fait au centre-ville, mais ramassé des miettes dans les banlieues. La candidate à la mairie a récolté un maigre 6,56 % des votes. Avec le faible taux de participation, ça donne à peine 3 % de votes directs pour Smith. C’est pas ce qu’on peut qualifier d’appel puissant à la révolution écologique. 

Ce que les gens de Québec ont dit se résume peut-être à ceci : continuez, en gros, ce qui avait été commencé, en corrigeant, un peu et en prenant votre temps

C’est exactement ce que ce conseil vient de faire.

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