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La pauvreté, c’est pas un cadeau

En décembre, c’est une tradition : on tient la guignolée des médias partout au Québec pour donner un coup de main aux comptoirs alimentaires. C’est bien, c’est même nécessaire.

Par David Lemelin

Chaque fois, j’ai pourtant la même réflexion : c’est trop peu. Je ne cherche pas à culpabiliser les médias, mais à comprendre pourquoi c’est comme ça, depuis toujours. Pourquoi on ne parle presque jamais de pauvreté? Pourquoi c’est si peu présent dans l’espace public?

J’ai été chef des nouvelles, j’ai dirigé des équipes de journalistes. Quand on choisit les sujets qui iront dans le bulletin ou dans le journal, on se pose toujours la même question : qu’est-ce qui intéresse les gens?

C’est une très bonne question. 

Sondage après sondage, bilan après bilan, on verra que les sujets qui intéressent le plus les gens sont ailleurs : le Canadien, les frasques des vedettes, les scandales, puis de ce temps-ci les mauvaises ou les bonnes nouvelles concernant la COVID-19, le troisième lien, etc. Etc. Viendront ensuite, on peut le présumer, des sujets comme l’environnement, le climat, puis en bas de la liste… la pauvreté. 

On pourrait donc conclure que la pauvreté n’intéresse pas les gens. Mais, est-ce que ça n’intéresse pas les gens parce que les médias n’en parlent pas assez, ou est-ce parce que ça ne les intéresse pas que les médias n’en parlent pas assez?

C’est difficile de trancher et la question n’est pas de culpabiliser qui que ce soit. L’idée est simplement de nous sensibiliser au sort de plusieurs d’entre nous, une réalité qui reste dans l’ombre, bien souvent. 

De toute évidence, la pauvreté ne fait pas beaucoup de bruit. C’est peut-être dans sa nature : la personne en situation de pauvreté est laissée à elle-même. Va-t-elle organiser une conférence de presse ou tâcher de survivre? 

Voilà. La pauvreté, ça s’endure dans le silence, loin des regards. 

On ne s’en vante pas quand on est mal pris et ceux qui vivent l’abondance n’ont pas toujours le temps de jeter un regard autour d’eux. Peut-être aussi parce que, quand on n’en parle pas, on se sent moins coupable?

Alors, ne parlons pas de culpabilité, mais de solidarité. Avec le temps froid, certains se rappellent que la pauvreté, c’est très rude, c’est violent même. On y pense plus, c’est normal, quand il fait -20. Et on y pense beaucoup plus à l’approche des Fêtes, parce qu’on sait la chance qu’on a quand on peut offrir des cadeaux, gâter nos proches. 

Oui, on y pense plus de ce temps-ci, moi le premier.

Or, la pauvreté existe, même si Québec est une ville riche et dynamique. Elle existe, même quand il fait beau et chaud. Il ne nous appartient pas, comme individu, de régler le sort du monde, direz-vous? C’est vrai. Mais, un petit geste à la fois, un don, un dollar, qu’on additionne… c’est fou ce qu’on est capable de faire, collectivement. 

Alors, faisons un geste. Tout un chacun.

Et je promets de vous parler à nouveau de pauvreté, pas seulement à la veille de Noël.

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