Le SPVQ tenait un point de presse ce jeudi après-midi où Denis Turcotte, chef de police de Québec, a fait le point sur l’enquête en cours concernant les évènements des derniers jours et les vidéos circulant sur les réseaux sociaux.
Denis Turcotte a tenu à informer les citoyens que tous les évènements sont pris en charge dans la présente enquête, dont celui qui a fait surface mercredi et qui serait survenu le 16 octobre.
Six arrestations sur Grande Allée
Concernant l’altercation survenue en fin de semaine sur Grande Allée, le chef de police affirme que des voies de faits ont été commis à l’intérieur de l’établissement licencié. « Les gens impliqués se sont retrouvés à l’extérieur et causaient du désordre, explique-t-il, les policiers sont alors intervenus pour disperser la foule. »
Toutefois, ce n’est pas l’établissement qui aurait téléphoné au SPVQ. Les policiers étaient déjà sur place lors des évènements.
Ils auraient procédé à six arrestations, dont celles de deux individus qui ont résisté et qui ont fait l’objet des vidéos circulant sur les réseaux sociaux. Ces constats d’infraction auraient été remis en main propre ou envoyés par la poste, explique Denis Turcotte, dont celui de Pacifique.
Les deux individus auraient été retenus pour « prévenir tout risque de récidive » et auraient été conduits en détention. Ils auraient par ailleurs été « remis en liberté quand le risque de récidive était terminé ».
Le chef de police précise que ce sont une vingtaine de policiers qui auraient été déployés sur Grande Allée. « Cinq policiers ont été suspendus, explique-t-il, car ils ont pris part à l’évènement de manière plus rapprochée. Dans le but de préserver l’intégrité de l’enquête et des policiers, j’ai pris la décision de les suspendre. »
Il soutient que tous les documents pour l’enquête auraient été récupéré. « Par contre, au niveau des séquences vidéos de témoins et de citoyens, nous sommes à la recherche de l’ensemble des vidéos pour compléter et étoffer notre preuve », explique Denis Turcotte.
Il assure par ailleurs que tous les vidéos sont considérés et pris en charge par le SPVQ.
Les méthodes sont-elles toutes acceptables pour maitriser un individu récalcitrant ?
Vu la réaction de la population qui juge inacceptable les actes commis par les policiers sur les images diffusées, nous sommes en droit de se demander si tous les moyens sont légitimes.
Denis Turcotte réitère à plusieurs reprises qu’il attend d’avoir toutes les informations pour statuer et juger si les actes étaient répréhensibles ou non, d’où la nécessité de l’enquête. « Nous faisons des enquêtes rigoureuses et en profondeur », assure-t-il.
Il ne peut donc pas dire si la force utilisée était abusive ou non. Il explique par ailleurs qu’il est coutume d’utiliser de la force dans ce genre de situation. « Si le vidéo est pris hors contexte, on ne peut pas savoir, il faut faire une enquête », répète Denis Turcotte.
En somme, il faut savoir si l’individu résistait à son arrestation et si les actions commises par les policiers visaient à le maitriser pour statuer sur la légitimité de la violence. « L’usage de la force va jusqu’à ce qu’on soit capable de maitriser l’individu, jusqu’à ce que le processus de menottage soit complété », soutient le chef de police.
Trois volets : déontologique, disciplinaire et criminel
« En ce moment, on recueille les éléments de preuve et on les fournit au commissaire de déontologie policière, explique le chef de police de Québec. C’est pour ça qu’à ce jour, aucun témoin a été rencontré, ni les policiers. L’équipe des normes professionnelles est en constante communication avec le commissaire. Les rencontres débuteront aussitôt que nous seront prêts. »
Denis Turcotte explique que l’enquête vise à déterminer si « effectivement il y a eu des manquements, soit disciplinaires, déontologiques ou criminels ».
« Si à la suite de l’enquête déontologique, il y a une sanction émise, on va regarder du côté disciplinaire », affirme-t-il. Toutefois, il explique que deux sanctions ne peuvent pas être émises, mais si des gestes criminels sont détectés, il doit transmettre les informations au directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) pour l’évaluation de la preuve.
L’enquête criminelle dans ce cas se poursuivra et se procèdera devant les tribunaux. « Si la plainte n’est pas recevable au niveau criminel, ajoute Denis Turcotte, l’enquête disciplinaire va se poursuivre et des manquements pourront être soulevés ainsi que des sanctions disciplinaires. »
Revoir le mandat de l’unité GRIP ?
Le chef de police de Québec rappelle que l’escouade GRIP a un mandat spécifique, soit de protéger « les endroits névralgiques de la ville ».
« L’unité GRIP a été créée en 2004, raconte-t-il. Elle fait en sorte que nous puissions marcher librement dans la ville en toute sécurité. Le travail fait en marge, que les citoyens ne voient pas, fait en sorte que nous avons un contrôle sur la criminalité. Par contre, rien empêche de revoir le mandat pour voir si on est encore dans les bonnes pratiques. »
Denis Turcotte soutient que les derniers évènements ont créé une « grande onde de choc », notamment au sein du SPVQ. « Ce ne sont pas des belles journées », lance-t-il.
Il rappelle que ceux qui s’engage au sein de la police « ont à coeur la sécurité des citoyens » et sont « animés par un désir de justice ».
Denis Turcotte veut lancer un message positif au SPVQ. « Je réitère toute ma confiance envers mes troupes qui font un travail essentiel pour la société », soutient-il.
La question du profilage racial
Denis Turcotte ne reconnait pas explicitement qu’il y ait du profilage racial au sein du SPVQ.
« Je ne m’attarde pas à la sémantique ou aux définitions, affirme le chef de police, on regarde en avant, toutes nos démarches s’inscrivent dans une vision du vivre-ensemble de la Ville de Québec. On a un plan et je l’ai mis en place avec le maire Labeaume. Je vais le continuer avec Bruno Marchand. Ça s’inscrit dans ma volonté d’être le plus inclusif possible et aussi en terme de représentativité. » Il ajoute que des membres de la minorité visible font partie de son équipe.
Il explique que si des plaintes officielles sont émises de la part de ceux qui se sentent lésés, ces cas seront évalués et feront l’objet d’enquêtes. Il faut voir s’il y a des « faits pour vérifier que les gens qui disent avoir été interpellés pour aucune raison » l’ont véritablement été.
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