En réponse à la préoccupation du profilage racial, le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) compte mieux outiller ses agents, notamment en s’attaquant aux « biais inconscients » qui peuvent avoir un impact sur la manière d’intervenir des policiers dans certaines situations.
Par Gabriel Côté
Dans le même ordre d’idées, le SPVQ veut aussi cibler les « compétences culturelles » à développer pour l’ensemble des employés du service, et améliorer la représentativité des minorités visibles au sein du SPVQ.
Pour ce faire, le service de police s’est associé avec la Chaire de recherche sur l’intégration et la gestion de la diversité dans l’emploi (CRIDE) de l’Université Laval. Il s’agira de mener, de concert avec la CRIDE, un projet de recherche « pour déceler si des traces de discrimination systémique existent dans le processus de recrutement et dans les services aux citoyens », a expliqué Mme Iréna Florence Harris, experte-conseil à la Ville de Québec.
Biais inconscients
Mais le fait d’admettre l’existence de « biais inconscients », n’est-ce pas déjà l’aveu de l’existence de profilage racial au sein des forces policières ? Non pas, croit Mme Harris, ou du moins, pas seulement, et cela tient à la nature même de ces biais.
« Les biais inconscients, ce sont les raccourcis que notre cerveau prend pour comprendre le monde. On en a tous. On n’a pas à se sentir mal pour ça. Il y en a qui sont positifs, et d’autres qui sont négatifs. Moi, quand j’étais jeune (…), je regardais toujours la télé américaine. Tous les noirs qui étaient à la télévision, ils chantaient bien et ils dansaient bien, alors dans ma tête, une partie d’être noir, c’était de chanter bien et de danser bien. C’était un biais que j’avais, mais c’est normal. Des fois, on a des interactions négatives avec plusieurs personnes du même groupe ou de la même religion, puis on se forme un biais là-dessus. Alors il faut être conscient qu’on a ces biais-là, et travailler à les neutraliser, parce que ça affecte notre perception », souligne l’experte-conseil.
Selon Mme Harris, ces biais n’entraînent pas nécessairement du profilage racial, même si elle reconnaît qu’ils peuvent mener aux formes de discrimination les plus diverses.
« On pourrait penser qu’une personne qui est grosse est lâche. Il y a en plain, ce n’est pas nécessairement tout lié au racisme. Ça peut être lié à l’âgisme, à l’homophobie. On a plein de biais, et pour chaque personne, c’est différent », a-t-elle expliqué.
Un plan de développement pour de meilleures pratiques policières
La question de la diversité, de l’équité et de l’inclusion est un volet parmi les quatre qui forment le plan du SPVQ pour améliorer ses pratiques.
Le service mettra aussi en place un meilleur suivi des enquêtes en lien avec les diverses vidéos rendues publiques au cours des dernières semaines, notamment par l’embauche d’un examinateur externe indépendant et d’un expert en emploi de la force de l’École nationale de police du Québec.
D’autre part, le SPVQ prévoit la révision du mandat, des pratiques et de la composition de l’Unité du groupe de relation et d’intervention policière auprès de la population, le fameux GRIPP. Selon le SPVQ, cette révision n’est pas exceptionnelle, puisqu’il est toujours nécessaire pour la police d’évoluer et de s’adapter à la criminalité, qui évolue elle aussi.
Enfin, Denis Turcotte a annoncé que le SPVQ sondera ponctuellement les citoyens de l’agglomération afin « d’avoir un portrait global de la confiance du citoyen envers son service de police ».
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