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Une ambiance qui se glace

David Lemelin présente sa chronique Droit de citéDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

C’est un peu comme les deux boxeurs qui s’observent, dans le ring, dans le premier round. « Ils s’étudient », disait Édouard Carpentier, quand les lutteurs faisaient de même. Il n’y a pas vraiment de coups solides, on ne fait que tester un peu la mâchoire de l’autre.

Par David Lemelin

C’est ce qui est en train de se passer à l’hôtel de ville avec les pléniers portant sur le budget. Pourtant, l’exercice s’annonçait surtout pédagogique pour des conseillers fraichement élus. Puis, le naturel s’est invité par les réactions du conseiller municipal Pierre-Luc Lachance : un agacement visible, des haussements d’épaules, une ambiance qui rappelle le ton de l’administration précédente, des interventions « déplacées » pour tenter de limiter les questions de l’opposition.

C’est ce qui a conduit le conseiller Claude Villeneuve à réagir, admettant l’inconfort de la situation créée par son vis-à-vis. C’est pourquoi il a parlé d’un appui « conditionnel » au budget. « Si on ne peut pas poser toutes les questions qu’on a à poser, notre appui n’est pas acquis », a-t-il prévenu.

Réponse de Marchand? C’est qu’ils veulent que ça aille « rondement ».

C’est fascinant, parce que le seul qui a un peu de l’ADN de Labeaume en lui, c’est bien le conseiller Lachance dont le style parfois teinté d’arrogance s’est pointé le bout du nez pendant la récente campagne. Je me souviens notamment de la fin du débat de St-Roch-St-Sauveur : c’était parlant. C’est donc tout aussi fascinant de voir que Marchand l’a choisi comme vice-président et semble le déléguer comme « bad cop » du duo qu’il forme avec lui. Comme ça, il pourra encore avoir l’air du « bon cop », gentil et rassembleur.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs se sont montrés satisfaits du « changement de ton » du nouveau maire, notamment en ce qui concerne sa volonté « d’essayer » des choses pour le déneigement et le déglaçage des rues.

Oui, ça fait du bien. Mais, en même temps… pourquoi serait-il arrogant comme Labeaume? Sur quelle base? Minoritaire et faiblement appuyé par le vote, il n’a pas le loisir de frapper du poing sur la table. Qui plus est, pour imposer quoi? Il n’y connait rien en affaires municipales, alors que pourrait-il conseiller ou imposer? Il doit au contraire écouter, apprendre et tenter de prendre en bout de piste les meilleures décisions possibles.

Mais, la tentation de la com est extrêmement forte dans un parti formé essentiellement autour de l’image : il faut avoir l’air d’innover, avoir l’air ouvert. C’est pourquoi on a annoncé que, pour la première fois, la Ville allait agir « en prévention » et « en temps réel » dans le déneigement et le déglaçage des trottoirs.

Le plan Marchand n’a pas marché. La dure réalité a ramené tout ce beau monde sur le plancher (glacé) des vaches. Le déneigement n’est pas encore au point, malgré les efforts louables des équipes de la Ville, le déglaçage est insatisfaisant, les trottoirs étant extrêmement dangereux par endroits.

Certes, le cocktail météo est horrible et personne ne ferait de miracle. Mais, il était pour le moins imprudent d’annoncer un « presque » miracle à ce propos. Les sorties de com se sont ainsi cassées les dents sur la chaussée, faisant dire au chef de l’opposition, Claude Villeneuve, qu’il est imprudent de créer des attentes auprès des citoyens, sans savoir dans quoi on se lance. « Ce dont on a besoin, c’est d’une politique de déneigement, ce n’est pas d’une politique de relations publiques », a-t-il lancé.

Bin oui. De la com. Comme si ça suffisait toujours. Pour gagner une campagne, oui. Mais pour gouverner, c’est un peu plus compliqué.

C’est pourquoi il est tout de même étonnant de constater les absences fréquentes du maire aux séances plénières, absences relevées par l’opposition qui avance que Labeaume avait l’habitude d’assister à « l’essentiel des séances de questions ».

Réponse de Marchand : il gère d’autres dossiers.

Quels dossiers? « Conférence de presse sur le logement social », « conférence de presse sur le tourisme », mais aussi gestion du variant omicron ou de la quotepart avec les voisines.

Oui, oui. On comprend.

Mais, sachant que le maire part de zéro, côté politique municipale, ne serait-il pas opportun pour lui de faire le plein de connaissances techniques sur la ville?

Car, comme le disait Villeneuve, on apprend plein de choses utiles dans ces séances. Et si ça peut rassurer les stratèges du maire, il y en a des kodaks dans les pléniers…

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