Bear Nelson, artiste excentrique de Limoilou, discute avec nous de sa passion qui lui a sauvé la vie : la musique.
Qui est Bear Nelson ?
« Je suis un ancien voyageur sur le pouce, musicien et troubadour. J’ai une grande fille de 13 ans. Je travaille comme barista au Cantook sur Saint-Jean. C’est une passion pour moi, j’adore le café. Ma grande passion reste la musique. J’ai commencé à en jouer à 7 ans, comme percussionniste. Je n’ai jamais cherché à vivre de ça ; juste jouer parce que ça me faisait du bien. »
Quel est le rôle de la musique dans ta vie ?
« La guitare a toujours été un espèce de truc introspectif. Écrire des chansons, c’est comme des émotions que je vivais qu’il fallait que je mette sur papier. C’était une thérapie pour moi et ce l’est encore aujourd’hui.
J’arrive d’un background un peu heavy. La musique ça m’a toujours permis de faire sortir le méchant. À 7 ans, je suis tombé sur une famille d’accueil qui pensait avoir les outils, mais qui ne les avait pas. Il y a eu de l’abus et de la violence psychologique. Je suis parti à 15-16 ans. On m’a comme pitché dans une autre famille. Je suis sorti de là sans être majeur et je suis tombé dans un appartement sans avoir de notion de responsabilité. Je me tenais avec du monde plus roffe. J’étais juste pas bien dans ma peau et ils m’acceptaient comme j’étais. C’est encore mes grands amis aujourd’hui.
Vers 18 ans, je jouais de la batterie et je voyais bien que j’avais comme une flamme pour ça. À un moment, j’ai ramassé une guitare et j’ai jammé toute la nuit. Ça m’a fait un énorme bien de voir que j’étais capable de faire quelque chose. Jouer de la musique c’était un accomplissement, ce que je pouvais faire par moi-même. J’ai appris sur le tas. C’est devenu vraiment fort : je ne pouvais plus vivre sans un instrument de musique. »
As-tu envie de nous raconter l’histoire des tatouages que tu portes au visage ?
« J’ai rencontré des autochtones, dont un guérisseur du Guatemala qui m’a introduit aux Mohawks. J’ai vécu ensuite une partie de mes expériences avec les Algonquiens. C’est des gens qui m’ont aidé à travaillé sur les bobos que j’avais dû à mon passé. Les tatouages en sont inspirés.
Le fameux « Bear Nelson » c’est parce que j’ai été avec le clan de l’ours noir chez les Algonquiens et c’était mon totem. Je travaille avec la médecine de l’ours. J’ai besoin de plonger dans ma caverne pour comprendre mes peurs et ressortir de là et essayer de m’épanouir le mieux que je peux. »
Comment en es-tu arrivé à partager tes chansons sur les réseaux sociaux et à te faire connaitre ?
« Dans un abri-bus un jour il pleuvait et je me suis mis à chanter et ça sonnait bien. Je me dis : « Ah ! Je pourrais m’exprimer ! » J’ai aussi fait parti de beaucoup de gros projets, en tant que percussionniste. Je partage régulièrement des vidéos sur Facebook pour faire sortir mes émotions et pour faire triper les gens. J’ai mon studio maison et je confectionne tout ici.
Je ne suis pas un virtuose, je ne suis pas un super joueur de guitare. J’aime la vibration que ça me donne et ça me donne envie de chanter des choses. Je vise pas nécessairement de vivre de ça. Mon but c’est d’enregistrer professionnellement. Mon projet c’est de sortir une chanson à la fin de l’hiver ; folk et solo. Éventuellement, j’aimerais pouvoir monter un show et prendre ça plus sérieusement, prendre plus de place sur la scène et qu’on voit plus ma face à Québec. »
Quel est ton style et quelles sont tes inspirations musicales ?
« Je touche un peu au country folk, ça m’attire beaucoup ou tout ce qui est proche de l’acoustique, guitare, banjo, violon, tout ce qui est très sensible. Le folk c’est épuré. J’écoute du gros country très sale un peu bluegrass. Sinon j’ai écouté du hardcore pendant des années, du ska, du reggae. Mon éventail musical est très large. »
Quelle sont les choses que tu veux partager avec tes chansons ?
« C’est surtout d’essayer d’exprimer mes pensées ou des moments que j’ai vécu. Ça part toujours de ce à quoi je fais face dans la vie de tous les jours émotivement, mes défis personnels que je trouve qui s’appliquent à tout le monde. Je ne suis pas engagé au niveau socio-politique, mais plus au niveau spirituel dans le sens où je me demande qu’est-ce que la vie.
Je sens qu’en dedans de moi c’est une vérité et j’ai envie de la partager. Je ne suis pas un prêcheur de la bonne nouvelle. J’essaie de répandre le message d’authenticité : d’être soi-même le plus possible. J’ai déjà pensé devenir un travailleur social, mais je suis un éternel rebelle, on peut le voir dans mon visage. Le système a besoin d’aide et je ne sais pas si je serais capable de cadrer là-dedans, être by the book. La musique c’est une façon d’être là pour les gens, de mettre une bonne vibe.
J’ai fait une prestation il n’y a pas longtemps et à la fin du spectacle, il y a une personne qui est venue me remercier et me demander de la serrer dans mes bras. J’ai souvent des témoignages comme ça parce que quand je fais un spectacle c’est très intimiste. Je mets mes tripes sur la table.
La musique, c’est partout dans nos vies. Je pense que c’est sous-estimé. Le message c’est que si vous aimez la musique, nourrissez-vous et nourrissez-vous de vrai ; de ce qui vous fait du bien et qui vous fait vibrer. Encouragez les musiciens, ceux qui mettent corps et âme dans leurs chansons. »
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