Après des semaines plutôt tranquilles, les choses ont recommencé à bouger sur la scène municipale au cours des derniers jours. Retour sur les moments marquants de la semaine du 10 janvier 2022.
Alors que Bruno Marchand annonçait dans les premiers jours de janvier un « état des lieux » du dossier du tramway à la fin du mois, – celui se tiendra les 24 et 25 janvier prochain, comme le rapportait Radio-Canada – on aurait pu s’attendre à peu en entendre parler d’ici-là.
Pourtant, c’est ce dossier qui a peut-être pris le plus de place dans les derniers jours, comme si les journalistes et les citoyens avaient besoin d’en parler après une accalmie de quelques semaines.
Tramway
Il y eut d’abord les révélations du Carrefour de potentielles expropriations due à l’arrivée du tramway sur un tronçon de la 4erue. Deux jours plus tard, le maire de Québec réagissait en expliquant le processus normal que suit la ville dans les négociations avec les propriétaires, en évitant soigneusement de commenter la situation particulière de la 4e rue. Le chef de l’opposition officielle, Claude Villeneuve, a profité de l’occasion pour insister sur l’importance de faire preuve de transparence dans ce genre de dossier, un point de vue que partage la conseillère municipale de Limoilou, Jackie Smith.
Si la tentation est grande de vouloir politiser l’enjeu, on doit raisonnablement reconnaitre ici que chaque acteur joue le rôle qui lui est imparti. La Ville dispose d’un pouvoir d’expropriation justement pour pouvoir se développer comme elle l’entend. Dans certaines situations, c’est même tout simplement inévitable. Bruno Marchand fait donc ce qu’il est bien obligé de faire, en expliquant comment la Ville procède et en réitérant qu’il est à l’écoute des citoyens. De même, c’est la tâche des oppositions de demander à l’administration de faire preuve de transparence. Enfin, ce qui est délicat dans le cas présent, c’est que chacun se rappelle des promesses de M. Marchand en campagne électorale d’être parfaitement transparent, et de la sévérité des critiques qu’il avait alors dirigée contre son adversaire Marie-Josée Savard.
Il y eut ensuite les révélations du Journal de Québec à propos de la possibilité très concrète de faire de René-Lévesque une rue partagée. En voyant cela, plusieurs ont sourcillé puisque ce boulevard est l’une des artères qui demeurent relativement fluides pour la circulation automobile, certains allant jusqu’à voir dans cette éventualité une forme de guerre à l’auto. M. Marchand s’est toutefois défendu de vouloir « emmerder les automobilistes », et il a fait valoir l’importance de « faire de la place au tramway et à différentes façons de se véhiculer ». Il est aussi aller un peu loin en promettant que le trafic automobile ne bifurquerait pas dans les rues avoisinantes, actuellement assez tranquilles. L’option de la rue partagée répondrait à l’exigence de préserver les arbres dans le secteur, un enjeu sensible pour les résidents du coin. Cette approche est aussi cohérente avec la vision de la mobilité présentée par Québec Forte et Fière en campagne électorale. Les partis d’opposition ont fait mine d’être mis devant un fait accompli, et ils en ont profité pour rappeler l’importance de consulter les citoyens.
D’autre part, le Carrefour a dévoilé que le nouveau comité directeur du projet de tramway, formé après l’élection de novembre, ne s’était toujours pas rencontré, à quelques jours seulement de « l’état des lieux » de la fin janvier. Deux membres de ce comité, Claude Villeneuve et Jackie Smith, se sont étonnés de la situation, mais le bureau du maire a fait valoir qu’il n’y a pas de faute, comme aucune nouvelle décision n’aurait été prise et que l’état des lieux servira justement à repartir sur de bonnes bases de collaboration.
Enfin, l’administration municipale a annoncé jeudi que la Ville a reçu deux candidatures pour l’appel de qualification pour le matériel roulant, et qu’elle prolonge jusqu’au 22 février celui pour les infrastructures. La Ville n’a reçu que deux candidatures (de Siemens et de Alstom), ce qui n’est pas surprenant comme le rapportait le Soleil. Le bureau du maire s’est réjoui du dépôt de ces deux candidatures, et maintient que la Ville demeure sur la voie de respecter les échéanciers du projet.
Nickel
Alors que Claude Villeneuve et Jackie Smith réitéraient cette semaine leur opposition à la hausse de la norme d’émanations de nickel permises dans l’air, Bruno Marchand a répété sa position du mois de décembre. Avant de se prononcer, il veut bien comprendre.
Le comité exécutif se réunissait vendredi, et on pensait qu’il donnerait suite à la proposition de l’opposition d’annoncer ses intentions à la séance du conseil municipal lundi. Il a plutôt décidé de demander un délai et de reporter la question à la séance 7 février, ce qui n’est pas sans conséquences.
Le fait de laisser trainer la question ainsi, plutôt que d’apaiser les esprits ne serait-ce qu’en donnant l’heure juste, risque de mettre de l’huile sur le feu des inquiétudes en Basse-Ville.
Mais le bureau du maire voit peut-être que cet enjeu, qui très sensible à Limoilou, ne semble pas choquer outre-mesure les citoyens ailleurs dans la ville. Un esprit cynique pourrait supposer que comme Québec Forte et Fière n’a aucun élu dans Limoilou, le maire pourrait se ranger derrière l’avis à peu près favorable de la santé publique. Il pourrait aussi s’opposer formellement à la hausse, mais en faisant valoir que la Ville a peu de pouvoir dans ce dossier. Mais il demeure possible que Bruno Marchand, après sa délibération, mette son poing sur la table et s’oppose avec ferveur à la volonté du gouvernement.
Il y a donc fort à parier que plusieurs citoyens de Limoilou suivront attentivement la réunion du conseil de ville, le 7 février, les dents et le cœur serrés, dans l’attente de voir de quelle étoffe leur maire est fait.
Le salaire d’Éric Ralph Mercier
Le Journal de Québec rapportait vendredi une petite bisbille qui permettra à chacun de se souvenir que les élus municipaux restent, malgré leur statut particulier, des êtres humains. Le chef de l’opposition officielle, Claude Villeneuve, déplorerait le fait que le chef de Québec 21, Éric Ralph Mercier, soit payé autant que lui. Un vote est prévu à ce propos à la réunion du conseil de ville qui se tiendra lundi.
Le 24 décembre, le comité exécutif a voulu faire un cadeau de Noël au chef de la deuxième opposition, en adoptant une résolution prévoyant une hausse salariale annuelle de 40 000$ pour Éric Ralph Mercier. Le chef de Québec 21 a assuré n’avoir rien demandé au niveau du salaire, mais que son équipe aurait demandé que « la loi soit appliquée ». Celle-ci prévoit un salaire de plus de 100 000$ annuellement pour le chef de l’opposition, alors que la ville de Québec se trouve dans une situation inédite, avec un maire minoritaire et deux oppositions ayant obtenu plus de 20 % des suffrages.
Pour les observateurs désabusés, le fait que la demande, toute « voilée » soit-elle, provienne de l’équipe de M. Mercier, doit sembler révélateur de son caractère et de ses motivations. Le malaise de Claude Villeneuve à discuter de cette question est tout à son honneur, et s’il ne semble pas amer à l’idée qu’un autre gagne le même salaire que lui, – ce qui serait immensément ridicule – il remarque tout de même que M. Mercier a voté contre le budget car il le trouvait trop dépensier, et souhaite que l’adoption de ce sommaire décisionnel soit remise à plus tard. Demander le vote était sans l’ombre d’un doute maladroit.
En réalité, la question du salaire du chef de Québec 21 est à peu près indifférente dans les faits. Mais elle a des effets sur les perceptions, et tout ceci dresse un portrait un peu triste des motivations des élus municipaux, à une époque où la confiance envers la classe politique ne connaît pas ses meilleurs jours.
Les annonces
La Ville a annoncé une aide supplémentaire aux restaurateurs affectés par la pandémie, ainsi que l’adoption prochaine d’un nouveau plan de commerce 2022-2025.
Bruno Marchand a présenté le second défi du maire. Il s’adresse aux enfants, et consiste à construire un château de neige devant leur maison.
Le conseiller municipal de Saint-Roch Saint-Sauveur a annoncé que 15 km de plus sur le réseau cyclable seront déneigés.
G.C.
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