Les premiers mois de l’opposition officielle n’ont pas été de tout repos, convient le chef de Québec d’abord, Claude Villeneuve. Il est satisfait du travail accompli par son équipe, qui, croit-il, a déjà permis de faire avancer plusieurs dossiers.
Par Gabriel Côté
« Quand tu es élu et que tu te retrouves dans l’opposition, tu n’es pas là où tu pensais arriver en te lançant en politique », explique-t-il d’abord en se remémorant le chemin parcouru depuis le 7 novembre dernier.
Depuis ce temps, l’eau a coulé sous les ponts et la situation s’est passablement transformée dans la sphère politique municipale. Les interventions policières musclées, la saga du nickel, la révélation de la faiblesse des appuis au tramway, il s’est trouvé chaque semaine des évènements qui ont forcé tous les élus municipaux à réagir. « C’est la nature de la job, il faut s’ajuster aux imprévus », commente Claude Villeneuve.
La difficulté particulière de l’opposition officielle résidait dans la nécessité d’entamer la refonte du parti après la défaite électorale, tout en réagissant de manière appropriée au flux changeant de l’actualité. Dans le processus, la formation politique a perdu quelques plumes.
« Nous étions 10 élus au lendemain de l’élection, nous sommes maintenant 8. Mais nous sommes satisfaits de notre situation. Comme je l’ai déjà dit, c’est par la qualité de notre travail et par la pertinence de nos interventions que nous faisons avancer les dossiers, pas nécessairement par la force de notre nombre. On a poussé fort dans le dossier du nickel, et on a aussi obtenu qu’un plénier soit organisé afin que les élus puissent questionner les policiers, après les arrestations controversées », explique le chef de Québec d’abord.
Les défis propres à l’opposition ne sont pas ceux que prévoyaient d’abord M. Villeneuve. « Je pensais qu’on aurait du mal à faire parler de nous, et ce n’est pas le cas pantoute. Ce qui m’étonne le plus, c’est la perception des citoyens. Qu’on soit au pouvoir ou nom, quand les citoyens viennent nous voir, ça ne change rien, on représente la Ville. C’est ça qui est le plus particulier : dans l’opposition, tu n’as pas tous les leviers « exécutifs » pour faire avancer des projets, mais les citoyens ont tout les mêmes attentes envers notre travail ».
L’autre grand défi de Québec d’abord concerne la conciliation entre son rôle d’opposition et ses positions politiques qui sont souvent très similaires à celle de l’administration Marchand. S’il a déjà fait valoir que la différence essentielle entre Québec d’abord et Québec Forte et Fière réside dans la façon de comprendre l’esprit général qui doit guider les relations entre la Ville et les autres paliers de gouvernement, Claude Villeneuve croit surtout en une approche de l’opposition à la pièce.
« On ne va pas s’imposer sur tout, et on mettra chaque fois l’intérêt de la ville et des citoyens en premier. Ça va donc dépendre des dossiers. En ce moment, on est plus dans une séquence de confrontation, mais quand viendra le temps de porter le projet de tramway par exemple, l’administration pourra compter sur toute notre collaboration », remarque-t-il.
Quant à l’avenir de sa formation politique, le chef de l’opposition officielle est à la fois optimiste et prudent. « Notre état d’esprit, c’est qu’on est en train de fonder un nouveau parti. Si on se contente de dépoussiérer l’héritage de Régis Labeaume, notre parti est voué à la disparition, comme s’évanouissent tous les partis politiques municipaux, dans l’histoire, qui n’étaient fondés que sur la personnalité forte d’un chef », note-t-il.
« En ce moment, on tient nos orientations de la plateforme électorale d’Équipe Marie-Josée Savard. On doit refonder ça, se réapproprier les engagements, et même éventuellement déterminer qui sera le chef du parti », ajoute Claude Villeneuve.
Cette dernière remarque a de quoi surprendre, mais Claude Villeneuve est très ouvert à ce propos. « J’ai le statut de chef intérimaire pour l’instant, et il n’y a pas de règlement actuellement au parti qui encadre la question de la chefferie. On y travaille », souligne-t-il simplement.
« J’aime mon vraiment mon travaille, mais je trouve ça vraiment dur. Je pourrais dire aussi que je trouve ça vraiment dur, mais que j’aime vraiment mon travail. Il faut que je prenne une décision, et que je vois si je veux faire ça pour le reste de ma vie », dit-il, en ajoutant bien qu’il n’est aucunement question de ne pas terminer son mandat.
Le bulletin du Carrefour
Situation générale : B
Au lendemain de l’élection en novembre, la situation de Québec d’abord (alors Équipe Marie-Josée Savard) était très bonne. Avec dix élus, il paraissait certains aux yeux de plusieurs que le maire Bruno Marchand aurait à faire beaucoup de compromis. De fait, à la fin de l’automne, l’opposition officielle s’affirmait sans problème et paraissait souvent en contrôle. Alors que le maire prenait un peu son temps, ils ont agi rapidement au conseil de ville en réaction aux arrestation policières controversées ; par rapport au nickel, ils ont bien fait en déposant rapidement un avis de proposition ; souvent, ils ont forcé le maire à réagir, et ils ont pu lui imposer le rythme qui était le leur. Le ton de Claude Villeneuve dans ses interventions était toujours posé, respectueux, et le chef de l’opposition incarnait bien la figure du bon sens sur la scène municipale.
Après la période des fêtes, le vent a un peu tourné, et il semble que c’est le maire Bruno Marchand qui a repris le contrôle du rythme et de l’agenda. En même temps, on a senti un essoufflement du côté de Québec d’abord. Depuis quelques semaines, l’essoufflement semble avoir tourné à la frustration, du moins en ce qui concerne certains élus du parti. Québec d’abord a d’ailleurs perdu récemment un conseiller, – le deuxième depuis l’élection – et il faut bien convenir que sa situation est moins bonne qu’elle ne l’était en novembre. Il sera intéressant de voir si la stratégie du parti de faire une opposition à la pièce pourra s’avérer efficace.
En tout cas, les élus de Québec d’abord devront faire leur le conseil d’enterrer le passé, et de se défaire de l’amertume de la défaite électorale. En jouant bien leur rôle d’opposition, qui commence peu à peu à se définir, et en abandonnant la prétention d’exercer un pouvoir qui ne leur appartient pas de tout façon, les conseillers de l’opposition officielle pourrait bien y trouver leur compte, même sur le plan politique.
Relations avec les citoyens : A
Le caractère proactif de l’opposition officielle est apprécié des citoyens. En particulier, le chef Claude Villeneuve a su porter les revendications des citoyens de son district de façon claire et tranchée. Alicia Despins s’occupe des dossiers relatifs à la culture avec fougue et passion, et ses avis de propositions en la matière sont généralement pertinents.
Relations avec l’administration : B
Alors que le ton des échanges était excellent à l’automne, la situation s’est envenimée dans les dernières semaines, au détriment seulement de l’opposition officielle. Il convient toutefois de remarquer que les ponts ne sont pas définitivement brûlés, et que la relation avec l’administration peut encore être sauvée.
Sens de la formule et mots d’esprit : A+
C’est à Claude Villeneuve, ancien chroniqueur, que revient indubitablement la palme des meilleurs mots d’esprit. On se souviendra en particulier de la soupe très « chunky » de l’air à Limoilou, mais chaque fois que M. Villeneuve prononce un discours, on peut s’attendre à une surprise.
Sous l’influence de leur chef, peut-être, des conseillers de Québec d’abord laisse libre cours à leur inspiration. On se rappelle avec plaisir le proverbe chinois cité par Patricia Boudreault-Bruyère au premier conseil de ville. Claude Lavoie, le conseiller-écrivain, ne cède pas sa place lui non plus. Enfin, il convient de donner une mention spéciale à Anne Corriveau, qui avec ses expressions en anglais, apporte un peu de « pep » aux séances virtuelles du conseil de ville, qui autrement pourraient à l’occasion être un peu lassantes.
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