Le lendemain des élections a sans doute été difficile pour Québec 21. Un peu plus de cent jours après, « la page est tournée », croit le chef du parti, Éric Ralph Mercier.
Par Gabriel Côté
« On est ailleurs ». C’est ce que répète presque à chaque détour le chef de la deuxième opposition lors de notre entretien. Depuis l’élection, Québec 21 se fait d’une grande discrétion, et c’est de loin le parti qui tient le moins de points de presse.
Cela est dû, au moins en partie, au processus de transformation entamé par la formation politique. Jusqu’à récemment, Québec 21 était organisé autour d’une grande idée, l’opposition au projet de tramway. S’étant battu pour faire de ce projet la question de l’urne, la défaite électorale a été interprétée comme une invitation à se réinventer, croit Éric Ralph Mercier. « La démocratie a parlé, et on en prend acte », souffle-t-il.
« La moitié du C.A. du parti a changé. On va aussi bientôt changer de nom et de logo. Et on va revoir nos orientations », ajoute le chef de la deuxième opposition. « Sur le fond, on conserve les mêmes valeurs. On est un parti proche des gens, à l’écoute, mais avec le temps, il y a des choses qui doivent changer. On doit se moderniser, c’est naturel d’évoluer. »
M. Mercier ne veut pas préciser tout de suite les natures de ces changements, « qui seront annoncés en temps et lieu ». Il précise toutefois qu’il compte mettre en relief que son parti n’est pas seulement ancré dans certains arrondissements, mais qu’il représente l’ensemble des citoyens de la ville de Québec. « Des gens ont voté pour nous partout, aux quatre coins de la ville. On est trois élus, mais on représente tout le monde », dit-il.
En outre, le chef se dit fier des accomplissements de son parti depuis le mois de novembre. « Je pense entre autres à l’avis de proposition que nous avons déposé récemment concernant les pesticides. C’est assez avant-gardiste. Le sommet des ainés qu’organisera la ville, c’était aussi une de nos promesses électorales. Notre présence à l’Hôtel de Ville se fait ressentir », lance le conseiller municipal du district des Monts, à Charlesbourg.
Enfin, malgré la défection d’un élu des rangs du parti peu après l’élection, Éric Ralph Mercier croit que Québec 21 est bien positionné sur le plan politique, et qu’il a une organisation stable. « Je suis un ancien militaire, je valorise la fidélité et la loyauté. Il en va de même de chaque personne qui travaille dans ce parti », dit-il.
Le bulletin du Carrefour
Situation générale : B
Avec trois élus, la situation de Québec 21 est meilleure qu’elle ne le parait, car ce nombre suffit à lui donner la « balance du pouvoir » – si cette expression convient au niveau municipal – quand il y a désaccord entre l’administration et l’opposition officielle. Pour cette raison, Québec 21 possède certaines cartes dans son jeu, qui, si elles sont bien utilisées, pourraient avoir une réelle incidence sur les affaires de la Ville. Sachant de plus que Stevens Melançon, même sans faire partie de l’équipe, vote presque toujours dans le sens du parti, ce pouvoir, bien que limité comme on le voit, est encore un peu plus solide. Néanmoins, tant que Québec 21 n’aura pas défini sa nouvelle identité et ses nouvelles priorités, il demeurera un joueur de second plan dans plusieurs débats.
Relations avec l’administration : B+
Les rapports semblent excellents entre Québec 21 et le parti du maire. On voit Jean-François Gosselin faire l’éloge de Bruno Marchand à chaque séance du conseil municipal, et M. Mercier n’a que de bons mots pour le maire, dont il disait en entrevue que c’est « un grand homme, sincère, honnête, transparent, de la trempe de Jean-Paul L’Allier ». De trop bons rapports masquent peut-être la relative faiblesse du parti, qui pour obtenir des gains devra souvent être dans les bonnes grâces de l’administration, mais il s’agit au bout du compte d’une bonne stratégie, et peut-être de la meilleure dans la position qui est celle de Québec 21 actuellement. Il importe aussi de souligner que dans ses désaccords avec le parti du maire, la formation politique de M. Mercier sera plus souvent qu’autrement impuissante dans les faits. Cette situation rend délicate les communications publiques du parti : il faudra souvent ménager la chèvre et le chou.
Relations avec les citoyens : B+
Il est difficile de juger de ce point, vu la grande discrétion du parti. Dans leurs réponses aux questions des citoyens qui leur sont adressées au conseil de ville, les élus de Québec 21 répondent poliment, clairement et calmement, ce qui indique de la bonne foi et un réel souci de bien faire.
Clarté des communications : C+
Pour des raisons mentionnées plus haut, Québec 21 se présente plutôt rarement devant les membres de la presse. Quand ils le font, le chef Éric Ralph Mercier manque à l’occasion de concision, ce qui enlève un peu de punch à ses interventions. Cela s’est amélioré depuis le mois de novembre, et M. Mercier parait plus en contrôle des points sur lesquels il veut attirer l’attention. Une meilleure définition des orientations du parti règlera probablement ce problème.
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