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Des congères contre le métavers

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Il n’y a pas longtemps, par une froide fin de journée, en revenant de l’école, ma fille aperçut un immense tas de neige, dans le stationnement municipal de la 4e rue.

Par Martin Claveau

La pauvre enfant bavait littéralement d’envie d’aller y jouer. Je dus donc pratiquement la traîner, de force, par le sac à dos pour retourner chez nous pour faire ses devoirs, mais non sans lui avoir promis de retourner jouer sur le plus haut sommet de Limoilou après le souper. Ne reculant devant aucun sacrifice pour le bonheur de mon tendron, j’enfilai ma « suit » de ski et nous nous dirigeâmes ma fille, ma blonde et moi vers l’impressionnante congère et objet de son désir. 

Sur place, toute seule et par un froid glacial, notre enfant de 9 ans s’amusa sous nos yeux à monter et descendre cet immense banc de neige jusqu’à ce que soit venue l’heure de rentrer. Deux jours plus tard, désireuse de revivre cette exquise expérience alpine, elle adhéra plutôt au clan des cyniques de notre monde, alors qu’elle découvrit que sa belle congère nous avait quitté pour un monde meilleur. Je parle ici de celui du dépôt à neige de la Jonquière ou un autre de ces cimetières remplis de calcium et où la neige fond seule en déprimant jusqu’en août sans qu’aucun enfant ne puisse jouer dedans. 

Nous ne sommes pas seuls à vivre ça. Après chaque tempête, je vois des dizaines d’enfants qui reviennent de l’école en escaladant tous les bancs de neige qu’ils croisent.  

Il est même rafraichissant de voir à quel point, à l’ère du Métavers, les bambins ont toujours autant de fun à jouer simplement dans des amas de neige crées par le déblaiement des entrées, des rues et des ruelles. 

Au début de la pandémie, à cette époque bénie où tout le monde avait peur d’avoir peur et où nous n’avions le droit de rien faire, j’avais mentionné à ma conseillère municipale, Suzanne Verreault, qu‘il serait amusant de faire des tas de neige dans les parcs pour que les enfants puissent y jouer.  Quelques-uns furent alors faits, à sa demande, dans le parc Iberville, pas loin de chez-nous. Ma fille et bien d’autres enfants en profitèrent. L’expérience ne fut cependant pas répétée et à ce jour, après quelques jours, la plupart de ces gros tas de carboglace disparaissent comme… neige au soleil.

Il me semble qu’en cette ère de conscience écologique qu’est la nôtre, où on déplace la neige sur des kilomètres pour l’entreposer loin de tout le monde, il serait approprié de créer quelques amoncellements de neige dans nos parcs.  Les enfants pourraient y jouer, s’y construire des forts et glisser sur leurs popotins pendant des heures.  Ça ne coûterait sans doute pas une fortune et ma fille n’en ferait probablement que moins de Ipad. 

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