Guide des droits inspiré par le vécu des jeunes filles

Anne-Sophie Trottier, agente de développement et animatrice au centre filles, nous parle d’un nouvel outil fournis gratuitement dès aujourd’hui par l’organisation YWCA : Le guide des droits pour les filles et les jeunes au genre créatif. 

« Les droits fondamentaux, c’est l’affaire de tout le monde » 

« Au cours des années, on s’est rendu compte que les droits fondamentaux de nos jeunes marginalisés ou dans des coins de la ville plus défavorisés étaient souvent bafoués, explique Anne-Sophie Trottier. C’est dû en grande partie parce que les jeunes ne connaissent pas leurs droits. »

C’est ce constat qui a donné l’impulsion à l’écriture du Guide des droits pour les filles et les jeunes au genre créatif. Anne-Sophie Trottier, auteur du Guide, explique que l’objectif est d’aider les jeunes à s’outiller en leur proposant différents moyens d’action qui sont à leur échelle. « On veut que les jeunes trouvent la force de se défendre quand il arrive des choses inacceptables », précise-t-elle.

Elle explique qu’il y a chez les jeunes trois manières de réagir à une « situation inacceptable » : ne rien faire, défendre soi-même ses droits ou les défendre avec l’aide de la collectivité.

« Des fois, les jeunes se sentent submergés et de devoir dénoncer une situation c’est trop, affirme Anne-Sophie Trottier. C’est important de dire que ça arrive et de reconnaître que faire l’effort de connaitre ses droits c’est déjà une démarche importante. On voulait enlever une part de culpabilité aux jeunes. »

Par ailleurs, elle soutient que « la question des droits fondamentaux c’est l’affaire de tout le monde ».

« Ce qu’on a essayé de mettre de l’avant le plus possible, c’est d’essayer d’aller chercher des alliés, que ce soit des adultes ou d’autres jeunes et de faire valoir nos points en groupe, raconte-t-elle. C’est ce qu’on appelle la défense collective des droits. »

Anne-Sophie Trottier explique que le Guide se veut être un outil facile au niveau de la lecture. Il s’agit d’un livre « simple et ludique » puisqu’elle travaille avec « des jeunes qui ont souvent des difficultés d’apprentissage ». Le style est donc très simple et les phrases sont courtes. Il y a aussi des espaces pour écrire et dessiner, des vrais ou faux et des tests « style revue Cool ».

« Surtout, on a des bandes-dessinées faites par la talentueuse bédéiste Sophie Bédard », souligne Anne-Sophie Trottier.

Inspiré par le vécu, les actions et l’imagination des jeunes filles 

L’animatrice du centre filles insiste sur le fait qu’il était « vraiment important que les jeunes se reconnaissent dans le guide et fassent des ponts avec leur réalité ». C’est pourquoi il a été inspiré par « le vécu, les actions et l’imagination » des jeunes filles, même si elles n’ont pas directement participé à l’écriture du livre.

« Le Guide est basé sur beaucoup d’exemples de ce qui a été accompli dans les comités, précise Anne-Sophie Trottier. Par exemple, une lettre pour défendre le droit à l’égalité des filles dans les écoles par rapport au code vestimentaire et à l’uniforme se trouve dans le livre. »

Elle ajoute comme exemples des activités qui ont été faites concernant l’image corporelle, des mobilisations pour défendre les droits des animaux ou l’environnement. « J’ai voulu mettre en valeur leur parole : leur contribution et leur réflexion », affirme l’auteur du Guide.

La créature qui figure sur la couverture a d’ailleurs été imaginée par une jeune du centre filles. Il s’agit d’une créature mythique qui accompagne l’héroïne du livre pour l’aider à défendre ses droits.

Par rapport au titre choisi, Anne-Sophie Trottier précise que le Guide s’adresse à tout le monde. « On part de la réalité terrain dans la conception des chapitres, poursuit-elle. Donc c’est sûr que la partie sur l’égalité des genres, sur les relations saines, est teintée de l’expérience genrée de nos jeunes dans le quotidien. C’est pour ça que ça s’adresse plus spécifiquement aux filles et aux jeunes au genre créatif. »

Des droits méconnus 

Pour rédiger le Guide, l’animatrice du centre filles s’est basée sur la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), ratifiée par le gouvernement du Canada en 1991, et sur les Chartes canadiennes et québécoises sur les droits et libertés.

« Dans certains cas particuliers, je me suis penchée sur le Code criminel et la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) », explique-t-elle.

Son objectif a été de « ratisser large ». Elle cite en exemples ce qu’un jeune mineur peut demander à la DPJ, quelles sont ses obligations envers lui ou les droits par rapport à son propre corps, à la santé et au consentement.

« Le droit à l’égalité il faut savoir que c’est fondamental, que tu as le droit d’être qui tu es », affirme-t-elle.

Anne-Sophie Trottier souligne qu’elle a voulu donner des exemples concrets. « Il faut informer les jeunes qu’il y a un salaire minimum, qu’à partir de 14 ans tu es autonome face à ton corps, que tu peux prendre un rendez-vous chez le médecin sans consulter tes parents, que ton dossier de santé est confidentiel, que tu as droit à l’intimité, que tu n’as pas à partager ton journal intime, tes mots de passe ou tes photos, que c’est un droit reconnu dans la Convention, etc. »

L’objectif du centre filles 

L’organisme YWCA offre diverses activités, se promène dans les milieux de vie des jeunes, dans les écoles, dans les HLM, dans d’autres organismes communautaires pour offrir des comités filles.

« Le but est de réfléchir avec les jeunes, on fait des activités en lien avec leurs intérêts, on essaie de faire des projets d’action communautaire », soutient Anne-Sophie Trottier.

Anne-Sophie Trottier a étudié en littérature à l’Université Laval et est maître ès arts en littérature, théâtre et cinéma.