J’ai toujours de la difficulté à savoir si Jean-François Gosselin, de Québec 21, est réellement naïf et un peu aveugle ou s’il joue la comédie pour tirer profit politiquement de la situation, l’air de rien. En tout cas, sa façon d’incarner l’employé de soutien du maire a de quoi, au mieux, faire sourire.
Par David Lemelin
Dès qu’il le peut, il se montre débordant d’admiration devant le « nouveau style » de l’administration, il s’émeut devant autant d’ouverture à la démocratie ainsi manifestée devant ses yeux ébahis.
Snif, que c’est beau!
En réalité, pour reprendre librement les mots du chef de l’opposition Claude Villeneuve : on a plutôt affaire à cette bonne vieille politique. Comme d’hab. D’ailleurs, si vous êtes des habitués des séances du conseil, les prises de bec auxquelles nous assistons depuis un moment ont cet air de déjà vu…
De fait, c’est d’abord la dynamique évolutive du conseil qui provoque visiblement des tensions, chaque camp cherchant à se placer avantageusement sous l’éclairage public. La charge émotive grimpe et grimpera encore avec ces récents changements d’allégeances qui ont fragilisé l’opposition et renforcé le parti au pouvoir. Ça paraît qu’on ne s’aime pas toujours et la tendance risque d’aller vers le pire, pas vers le mieux…
Je ne parle pas du niveau des débats qui, bien franchement, donne souvent l’impression de voir des enfants un peu grands qui ont eu la permission de s’asseoir dans la salle du conseil, pour s’amuser. Ça ne vole pas toujours très haut. On s’ennuie de l’époque des L’Allier, Cantin et cie…
Je m’attarde plutôt à ce jeu politique, vieux comme le monde, qui se déroule devant notre écran : la lutte des intérêts en jeu. Et pour mener ce combat, on y va de petites tactiques, presque subtiles. Par exemple? Le salaire des chefs de l’opposition. Comment affaiblir l’opposition officielle, sans en avoir l’air? Faites semblant de désirer l’égalité des salaires des chefs d’opposition. Ainsi, vous aurez l’air démocratique, ouvert, super cool.
Ce faisant, vous vous achetez la fidélité d’un opposant, Québec 21, et vous faites passer l’opposition officielle (votre vrai adversaire) pour une opposition comme les autres, sans statut particulier. Bref, diviser pour régner. C’est efficace, c’est propre… mais c’est de la vieille politique. Comme on fait depuis des siècles.
Jean-François Gosselin est tombé dans le panneau… ou fait semblant, avec un enthousiasme attendrissant, tandis que Claude Villeneuve doit répliquer avec vigueur, mais sans avoir l’air de s’acharner sur l’autre opposition dont il pourrait avoir besoin, à l’occasion (surtout depuis le départ du conseiller Weiser, qui met son parti à égalité avec celui du maire).
Voilà la tactique.
Et on n’a pas fini de voir des coups du genre, parce que le parti de Marchand, s’il attire de son côté le plus souvent possible les membres de Québec 21, se retrouve alors à 12 contre 10 au conseil.
C’est suffisant pour dicter le pas dans la plupart des dossiers et placer les opposants (Québec d’abord, Transition Québec et l’indépendant Melançon) dans une position de spectateurs. C’est cela qui se joue présentement, à l’hôtel de ville.
Certes, la motion a été battue et le salaire du chef de Québec 21, Éric R. Mercier, ne sera pas augmenté, parce qu’il fallait les deux tiers d’appuis au conseil pour l’adopter (mais cette majorité des deux tiers est une exception, pas une règle). Peu importe le résultat, le but de la tactique restait le même : affaiblir le principal opposant.
Ce n’est donc pas par grandeur d’âme ou pour le bien de la démocratie. N’en croyez pas un mot. C’est un beau petit calcul politique.
Comme ça se faisait dans le temps…
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