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Nickel : Les jeunes manifestent pour « réveiller » le gouvernement

Des élèves de l'école secondaire Joseph-François-Perrault venus manifester devant le Parlement.Des élèves de l'école secondaire Joseph-François-Perrault venus manifester devant le Parlement. Crédit photo : Sophie Williamson.

Jeudi soir avait lieu une manifestation des élèves de l’école secondaire Joseph-François-Perrault pour la qualité de l’air, contre la hausse du nickel et le 3e lien, organisée par le collectif « Pour la suite du monde ».

Nous en avons aussi profité pour discuter avec Madeleine Cloutier, l’ancienne candidate aux élections municipales dans Limoilou pour Transition Québec et Sol Zanetti, député solidaire de Jean-Lesage.

Les élèves veulent se faire entendre

Jus Lapointe explique pourquoi il était important pour les élèves de venir manifester devant le Parlement, la date butoir pour déposer un mémoire auprès du gouvernement du Québec étant le 20 février.

« C’est notre dernière chance de faire un gros coup pour se faire entendre et expliquer qu’il ne faut pas que ce projet-là passe, affirme-t-elle. Je pense que c’est important qu’on se batte parce que c’est notre avenir, mais des fois on a moins de crédibilité parce qu’on nous prend pour des enfants. Mais comme on est des jeunes, on a plus de pouvoir que les adultes, parce qu’on est plus déterminés et qu’on a plus de temps. »

Léo Bouchard a décidé de se mobiliser pour deux raisons principales. « Premièrement, c’est ma ville, soutient-il. J’ai le goût de manifester pour que les gens de ma ville soit en santé et confortables. Deuxièmement, c’est des amis à moi qui organisent ça et j’ai envie de les soutenir. » 

Une autre élève aimerait que le maire de Québec Bruno Marchand s’engage davantage pour les soutenir dans leur combat contre les changements climatiques.

« Le maire a de l’influence, mais il faut qu’il fasse plus, lance-t-elle. Il faut qu’il vienne et se batte avec nous. On se fait entendre, mais on sera pas assez fort. On a besoin d’une figure qui a de l’influence et du pouvoir. Tsé on est des jeunes, on a trouvé que cette solution là pour nous faire entendre, mais il faut quelqu’un qui nous appuie. »

Message à François Legault

« Si le premier ministre nous entend, j’aimerais ça qu’il comprenne qu’il ne peut pas vendre notre santé et notre avenir pour de l’industrie et de l’argent, lance Jus Lapointe. Je veux qu’il comprenne que la santé des citoyens n’est pas une monnaie d’échange. »

Son amie soutient que le réchauffement climatique est un enjeu qui touche spécifiquement la jeunesse. « Plus tard, pour eux ça va rien changer, mais pour nous oui, pour nos enfants, dit-elle. On veut dire au gouvernement qu’on est capable de se faire entendre, qu’on n’a pas besoin de plus vieux pour organiser nos manifestations et qu’il fait un très mauvais choix. »

Concernant le troisième lien, Léo Bouchard dit qu’il « espère qu’on est capable de faire quelque chose et d’annuler le projet ». Il note aussi qu’étant dans une démocratie, « si les citoyens ne décident pas vraiment, ça pas rapport. »

À savoir si la parole des jeunes fera une différence dans l’échiquier politique, Madeleine Cloutier dit qu’il ne faut pas oublier que ce sont les prochains électeurs.

« Le gouvernement a d’affaire à les écouter car leur règne ne durera pas longtemps, poursuit-elle. Au-delà de ça, je pense que voir les jeunes qui vont vivre les conséquences des changements climatiques au quotidien, ça ne peut que sonner une alarme aux autres générations. » 

Sol Zanetti estime également que leur voix peut faire une différence parce que « c’est eux qui vont subir les pires conséquences ». « Ils ont l’imagination et l’espoir de faire un monde nouveau et c’est ça qu’on doit écouter, poursuit-il. Il faut soutenir la jeunesse si on veut avancer. » 

Une dénonciation engagée du système

Antonin Girard, l’organisateur et mobilisateur du collectif « Pour la suite du monde » a tenu un discours marqué par un engagement politique enthousiaste, adoptant le ton de la révolte.

« Le gouvernement veut augmenter de cinq fois la norme de nickel, débute-t-il d’une voix assumée. C’est cinq fois plus d’ignorance et d’incohérence. Le problème remonte au système capitaliste et néo-industriel. »

Pour dénoncer la « religion de la croissance » et éviter que le fleuve « se transforme en un complexe industriel de multinationales », Antonin Girard invite les manifestants à « courir dans le froid pour trouver la vive chaleur de l’espoir ».

Véronique Lalande, porte-parole de l’initiative citoyenne Vigilance Port de Québec, qu’on a pu entendre pendant le plénier sur la norme de nickel, était présente pour appuyer les jeunes.

« La politique ce n’est pas seulement être élu, affirme-t-elle. C’est aussi être dans l’action directe, c’est être indigné. On a le droit de ne pas être d’accord et de dire que les choses doivent changer. »

Véronique Lalande se dit fière de voir les jeunes « produire une action saine » et exiger une meilleure qualité de l’air.

Un geste essentiel « qui donne de l’espoir »

« Je trouve ça magnifique de voir les jeunes se mobiliser comme ça, soutient Madeleine Cloutier. À leur âge, ils pourraient tellement passer du temps sur internet et jouer à des jeux vidéos. C’est leur futur qu’ils prennent en main. C’est eux qui vont vivre avec les conséquences des mauvaises décisions qui ont été prises. Il faut les supporter et c’est à nous les adultes de les soutenir pour pas qu’ils perdent le souffle. » 

Elle estime aussi que c’est une bonne chose que ce soit cool de manifester et que « c’est un moyen qui ne se démode pas ».

« L’énergie que ça prend pour faire des pancartes, penser à des slogans, se mobiliser, se déplacer ; c’est beau de voir que cette génération là est capable de le faire », affirme Madeleine Cloutier.

Sol Zanetti, député pour Québec Solidaire, trouve « fondamental » la mobilisation des jeunes.

« Moi ça me donne espoir, je trouve ça super important, lance-t-il. C’est l’urgence climatique et on a tendance à l’oublier avec la pandémie qui prend toute la place dans l’espace médiatique. Pendant ce temps là y’a une crise énorme qui est en train de sévir et les jeunes sont là pour le rappeler aux décideurs. »

La primauté de la politique

Sol Zanetti juge toutefois que pour que les choses s’améliorent vraiment, il faudra un « changement de décideur ». Il affirme que les décisions et annonces du gouvernement caquiste depuis quelque temps ont une vocation essentiellement électorale.

Malgré la mobilisation citoyenne importante, il ne sait pas ce qu’il faudra de plus pour que le gouvernement provincial recule sur la hausse de la norme de nickel ou le 3e lien.

« C’est de la politique », conclut-il.

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