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Participation citoyenne : Ce que l’élection de Bruno Marchand a changé

Saint-SauveurUne vue du quartier Saint-Sauveur (courtoisie Monquartier.quebec).

Par la seule force des choses, l’arrivée de Bruno Marchand à la tête de la Ville de Québec a eu des effets sur la dynamique interne de certains conseils de quartier. Ces changements permettent d’entrevoir l’importance de ces instances consultatives dans les luttes politiques qui se jouent sur la rue des Jardins. 

Par Gabriel Côté

Rien ne permet de douter de la sincérité du maire Bruno Marchand lorsqu’il parle avec détermination de sa volonté d’écouter plus et surtout d’écouter mieux ce que les citoyens ont à dire. 

Déjà en campagne électorale, il promettait une « augmentation significative de la consultation des instances locale par les élus du conseil municipal ». Il déplorait aussi que, trop souvent, la Ville ait l’habitude de contourner les processus de consultation, et de mettre ainsi les citoyens devant des faits accomplis plutôt que de véritablement les inclure dans le processus décisionnel.

Une centaine de jour après son arrivée au pouvoir, M. Marchand n’a évidemment pas eu le temps de réformer les manières de faire de la municipalité en matière de consultation citoyenne. Il est aussi trop tôt pour savoir si son élection entrainera ou non de véritables changements « structurants » de ce côté. On ne peut donc faire autrement que de laisser la chance au coureur. 

Cela dit, par la seule force des choses, l’élection de Bruno Marchand a quand même provoqué des changements très concrets dans la dynamique de certains conseils de quartier, mais surtout dans la relation que ceux-ci entretiennent avec la Ville. 

En effet, le « rebrassage électoral » a fait en sorte que la plupart des conseils de quartier auparavant représentés par des élus du parti au pouvoir ont maintenant pour interlocuteur un élu de l’opposition. L’inverse est aussi vrai, d’ailleurs, par exemple dans les quartiers du district de Cap-aux-diamants, longtemps représenté par des élus de Démocratie Québec, et dans ceux de Montcalm-Saint-Sacrement, l’ancien fief d’Yvon Bussières, deux districts maintenant possédés par le parti du maire.

Or, plusieurs acteurs du milieu conviennent que la dynamique est très différente dans les interactions entre un conseil de quartier et un élu municipal, dépendamment que ce dernier soit ou non membre de l’administration en place, pour diverses raisons.

D’abord, de l’avis général, il est plus facile pour un conseil de quartier de se faire entendre par l’administration municipale lorsque son interlocuteur a un accès direct au comité exécutif. 

À l’inverse, divers membres d’instances de participation citoyenne qui étaient jusqu’à l’élection représentées par des élus d’Équipe Labeaume nous ont fait remarquer qu’ils doivent maintenant « s’y prendre autrement » pour se faire entendre par l’exécutif. 

On voit aisément comment ce phénomène peut mener à des dérives ou à du grenouillage partisan. Alors que les conseils de quartier sont des instances de consultation publique normalement indépendantes, ils risquent d’être instrumentalisés politiquement. Plusieurs élus, sous le couvert de l’anonymat, nous ont d’ailleurs confié que « la tentation est là ». 

« À un moment donné, les occasions de se servir de la grogne des citoyens se présentent, et il faut vraiment faire des efforts pour résister à l’envie de s’en servir pour des intérêts politiques ou partisan. De la même façon, quand on est au pouvoir, il faut se garder de la tentation de prendre du crédit auprès du conseil de quartier lorsqu’une revendication a mené à des actions concrètes », glisse l’un d’eux.  

D’autres élus expliquent que cette tentation n’est pas nécessairement intentionnelle, et qu’elle tient plutôt à la « nature humaine ». « Certains conseils de quartier sont très militants et très revendicateurs, et il arrive qu’on se fasse prendre à part ou même insulter par des gens qui ne font pas bien la distinction entre nous, en tant qu’élu, et la Ville contre qui ils sont fâchés. Si on cherche trop à plaire, on est foutus, on ne fait plus ce qu’on doit faire », explique un ancien élu. 

« D’autres conseils de quartier sont plus modérés, et sont de ce fait plus faciles à gérer, du moins dans ma perspective. Quand tout le monde comprend bien la nature de la consultation, le risque d’instrumentalisation partisane s’évapore. Le problème, je crois, est que plusieurs personnes s’illusionnent sur la portée véritable des demandes faites par un conseil de quartier et sur le rôle des élus. », indique un conseiller politique. 

« Les élus sont là pour écouter les conseils de quartier et comprendre leurs perceptions de certains problèmes. Mais il arrive que ces perceptions ne cadrent pas exactement avec la réalité. Par exemple, des gens peuvent avoir l’impression que les limites de vitesse ne sont pas respectées dans leur secteur, alors que des vérifications montrent qu’elles le sont. Lorsqu’il y a un conflit entre les perceptions et la réalité, le rôle de l’élu n’est pas de monter aux barricades et de partir en guerre contre la ville au nom des citoyens, mais de trouver une façon pour communiquer avec la population et éventuellement ajuster la perception qu’elle peut avoir des choses », ajoute-t-il.    

Ainsi, avant même d’espérer une réforme des conseils de quartier visant à leur octroyer plus de pouvoir, tout indique que le rôle du nouveau maire sera de mieux définir ou de mieux faire comprendre aux gens concernés la nature des instances de consultation publique. Pour remplir sa promesse électorale, il devra aussi s’assurer que chacun des conseils de quartier reçoit une égale considération de la part du comité exécutif, ce qui malheureusement ne va pas de soi. 

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