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Québec le samedi – 26 février 2022

Le conseiller municipal du district du Plateau, David Weiser.Le conseiller municipal du district du Plateau, David Weiser. Photo : capture d'écran

La défection de David Weiser des rangs de l’opposition officielle pour rejoindre le parti du maire a mis un peu de piquant sur la scène municipale, dans les derniers jours.

Personne, du moins à ma connaissance, n’a eu l’audace de traiter publiquement M. Weiser de Judas ou de Talleyrand. Personne, même, n’a qualifié son changement de camp de trahison, peut-être pour éviter de donner un caractère trop dramatique à l’événement.

M. Weiser a donné la seule explication qu’il pouvait donner à sa décision : en rejoignant le parti du maire, le conseiller municipal du Plateau pourra être membre à part entière de l’exécutif, et il pourra ainsi mener à terme les projets qui lui tiennent à cœur. Avant de retourner sa veste, M. Weiser n’était que membre associé de l’exécutif, et il devait quitter la réunion lorsque les questions relatives au vivre-ensemble – son dossier – n’étaient plus au centre des échanges. Or, comme le vivre-ensemble est un « dossier transversal », cela rendait son travail difficile.

Pour ma part, j’aurais beaucoup aimé que M. Weiser explique plus avant en quoi consiste la transversalité du vivre-ensemble. On objectera qu’il s’est bien assez expliqué, en disant que « le vivre-ensemble pour le vivre-ensemble, ce n’est pas une fin en soi », mais quand même…

Puis, il a donné d’autres raisons. C’est Marie-Josée Savard qui l’a recruté, a-t-il dit, or, elle n’est plus là ; Équipe Marie-Josée Savard n’existe plus, c’est un autre parti complètement.

Et tant qu’à être membre d’un autre parti…

Enfin, il a fait valoir qu’il ne s’est « pas présenté en politique municipale pour faire de la politique. » Par-delà le caractère un peu surprenant de cette déclaration, on saisit assez bien ce que M. Weiser voulait dire : il ne s’est pas présenté en politique municipale pour jouer le rôle ingrat de l’opposition. Il voulait être sur l’exécutif, « faire avancer les dossiers », – et qui sait ? – peut-être même changer les choses, mais il s’est trouvé du mauvais côté de la clôture au lendemain de l’élection.

Ce n’était qu’une perturbation dans le cours normal des choses pour M. Weiser. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre.

Questions

Il reste que l’événement avait quelque chose de frappant, et qu’il avait vraiment quelque chose d’excitant pour les quelques personnes qui se passionnent pour la politique municipale.

Le départ de M. Weiser annonce-t-il d’autre défection ? Les autres « membres associés » du comité exécutif préparent-ils leur propre coup ?  L’opposition officielle est-elle vouée à un long démembrement avant de sombrer tout à fait dans l’oubli ?  Y a-t-il eu de longues discussions secrètes derrière des portes closes ? Y en a-t-il en ce moment même ? On pourrait continuer comme ça jusqu’à demain matin.

Dans la réalité, il est peu probable que Jean-François Gosselin, de Québec 21, et Véronique Dallaire, de Québec d’abord, imitent la conduite de M. Weiser.

Si Véronique Dallaire se demande peut-être à l’occasion ce qu’elle fait avec un pied dans l’opposition et l’autre à l’exécutif – cela serait naturel et sain – elle parait toutefois déterminée à être fidèle à ses électeurs, son parti et ses fonctions. Quant à Jean-François Gosselin, il ne risque pas trop de rejoindre Québec Forte et Fière, pour des raisons évidentes : ses convictions politiques l’en empêchent.

Survie

Tout ceci ne signifie en rien que les partis d’oppositions ne sont pas voués à une mort lente.

S’ils disparaissent, ce ne sera pas parce que tous les élus rejoignent le parti de Bruno Marchand ; ils périront à défaut d’avoir une véritable raison d’être.

C’est pourquoi Québec d’abord et Québec 21 se trouvent dans une période cruciale de leur existence. Appelés à se redéfinir, ils doivent le faire assez vite et assez bien pour demeurer pertinent. S’ils survivent aux prochains mois, ils pourront peut-être continuer d’exister quelques années, voire cultiver des prétentions à former la prochaine administration.

Le calendrier joue en leur faveur, en raison des travaux pour le projet de tramway qui commenceront tôt ou tard. On peut imaginer que les perturbations liées à ces travaux provoqueront de l’insatisfaction à l’égard de l’administration (que cela soit justifié ou non).

Si elles sont bien préparées, les oppositions pourront capitaliser sur cette insatisfaction, qui percolera immanquablement sur d’autres dossiers – car la nature de l’insatisfaction est de se chercher des objets. Mais encore faut-il qu’elles durent jusque-là, et qu’elles soient prêtes.

Moins de tensions chez Québec d’abord

Enfin, le départ de David Weiser permet de mieux comprendre le sentiment général au sein de Québec d’abord, et le débat interne qui divisait le parti.

La défaite électorale n’a pas encore été complètement digérée par la formation politique de l’ancien maire, Régis Labeaume. Ce sentiment s’exprime de deux façons : d’un côté, par la volonté de s’affirmer et d’avoir le plus d’influence possible (on pourrait dire : de runner la shop) ; de l’autre, par un goût de la collaboration qui culmine dans le désir de se joindre, purement et simplement, au parti du maire, – compte tenu que les positions politiques de Québec Forte et Fière et de Québec d’abord ne comportent pas de différences trop importantes sur le fond des choses.

Le départ de David Weiser, qui était probablement l’un des partisans les plus enthousiastes de la collaboration, procurera probablement plus de stabilité à Québec d’abord. Même avec un joueur de moins, il se peut que l’opposition officielle se trouve dans une meilleure situation aujourd’hui qu’il y a une semaine.

En rafale…

G.C.

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