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Québec le samedi – 5 février 2022

Jeudi soir, une photo de Bruno Marchand recouverte de peinture verte circulait sur les réseaux sociaux.

Cette image est un signe que jusqu’au tout dernier moment, la stratégie du bureau du maire dans le dossier du nickel a été mal comprise par plusieurs. Ainsi Bruno Marchand a-t-il pu être accusé de faire du greenwashing en donnant la parole à l’industrie dans le plénier sur le nickel.

Pourtant, les communications du maire à ce sujet dans les dernières semaines pointaient sans trop d’ambiguïté vers une opposition à la révision de la norme proposée par le gouvernement provincial.

Si au début du mois de janvier les citoyens de Limoilou pouvaient avoir l’impression que le plénier serait une triste farce dont le but était de ménager le gouvernement provincial et l’industrie minière, on peut croire que vers la fin janvier ce devait plutôt être les représentants de l’industrie et du ministère de l’environnement qui se rongeaient les ongles à l’approche de l’évènement.

Le maire s’opposera donc bel et bien à la révision de la norme de nickel, et tout porte à croire que les élus seront unanimes dans ce dossier à la réunion du conseil de ville lundi prochain.

Bruno Marchand a aussi abandonné l’idée de revendiquer pour Québec le pouvoir de fixer ses propres normes environnementales. Ceci n’est pas inquiétant, compte tenu de ce qu’on a appris au plénier de jeudi : les règlements municipaux, en cette matières, n’ont pas préséance sur le réglèment provincial.

Dynamique

Après la période de professions d’enthousiasme à l’idée de collaborer qui a suivi l’élection, les premières semaines de l’année ont permis de mieux observer la dynamique qui est en train de s’installer en réalité à l’Hôtel de Ville.

À la fin décembre, on avait l’impression que Claude Villeneuve donnait le pas au conseil municipal, et qu’il était celui qui portait les dossiers chauds à l’avant-scène. Au contraire, Bruno Marchand semblait moins proactif, et on le sentait souvent forcé de réagir, enfin il ne paraissait pas en contrôle de l’agenda municipal.

Les choses ont changé.

La saga du nickel a fourni un échantillon de la façon de procéder qui sera celle de l’administration Marchand au cours des prochaines années, comme de la façon dont les diverses oppositions voient leur rôle.

Contre vents et marée, le maire n’a pas craint de s’exposer à des questions sur le nickel pendant plusieurs semaines, alors même que cela lui donnait plutôt mauvaise presse. « Si on fait des choses en pensant à notre réélection, je crois qu’on fait une grave erreur », disait-il en ouverture d’une séance au conseil de ville. La conduite du maire en janvier montre que cette déclaration, qui paraît assez creuse si l’on ne considère pas les événements récents, était en fait simplement sincère.

Les citoyens de Québec doivent donc s’attendre à voir leur maire être patient au cours des prochaines années.

D’une certaine manière, cette patience a quelque peu déstabilisé l’opposition. Force est de constater que l’équipe de Claude Villeneuve ne semble pas avoir compris le jeu auquel jouait l’équipe de Bruno Marchand. Après coup, on voit bien que les deux hommes étaient d’accord sur le fond, mais cela n’a pas empêché M. Villeneuve de porter des critiques assez sévères à l’endroit du maire.

Sans s’attarder à la valeur de ces critiques, – certaines étaient plus justifiées que d’autres – on sent chez Claude Villeneuve le désir de jouer le rôle que doit jouer une opposition officielle dans un système parlementaire (comme en témoigne d’ailleurs la formation d’un « cabinet fantôme »), rôle qui consiste à critiquer l’administration en place au nom d’une valeur qui la dépasse (dans le cas présent, ce serait : les citoyens de Québec). Ainsi, comme l’étonnante patience du maire, la conduite de Claude Villeneuve a quelque chose de neuf sur la scène municipale.

Ce genre d’opposition, ferme mais de bonne foi, pourrait bien s’harmoniser avec le style de l’administration Marchand, et donner lieu à des échanges intéressants, féconds, et moins superficiels que ce à quoi l’on nous a habitués.

Quant à Jackie Smith, elle incarne une figure d’opposition plus radicale. Elle s’est avérée féroce dans la défense des citoyens de Limoilou, qu’elle représente. Il sera intéressant de voir quel sera son comportement lorsqu’elle aura à intervenir à propos d’enjeux qui la touchent moins directement. Mais la question du nickel a révélé qu’elle pouvait se montrer très dure dans ses critiques, même à l’endroit d’un maire avec qui elle était finalement en accord sur le fond des choses, mais pas sur les moyens de s’y prendre.

Enfin, on a vu que Québec 21 n’est pas sorti du bois. En crise identitaire depuis l’élection de novembre, le parti a d’abord changé de chef et perdu un conseiller, puis s’est montré d’une très grande discrétion dans les discussions à propos du nickel – un enjeu important surtout pour le centre-ville, où l’équipe d’Éric Ralph Mercier n’a toujours pas de racines.

Mais encore faut-il prendre l’ensemble de ces remarques avec un grain de sel. Ce ne sont sans doute que quelques éclaboussures jetées trop vite sur l’image de nos élus.

Camionneurs

À la blague, Claude Villeneuve comparait Bruno Marchand à un fromage à pâte semi-ferme, en point de presse vendredi. Selon lui, le maire pourrait être plus ferme dans des dossiers comme le nickel, alors qu’il l’est suffisamment à propos d’autres questions, comme celle des manifestations de camionneurs.

Alors que de premiers camions émettaient des klaxonnements « porteurs d’espoir », M. Marchand déclarait que sa patience « aura des limites » et que les contrevenants aux règlements seraient expulsés de la ville.

Varia

G.C.

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